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3 participants

    SEBBAR, Leïla

    Nina
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    Message  Nina Sam 14 Avr 2012 - 11:35

    SEBBAR, Leïla Fatima10

    Edition Elyzard poche - 241 pages.

    Quatrième de couverture :

    On est au début des années 80.
    Banlieue parisienne. La Courneuve. Fatima et ses amies algériennes de la cité se retrouvent au square. C'est leur patio. Elles sont les premières immigrées héroïnes de la littérature française. Dalila, 7 ans, la fille de Fatima, ne quitte pas le flan de sa mère. Elle écoute les histoires du quartier. Violence et tendresse dans l'exil. Bavardages, rires, cris, colères, bagarres, viols ; flics...Dalila, battue par son père, a décidé de gagner.

    Mon avis :

    Fatima ou les algériennes au square est un très beau récit, que je suis heureuse d'avoir découvert au fil de mes pérégrinations littéraires.
    Ce roman a été publié pour la première fois en 1981. Je connaissais déjà le lieu de l'action : la cité des 4000, à la Courneuve. Dalila y a grandi, et aujourd'hui, alors qu'elle est encore au collège, elle fuit. Elle a passé huit jours enfermée chez elle, retenue par son père. Pendant ses huit jours, elle s'est souvenue de ses sept ans, quand sa mère Fatima, allait au square pour retrouver ses amies et parler enfin librement, de tout ce qu'elles ne disaient pas à leur mari. Ses femmes ne quittaient que rarement leur quartier, contrairement à leurs époux, elles cherchaient donc à recréer un peu de ce qu'elles avaient perdu en quittant l'Algérie. Elles parlaient, racontaient parfois des faits à la limite du soutenable, et souvent, elles oubliaient la présence de la petite Dalila, la seule enfant qui n'allait pas jouer avec les autres.
    Ce texte est prenant, très actuel bien que trente ans se soient passés depuis son écriture. Il est question d'hommes, de femmes, de ceux que l'on a appelé "la première génération". Il est question de l'intégration, qui ne se fait pas, d'hommes et de femmes qui se retrouvent séparés par les faits. Le cas le plus emblématique est celui d'Ali et d'Aïcha. Ils s'aiment, c'est la première certitude, mais les épreuves de la vie ont fait qu'Ali tient une petite épicerie en banlieue parisienne, il est "l'arabe du coin", ouvert à toute heure du jour, toute la semaine, et sa position dans la ville m'a furieusement rappelée celle des domestiques noires dans La vie à deux de Dorothy Parker. Sa femme vit dans les deux pièces à côté. Elle enchaîne les grossesses, ne sort pas non parce que son mari le lui interdit, mais parce qu'elle est extrêmement mal à l'aise. La promiscuité, l'isolement, la fatigue des grossesses successives et des enfants à élever font qu'elle craque et bat l'un de ses enfants. Pourquoi lui ? Elle ne saurait le dire, si ce n'est qu'elle n'est pas la seule à s'acharner sur un enfant en particulier. Un séjour à l'hôpital, deux séjours, et le troisième "accident", plus grave que les autres, provoque une enquête et surtout, une immense douleur chez Aïcha. Elle et son mari parviendront-ils à avoir enfin une vie supportable ? Je l'espère pour eux.
    La force de Leïla Sebbar est de ne pas juger ces femmes, ni de les justifier. Elles-même se montrent promptes à être horrifiées par les excès de quelques-unes. En effet, c'est sur les filles, sur leur honneur que se porte toute l'attention. Les garçons ont plus de liberté, quand ils ne deviennent pas le chef de famille par délégation. Moins surveillés, ils se tournent plus facilement vers des activités illicites, et se détournent rapidement des études. Les filles, elles, sont surveillées, jugées, elles portent le poids de tous les interdits, et supportent toutes les menaces. La plus fréquente ? Celle du retour au pays. Pour le père, le pays natal est un Eldorado, la France n'est qu'un pays de passage. Pour les enfants qui ne sont qu'aller en vacances au bled, rien n'est tentant dans cette vie, absolument rien, ce qui accentue encore l'incompréhension entre les générations.
    La langue est simple, mais parfois, je me suis demandée s'il n'y avait pas de petits soucis au niveau de la syntaxe avec la traduction.Que ce léger point de détail ne vous empêche pas de découvrir cet excellent livre.
    binou
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    Message  binou Sam 14 Avr 2012 - 13:35

    merci Nina clin d\'oeil
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    Message  Nina Sam 14 Avr 2012 - 15:59

    Merci de ta visite Binou.
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    Message  Pinky Dim 15 Avr 2012 - 10:51

    la Courneuve, la cité des 4000... que de souvenirs

    je me le note ce petit livre, merci Nina pour cette découverte
    Nina
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    Message  Nina Dim 15 Avr 2012 - 11:47

    Merci Pinky pour ta visite.
    J'ai découvert ce livre par le plus grand des hasards, et je ne le regrette absolument pas.
    Pinky
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    Message  Pinky Ven 19 Oct 2012 - 9:33

    Mon ressenti

    J’ai été très touchée par ce petit livre. Et pour cause, j’ai côtoyé ces mamans lorsque j’étais enfant et adolescente. J’avais comme copains, amis les fils de Fatima, Leila, Anita, Aicha… dans la cour ou les espaces de la cité, nous étions interpellés par ces femmes qui mettaient de la couleur tant dans leur langage, leur vêture ou leur cuisine… Il y avait parfois, des moments suspendus par la venue d’un homme, d’un regard… mais du haut de mon jeune âge, je n’en mesurais pas toute la mesure. Ne croyez pas non plus, que tout était triste… comme peut parfois, le souligner le livre. J’ai de très bons souvenirs de ces femmes, les mères de mes amis… et nos mères, nos familles échangeaient parfois ensemble (portugaises, espagnoles, africaines, maghrébines, françaises…). Tout n’était pas rose non plus, la misère était parfois à nos portes mais la solidarité était derrière celles-ci.

    Aujourd’hui, étant femme et mère, je mets des mots sur ce que mes antennes percevaient dans l’intimité des appartements… oui leurs histoires m’a touchée profondément. Changer de pays, de culture, laisser sa famille et ses amis ne se fait pas sans heurt et sans laisser de trace.
    A la lecture du livre, je comprends un peu mieux certains regards et dires de ces femmes ou de ces filles, la différence de considération entre fille et garçon d’une même famille, comment ces femmes se retrouvent seuls à « élever » leurs enfants puisque la famille n’est plus là, parce que leur mari travaille toujours et encore. Il est vrai qu’il est peut-être plus facile pour les hommes de maintenir leurs repères culturels puisqu’ils travaillent sans compter, alors que leurs femmes sont confrontées de plein fouet à se mêler ou à se fondre dans notre culture tant par leurs enfants que par le lieu où elles habitent. Elles sont de fait plus tolérantes et perçoivent plus rapidement le changement chez leurs enfants. Car comment parler alors de « mariages arrangés », « d’obéissance aveugle à son père ou à son frère », « de ne pas sortir de chez soi », « la violence subit par les filles et les mères », sont autant de chose que Mohamed, Jasmine, Karim, Latifa ont essayé de nous expliquer à nous petits français… Les souvenirs qui me restent de cette cohabitation ne sont pas emprunts de racisme, ou d’intolérance. Même si ces femmes étaient plus discrètes que d’autres, elles faisaient parties de la cité et participaient. Bien sûr à la lumière de cette lecture ou d’autres articles, je me rends bien compte que beaucoup d’entre elles n’apparaissaient pas non plus.

    Le livre est empreint de pudeur, de tradition, de culture, de confrontation entre deux cultures : comment l’une n’a pas les moyens d’avancer plus et comment l’autre utilise aussi cet état, la colère couve et gronde… Comment ces jeunes peuvent-ils grandir et s’épanouir lorsqu’on leur renvoie le pire, ils n’ont d’autres choix d’accentuer le « pire » (violence, soumission des filles et des femmes, interdit…) de ce qu’ils connaissent… L’auteure réussit un challenge en faisait revivre cette période de l’exile de ces familles avec leur déracinement sans aucun jugement. C’est un récit poignant.

    A découvrir

    un grand merci Nina pour cette découverte
    Pinky
    Pinky
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    Message  Pinky Lun 13 Mai 2013 - 17:49

    MARGUERITE

    SEBBAR, Leïla 51pk2o10

    Roman, édité chez acte sud en avril 2007

    111 pages

    Résumé

    "Un homme est debout, face au soleil, les pieds nus sur un tapis qu'il a posé sur l'herbe. Il lui tourne le dos, mais elle reconnaît le Marocain aux yeux clairs. Jusqu'au moment où, par hasard, il lui a parlé et où elle a pu voir la couleur de ses yeux, elle a continué à les croire semblables (...)" Un village français. Mère au foyer, Marguerite passe l'été à la ferme familiale. Une vie modeste, résignée, mais elle aime lire. A travers les voix, les gestes et les regards des ouvriers agricoles, Marguerite entrevoit un autre monde. Et si la vie pouvait être un roman...

    Mon ressenti

    Le destin d’un couple ou l’évolution de chacun d’entre nous face aux aléas de la vie, du quotidien et des traumatismes. Comme à son habitude Leïla décrit avec finesse les portraits de ces hommes et femmes, sur qui l’histoire a laissé des traces. Comment sortir de ce qui semble inéluctable… Marguerite est une femme qui rêve d’une vie plus colorée, d’une vie où le bonheur a sa place. Elle ne comprend plus son homme depuis qu’il est rentré de la guerre d’Algérie. Elle ne comprend pas ces hommes qui s’haranguent alors que la guerre est finie. Un peu recluse et vivant au travers de ses lectures, elle découvre le monde et s’en fait une idée. Mais la réalité n’est pas toujours celle dépeinte dans les livres d’amour et les peurs sont parfois tenaces. Cependant contre toute attente, Marguerite et Selim vont se rencontrer, écrire ensemble des possibles. L’un va permettre à l’autre de s’épanouir et d’oser affirmer ses espoirs.

    La sensibilité de Leïla pour le déracinement fait de ce petit livre, une très belle histoire. Tout est dit par petite touche, c’est précis, beau et cela fait mouche à tous les coups.

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