Les dieux de Howl Mountain
édition Albin Michel – 384 pages
Présentation de l’éditeur :
Hanté par la guerre de Corée, où il a perdu une jambe, Rory Docherty est de retour chez lui dans les montagnes de Caroline du Nord. C’est auprès de sa grand-mère, un personnage hors du commun, que le jeune homme tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines, que sa mère, muette et internée en hôpital psychiatrique, n’a jamais pu lui révéler. Embauché par un baron de l’alcool clandestin dont le monopole se trouve menacé, il va devoir déjouer la surveillance des agents fédéraux tout en affrontant les fantômes du passé…
Mon avis :
L’ombre de la guerre ou l’ombre de la violence ? Rory est revenu de la guerre, vivant, mais avec une jambe en moins. Dans des flash-backs, nous découvrons son expérience en Corée, et comment il a perdu sa jambe. « Perdu », une belle métaphore pour montrer que sa jambe a été réduite en bouillie – même si cela signifiait la fin de la guerre pour lui, et le retour au pays. La violence a toujours été là, sa mère a été témoin d’un meurtre avant sa naissance, et depuis, elle est internée, mutique : c’est sa propre mère, Maybelline dite Ma une femme haute en couleurs, qui a élevé Rory. Celle-c est un peu spéciale, et nous lui devons la scène la plus drôle du roman. Certaines des plus sanglantes aussi.
Howl mountain est un lieu quasiment coupé du monde, un lieu où l’on vit presque en autarcie, où, pour survivre, et bien, l’on trafique, où l’on a un « parrain » dans la région, Eustace et d’autres qui prendraient volontiers sa place. Il est question d’amitié, d’amour, de désir aussi, pas toujours avouable, des potions que l’on vient chercher chez Ma pour redresser la situation.
Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’espoir, je crois que les personnes qui vivent là vivent de leur mieux, font ce qu’ils peuvent pour tenter de vivre, d’aimer, de nous des amitiés. J’ai beaucoup aimé Rory, sa mère, enfermée dans son monde, et pourtant, à la fin, une petite lueur s’allume pour elle – parce que son fils, sa mère, ne l’ont jamais abandonnée. J’ai beaucoup aimé aussi Eli, le neveu d’Eustace, véritable ami de Rory.
Ecrit ainsi, on pourrait croire que je n’ai retenu que les bons côtés de cette oeuvre sombre et sanglante. Il ouvre cependant une nouvelle page dans l’histoire de cette région, et nous fait comprendre que les enjeux écologiques ont toujours existé, qu’il a toujours été une pincée d’hommes pour s’en préoccuper, et un régiment d’autres qui préféraient nettement leur intérêt économique.
Une oeuvre magistrale, pour une tranche de vie en Caroline du Nord.