"Et que le vaste monde poursuive sa course folle"
Editeur : Belfond - 2009
Pages : 431 p.
Genre : Roman américain contemporain
Résumé quatrième de couverture :
7 août 1974. Sur une corde tendue entre les Twin Towers s'élance un funambule. Un événement extraordinaire dans la vie de personnes ordinaires.
Corrigan, un prêtre irlandais, cherche Dieu au milieu des prostituées, des vieux, des miséreux du Bronx ; dans un luxueux appartement de Park Avenue, des mères de soldats disparus au Vietnam se réunissent pour partager leur douleur et découvrent qu'il y a entre elles des barrières que la mort même ne peut surmonter ; dans une prison new-yorkaise, Tillie, une prostituée épuisée, crie son désespoir de n'avoir su protéger sa fille et ses petits-enfants…
Une ronde de personnages dont les voix s'entremêlent pour restituer toute l'effervescence d'une époque. Porté par la grâce de l'écriture de Colum McCann, un roman vibrant, poignant, l'histoire d'un monde qui n'en finit pas de se relever.
Avis :
Portraits d’hommes et de femmes dans le New York des années 70 : un New-York où l’insécurité, la prostitution et la drogue règnent. Un New York que certains écrivains d’aujourd’hui regrettent car il était moins aseptisé que maintenant.
Alors que tous ces personnages sont à un tournant de leur vie, un homme semble défier tout cela et s’élever dans les Cieux : c’est Philippe Petit, qui a décidé en ce matin d’avril de traverser sur un câble la distance entre les Twin Towers. Un symbole fort quand on sait ce qui arrivera à ce monument de la toute puissance américaine moins de 30 ans plus tard.
J’ai trouvé l’écriture de l’auteur assez dure, pas dans le sens « difficile à lire » mais dans la façon sans fioriture, presque brutale qu’il a de décrire l’intériorité de ses personnages. Il y a cette façon je trouve dans les romans contemporains américains de ne pas tourner autour du pot et de présenter les choses de but en blanc telles qu’elles sont. L’écriture française y met plus de fioritures, d’adjectifs, digresse, ce qui atténue la dureté de ce qui arrive ou de ce que ressente les personnages. Il n’y a pas moins de psychologie ou d’introspection chez les personnages des auteurs américains mais une façon de « présenter » les choses très différente. C’est assez étrange pour moi qui avais lu peu de romans américains contemporains. J’avoue que ça change, ce n’est ni mieux ni moins bien, c’est juste différent.
Les portraits sont magnifiques, ces personnages n’ont plus rien à attendre de la vie et pourtant… La fin de la troisième partie m’a émue jusqu’aux larmes. Ce monde semble continuer à courir sans se préoccuper de nos petites vies, là, en-dessous, mais ce sont justement toutes ces vies qui font du monde ce qu’il est ; et comme l’écrit très bien l’auteur à la fin du roman : « Nous trouvons chez les autres de quoi poursuivre nos vies ». Je trouve cette phrase magnifique car elle nous invite à toujours aller de l’avant, à aller vers les autres car, malgré tout, ces autres qui peuvent faire de notre vie un enfer, seront aussi notre raison de nous battre, de retrouver l’espoir, la raison qui éclairera notre vie et lui donnera un but. Cet homme dans le ciel, qui a réellement réaliser cet exploit, nous fait comprendre que même si nous ne sommes rien nous pouvons de grandes choses, pas en allant conquérir le monde mais dans notre vie de tous les jours.
Après, je pense qu’on peut voir plein de choses dans cet événement mais le plus important reste pour moi l’espoir.