Mets le feu et tire-toi.
Edition Gallmeister - 334 pages.
Présentation de l’éditeur :
« Au cours de ses quarante-cinq ans de carrière, James Brown a vendu plus de deux cents millions de disques, il a enregistré trois cent vingt et un albums, dont seize ont été des hits, il a écrit huit cent trente-deux chansons et a reçu quarante-cinq disques d’or. Il a révolutionné la musique américaine. Il était extraordinairement talentueux. Un danseur génial. Un spectacle à lui tout seul. Un homme qui aimait rire. Un drogué, un emmerdeur. Un type qui avait le chic pour s’attirer des ennuis. Un homme qui échappait à toute tentative de description. La raison ? Brown était l’enfant d’un pays de dissimulation : le Sud des États-Unis. »
Mon avis :
Je ne suis fan ni de James Brown, ni des biographies. Et pourtant, j’ai été absolument séduite par la passion, l’incandescence qui se dégage de ce livre. James McBride est un grand auteur, pour ceux qui en douteraient.
Il semble avoir mis en oeuvre un des préceptes de Sue, la journaliste à laquelle il donne la parole à la fin du livre et qui ne donnerait pas d’informations qui ne soient fiables – et tant pis si cela dérange.
Comme Léon, ami pour la vie avec James Brown, comme Emma, la femme de Léon, il fait preuve de bienveillance, et non d’indulgence, ce qui n’est pas la même chose. A l’heure où l’actualité nous rappelle que le racisme n’est pas qu’un mot aux USA, James McBride nous montre le parcours de ce gamin des rues qui a révolutionné la musique et l’importance qu’il a pour la communauté noire américaine. Il nous parle de son acharnement, de puissance de travail, de sa dureté, de sa violence aussi, sans sombrer dans le récit de « on-dit » sordides. Oui, ces faits sont là, James McBride ne le cache pas mais il y a eu tant d’autres faits, tant d’actes de générosité. Il donne la parole à ceux qui ont véritablement été proches de James Brown, ceux qui l’ont véritablement apprécié, et réciproquement. Voir les récits de sa première femme et de son petit-fils William.
Il nous parle aussi à un autre musicien noir à la puissance de travail impressionnante, qui admirait profondément James Brown : Mickaël Jackson.
Il parle également de lui, James McBride et c’est sans doute parce qu’il est musicien que le livre est aussi réussi. Il ne nous fait pas croire que jouer, c’est facile, que donner des concerts soir après soir n’est pas épuisant, que composer, c’est facile, surtout quand on ne maîtrise pas le solfège – et d’évoquer les relations parfois conflictuelles entre ceux qui savent lire la musique et ceux qui ne le savent pas. IL remet en lumière ceux qui ont fait la réussite de James Brown et d’autres chanteurs en composant, en jouant des accompagnements qui sont devenus mythiques et dont le nom des créateurs est aujourd’hui oublié.
Pour se quitter, quelques citations :
« Même ma mère était impressionnée. — Vous voyez ? a-t-elle lancé. Écoutez bien James Brown. N’arrêtez pas l’école ! Mais qui se souciait de ce qu’elle disait? »
« Le succès, c’est réussir tel que vous êtes, et non pas changer ce que vous êtes pour réussir. »
« ls entendent les cris. Ils entendent les hurlements. Ils entendent le rythme. Ils entendent la perfection du jeu. Alors, vous vous dites : Ils se souviendront de lui. Il fera en sorte qu’ils se souviennent de lui. Il rugit depuis l’arrière du bus de l’histoire pour qu’ils sachent qui il est. [….] Et s’ils savent qui il est, peut-être qu’ils sauront un jour qui ils sont.
Et à cet instant, juste à cet instant précis où ils hurlent son nom, tout va bien dans le monde.
– James Brown ! »