« Le dernier crâne de M. de Sade »Editeur : Grasset et Fasquelle - 2010
Pages : 170 p.
Genre : récit
Résumé quatrième de couverture :Quel est l'homme de 74 ans enfermé dans l'hospice de Charenton, au printemps 1814, qui a commis tant de crimes et semble ne se repentir en rien ? Fuyard, brûlé en effigie, rescapé, embastillé, sodomite. blasphémateur, soupçonné d'inceste, et pourtant encore là, bouillant d'idées et d'ulcères, désireux de poursuivre l'oeuvre de chair. Quel usage Mademoiselle Madeleine Leclerc fait-elle de ses 16 ans, de son corps efflanqué, vicieux ? D'où viennent ces hurlements ou ces soupirs ? A quoi l'isolement contraint-il ces libertins en chambre ? N'aurait-il pas au moins peur de la mort, où " chacune de ses paroles, chacun de ses actes résonne plus fort " ? Cet homme se nomme Donatien-Alphonse de Sade. Il meurt en décembre 1814, sa tombe au cimetière de Charenton sera ouverte en 1818, et son crâne, " ornement lui-même, de magie intense, de hantise sonore ", passe dans les mains du docteur Ramon, le jeune médecin qui le veilla jusqu'à la mort. Relique, vanité, rire jeté à la face de toutes choses, effroi érotique, le crâne de M. de Sade roule d'un siècle à l'autre, incendiant, révélant et occupant le narrateur de ce roman.
Avis : Ivrogne, pervers, malade et fou, voilà le portrait des derniers jours de Sade dans sa prison de Charenton. Pourtant, ce personnage repoussant continue de nous fasciner. Jusqu’au bout il restera le même : anticlérical, avide de filles très jeunes, blasphémateur et… écrivain. Et je pense que c’est ce qui continue de fasciner chez cet homme : il a tout perdu, il est emprisonné, accusé de mille crimes et pourtant jamais il ne reniera son passé, sa vie et sa passion pour l’écriture.
Entre biographie et romance, l’auteur dresse en quelques mots et avec des phrases simples le portrait d’un personnage - quelle est la part de vrai, quelle est la part de romancé ? On se pose souvent la question dans ce roman - d’un homme qui à la fois nous rebute et à la fois exerce un attrait irrésistible, proche du malaise.
Teinté de mysticisme, la seconde partie du roman suit les pérégrinations du crâne, ou d’une copie du crâne de M. De Sade ; car l’attrait qu’il a exercé a été tel que de nombreuses reproductions de son crâne ont été réalisées. Dernier crâne qui apportera le malheur sur tous ceux qui le posséderont.
Ce livre est à la fois une biographie et une histoire étrange et fascinante sur un personnage qui aujourd’hui encore est tout auréolé de mystère et de mysticisme diabolique, avec toute la part sexuelle que cela comporte.
Ce crâne est-il vraiment maudit ou est-ce seulement l’histoire de son propriétaire qui exerce sur nous un drôle d’attrait et nous pousse à commettre des actes préjudiciables ? En définitive ce crâne n’est-il pas un alibi pour tous nos mauvais instincts car nous ne sommes même pas sur qu’il s’agisse là du crâne original de Sade ? En tout cas, ce crâne semble faire ressortir la part d’ombre des hommes et des femmes.
Un roman qui rend hommage au célèbre, fascinant et controversé marquis de Sade.