Oh, là, là, quel bonheur Nina! J'ai lu ce livre et quelques autres de Tony Hillerman, toujours avec autant de plaisir
. La nation Navajo et les Hopis, les symboles indiens, les couvertures, les Four Corner (Arizona, Utah, Colorado, Nouveau Mexique), la réserve, les codes d'honneurs, la politesse et la grandeur indienne mais aussi, Joe Leaphorn et Jim Chee, que de bons souvenirs. De l'autre côté les blancs dans leur incompréhension et ce fichu FBI.
Je fais suivre deux présentation de Hillerman.
Merci encore Nina.
Le premier aigle
Rivages Thriller - 1999 - 271 pages
Résumé :L'agent Kinsman, grièvement blessé, appelle au secours son supérieur, le lieutenant Chee de la police tribale Navajo. Le coupable est tout trouvé en la personne d'un indien Hopi, pris en flagrant délit de braconnage d'un aigle, présent sur les lieux du crime. Parallèlement, Cathy Pollard, une spécialiste des vecteurs de transmission des bactéries a disparu. Leaphorn, ancien policier tribal à la retraite, accepte d'effectuer les recherches. Il y a-t-il un lien entre les deux affaires ?
Mon avis : Commea son habitude,
Hillerman nous emmène dans son univers amérindien et plus précisément chez les Navajos dont la réserve, ainsi que celle des Hopis, est située en Arizona.En toute évidence, le crime est réglé d'avance. Un coupable sur les lieux, du sang de la victime sur son paletot mêlé au sien, son compte est bon et compte tenu du fait que le congrès (faut croire qu'ils ont des idées, au congrès) vient d'autoriser
la peine de mort pour les crimes de sang internes aux réserves, le pauvre Jano (le Hopi) est dans une mauvaise passe, si je puis me permettre cette métaphore ! Un vice procureur adjoint, aux visées politiques importantes, se frotte les mains, son avenir, avec une telle affaire, est dans la poche. Il se voit gouverneur, tapis rouge, limousine, hamburgers surchoix, whisky écossais, gros cigares et petitespépées.Enfoncez l'accusé les gars, dit-il, aux flics du coin, trouvez des mobiles pour l'amener à la chaise, des rumeurs, inventez-en,on s'en fiche c'est un indien.Les flics du coin ce sont les policiers tribaux et leurs supérieurs, les G-men du FBI,costume sombre,chemise blanche, cravate sombre et lunettes de soleil, matin, midi et soir, 365 jours par an. Des sachants !Le Hopi nie avoir tué le policier. Le sang, le sien, vient d'une blessure causée par les serres
de l'aigle, pas celui qui est dans la cage, un autre, le premier qu'il arelâché car, dans la capture, l'oiseau a perdu deux plumes de sa queue et ne peut plus être sacrifié.L'avocate, commise d'office est Navajoégalement et, partant du fait que les Hopis sont pacifistes et ne mentent pas, elle doute de la culpabilité de son client. Ce doute va titiller Chee, lequel sait que le sommeil, s'il fait condamner un innocent, désertera ses nuits.
Alors, ne reste plus qu'à trouver ce premier aigle aux fins d'analyse de ses serres. Pour soulager sa conscience et ne pas faire exécuter un innocent, il trouvera cet oiseau protégé, qu'il remettra au FBI, qui n'en veut pas, c'est pas les ordres,jugulaire jugulaire, les autres. Alors pour faire admettre son point devue, Chee, sabordera sa carrière.Leaphorn, le
fabulous lieutenant en retraite, apportera sa contribution à Chee, son élève, à qui il demandera de l'aide dans sa recherche de la jeune scientifique. Ensemble ils résoudront la double enquête.
Je ne peux pas lire plus d'un livre de
Hillerman par an sans risquer l'implosion. Il y a du romanesque là-dedans, certainement, mais nous sommes à des années lumières de notre propre (le mien) entendement.
Hillerman, malheureusement décédé, fini Chee, fini Leaphorn, fut un trop vieux briscard pour ne raconter que des sornettes. Il a vécu avec les Navajos,les a appréciés, parlé leur langue riche et imagée et si peu usitée qu'elle servit de base au code secret américain (l'équivalent du Enigma allemand) pendant la seconde mondiale avec comme remerciements de se faire zigouiller pour raison de secret défense. Pas joli, joli tout ça !
Lerespect d'autrui, des anciens, de la tradition (orale dont certains rigolent) et l'importance de la vie, de la nature et de son environnement (faut pas se leurrer, l'environnement c'est nous, les humains) impliquent une réflexion sur la notion de "sauvages". A ce terme barbare fut substitué celui beaucoup plus intéressant de "Native".Je crois que ça leur fait une belle jambe aux "natives".L'écriture est impeccable, profonde et imagée, jamais lourde mais jamais rieuse. C'est la raison pour laquelle mon avis, contrairement à mon habitude, est dénué d'ironie.Monsieur
Hillerman GA LI E LI GA (je remercie). Pour les puristes c'est du Cherokee. Je ne parle pas Navajo, je regrette.
Les propos ci-dessus n'engage que moi !
4,5/5
B
Le vent qui gémitMon avis :Réserve Navajo, Arizona ou Four Corners, quatre coins, limite des quatre états : Arizona, Utah, Colorado, Nouveau Mexique. Dans cette aventure, le célèbre lieutenant Joe Leaphorn est retraité, Emma, sa femme bien aimée est morte. Pour rompre sa solitude il a accueilli une jeune anthropologue qui enquête sur la mémoire et les traditions orales des amérindiens. Son successeur, le sergent Chee, a beaucoup à faire avec le shérif du comté et les agents du FBI, qui ne lui font guère confiance, aussi c'est avec plaisir qu'il accepte l'aide de Leaphorn.La cupidité basée sur la possession de poudre d'or, issue d'une mine introuvable forme la base de cette histoire. Cupidité d'hommeblanc, les grands pères indiens ayant, depuis longtemps, averti les jeunes de cette fièvre n'apportant que haine, mort et désolation.L'enquête, sur fond de traditions Navajos, expliquées formidablement par les traducteurs, sous forme d'un glossaire, se scinde en deux, d'un côté lesflics blancs pressés et de l'autre les flics navajos pour lesquels le temps est une notion aussi vague que les celles de la mer. Ces derniers ont le temps. Ils sont polis, n'interrompent pas quelqu'un parlant, fut-il soupçonné de meurtre. On boit le café et on cause :-Alors c'est lui qui a tiré ou pas ? Demande l'homme du FBI-Il dit qu'il va nous le dire. Rétorque Chee qui interroge.On l'aura compris, il s'agit de deux mondes différents et comme l'époque est contemporaine, les ajouts du modernisme n'ont pas atteint cette contrée.
Hillerman ne généralisejamais, ne tire sur personne, il conte ce qui se passe et associe l'indien et le G-man qui s'apprécient et se font confiance.
On avance lentement et j'aime ça, s'il y avait le feu je m'en serais aperçu !On respecte l'ami comme on respecte l'ennemi, pas de considérations hasardeuses, on pèse.
Hillerman aime son héros, Leaphorn, qu'il a mis à la retraite et il nous prévient, mon prochain, c'est Chee, aimez-le comme moi. L'intrigue est vraiment passionnante, entourée qu'elle est de cette foi pure et noble de la nation Navajo. Chaque page apporte de l'eau au moulin de la découverte de la vérité, chaque pas de Joe Leaphorn nous fait avancer.Joe dit : - Je vous aiderai si vous ne me mentez pas !Joe dit : - Je laisse tomber parce que vous êtes un fieffé menteur.Et que pensez d'un Navajo qui connaît Shakespeare et Othello et le cite, au sujet de Desdémone, alors que l'homme le plus riche du coin n'en a jamais entendu parler. Cela vaut son pesant de cacahuètes, non ?On trouvera ce que l'on cherche et qui l'on cherche, sans que ce soit évident pour le lecteur. Entretemps, ce dernier se sera immergé dans destraditions qui lui laisseront de bien beaux souvenirs de lecture.
5/5
B