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    SOLDA, Eugénia Patrizia

    Nina
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    SOLDA, Eugénia Patrizia Empty SOLDA, Eugénia Patrizia

    Message  Nina Ven 25 Fév 2011 - 18:30

    SOLDA, Eugénia Patrizia Couv-d10

    Titre : Des ailleurs impossibles.
    Auteur :Eugénia Patrizia Solda
    Editeur : chèvrefeuille étoilée.
    Nombre de pages : 252.

    Quatrième de couverture :

    Après Itinéraire d'une délinquante juvénile, publié comme premier tome d'Un demi-siècle de la vie d'une femme, Eugénia Patrizia Solda continue pour nous son parcours et nous plonge dans la France des années 60. A dix-sept ans, elle étouffe dans une famille dont elle ne peut accepter l'étroitesse et l'hypocrisie et se retrouve aussi confrontée à une société de classes, encore bardée de rejets et où elle, la Ritale, peine à trouver des repères. Avec une finesse et ue justesse qui donne le ton de ce livre, elle nous décrit une France ouvrière où, dans les ateliers de confection, l'arrogance et le mépris des chefs faisaient courber la tête des "petites mains", la France d'avant mai 68 où sont déjà perceptibles les frémissements et la révolte d'une jeunesse qui rêvait de briser les carcans.

    Quelques jours dans la vie d'une femme, une errance, des amours et des adieux, des rencontres dans les rues et les nuits de Paris, une ville magnifiquement décrite, et surtout une quête : celle d'une presque femme à la recherche d'ailleurs impossibles, et surtout en quête d'elle-même dans un univers oùson corps de femme lui est prison, et où elle sait que si elle ne veut pas se perdre, il lui faut "se battre,mordre et survivre".

    Mon avis :
    Qu'évoquent les années 60 pour vous ? Les yéyé, mai 68 ? Une époque insouciante et heureuse ? Ce sont du moins les clichés véhiculés de nos jours. N'avez-vous pas entendu, parfois, des soupirs de nostalgie, des "c'était mieux avant' ?
    Ce livre va à contre-courant. Patrizia, la narratrice, nous livre, dans une écriture à vif, heurtée, un mois de sa vie de jeune femme, un mois où elle a vécu une vie d'errance dans Paris. Des termes très contemporains me viennent à l'esprit pour qualifier ce qu'elle a vécu : "précarité, SDF". Ils sonnent fades et creux par rapport à l'intensité de ce qui est raconté. Patrizia a connu l'enfermement, dans une maison de redressement, elle est toujours enfermée dans un carcan familial et bien pensant. Le temps qui a passé semble ne pas avoir cicatrisé ses blessures et la révolte est toujours là, brûlante. Elle l'emporte toujours car jamais la narratrice ne cherche à attirer notre compassion.
    Patrizia est triplement prisonnière. Elle est mineure, donc ses parents peuvent disposer d'elle à son gré. Ses peurs n'ont rien de chimériques. Elle est femme, donc son corps est étroitement surveillé, suspecté par les femmes (sa mère en tête), désiré avec brutalité par certains hommes (il n'est pas question d'amour). Elle est immigrée italienne, et s'accroche à ses papiers qui lui permettent de rester en France. Pour ses compagnons d'infortune, ceux qu'elle retrouve au Vert-Galant, ce n'est en rien péjoratif au contraire, Dick lui trouve même un air de "madone italienne". Pour les autres (et ils sont nombreux), cet état de fait est une source perpétuelle de brimades et de vexations, un motif supplémentaires de suspicions.
    Le récit ne dure qu'un mois, pourtant il donne l'impression que le temps a été dilaté, tant un mot, un geste, a pu raviver chez la narratrice un souvenir, souvent celui d'une rencontre ou d'un événement pénible. S'il est vrai que je trouvais désagréable au début de croiser ses personnes, et de ne plus les revoir (Paulette est une exception), j'ai eu l'impression que grâce à eux, Patrizia dressait un état des lieux des carences affectives, des souffrances familiales. Les siennes d'abord, entre un père dépressif, une mère et une soeur qui ne comprennent pas ses aspirations. Celles de ses compagnes d'infortunes ensuite. Les familles décomposées ne sont pas l'apanage des années 2000, et les enfants avaient encore plus de mal à trouver leur place. Que dire de Paulette, préférant changer d'identité la nuit, métisse et enfant illégitime ? Sa petite soeur, qui n'a aucun prénom, sans doute pour compenser la double identité de sa soeur, est élevée par une nourrice, à la campagne, comme dans les romans du XVIIIe siècle. Quant à Dick, qui veut vivre son amour pour Karine librement, il endurera la même souffrance que les amoureux ordinaires. J'ai une tendresse particulière pour lui, car il est un des rares personnages entièrement désintéressé de ce récit.
    La narratrice ne nous épargne rien - mais devait-elle nous épargner quelque chose ? Trouver un lieu où dormir, sans crainte du froid, des rafles est une préoccupations première - une question de survie. Se nourrir ensuite - un acte si simple en apparence. J'ai eu des crampes d'estomac à chaque fois qu'elle rappelait qu'elle n'avait pas mangé à midi, ou qu'elle n'avait rien mangé de la journée. Avoir de vêtements propres, pouvoir se laver, bref, garder sa dignité sont des combats quotidiens. La solidarité vient de ses compagnons de la rue, ceux dont la précarité est encore plus palpable que la sienne, ou de rencontres de hasard. J'avoue que certaines situations m'ont choquées, notamment celles qui sont liées au monde du travail.
    Oui, le travail se trouvait facilement, dans ses heureuses années soixante : Patrizia ne retrouve-t-elle pas un emploi de couturière en une semaine ? S'il est si facile à trouver, c'est parce que l'être humain est jetable et consommable, surtout s'il s'agit d'une femme. Il est facile de la "consommer", comme elle a failli l'être par le fils du chocolatier, ou d'en avoir "deux pour le prix d'une, comme dans cet hôtel, où la fille et la mère, en situation précaire car immigrées, travailleront de concert.
    Patrizia ne se résigne pas, c'est pour cette raison que son mariage m'a étonnée. Son mariage est un rachat, dit-elle, pourtant l'angoisse sourd dans ses trois dernières pages. Patrizia sera-t-elle heureuse ? Celle que son père chosifie en la traitant de "colis", celle qui, mécaniquement, a fait le ménage chez Phaït, se comportant comme une bonne ménagère avant d'être sa femme, pourra-t-elle oublier ses aspirations ?
    Un troisième tome de récit nous apportera sans doute la réponse.
    Pinky
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    M
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    Message  Pinky Ven 25 Fév 2011 - 21:16

    très intéressant Nina, merci, j'irai le feuilleter...

    dis moi, à la fin tu parles d'un troisième tome, celui que tu présentes est le n° combien ?
    Nina
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    ML
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    Message  Nina Ven 25 Fév 2011 - 21:49

    Celui-ci est le numéro 2. J'ai essayé de me procurer le premier avant de commencer celui-ci, mais il est apparemment épuisé.
    Pinky
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    M
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    Message  Pinky Sam 26 Fév 2011 - 9:46

    merci Nina...

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