Titre : Les lieux infidèles.
Auteur : Tana French.
Editeur : Calmann-Lévy.
Nombre de pages : 433.
Quatrième de couverture :
L’existence de Franck Mackey bascula par une nuit de décembre 1983. Il avait dix-neuf ans et attendait Rosie Daly au bout de sa rue, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L’air été froid comme du verre, chargé d’un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guiness. Ils avaient prévu de fuir ensemble leur quartier natal dublinois, pour vivre d’amour et de musique à Londres. Mais cette nui-tlà, Franck patienta en vain. Rosie ne le rejoignit pas.
Vingt-deux ans plus tard, devenu flic spécialisé dans les missions d’infiltration, Franck vit toujours à Dublin. Il a coupé les ponts avec sa famille et n’a jamais eu de nouvelles de son premier amour. Puis, un jour, sa sœur l’appelle, affolée : on a retrouvé la valise de Rosie dans un immeuble désaffecté de Faithfull Place. Forcé de revenir chez les siens, Franck revisite son passé, ses blessures de jeunesse, et toutes ses certitudes : Rosie est-elle jamais partie ?
Mon avis :
J'ai beaucoup de mal à rédiger mon avis (je peux même dire que j'ai sacrément lambiné pour l'écrire) parce que j'ai adoré ce roman, tout simplement. Certes, je suis passionnée par la littérature irlandaise, mais cela n'explique pas tout.
L'écriture est remarquable. Le style est fluide, les descriptions sont sobres, les mots sonnent justes pour restituer une atmosphère, une époque. Les dialogues sont très nombreux, et campent un personnage plus sûrement qu'un long portrait moral. Ils sonnent juste, car l'oralité est vraiment respectée.
Le narrateur est Francis Mackey, dit Franck, sergent inspecteur, infiltré. Il a coupé depuis vingt ans tout contact avec sa famille, sauf avec sa petite soeur Jackie. il a construit sa vie, loin d'eux. Seulement, un événement remet en cause la certitude avec laquelle il vivait depuis vingt ans : Rosie, son grand amour, ne l'avait pas sans doute pas abandonné. Elle n'a pas accompli seule le rêve inavoué de chacun : quitter l'Irlande.
Personne n'y est parvenu. Dans le quartier des Liberties, l'avenir est déjà tracé : tenter de trouver un emploi (vingt demandes pour un poste), boire (beaucoup), se marier ou pas, avoir des enfants, bref, reproduire la vie de ses parents, sans aucune variation et parfois même dans la maison où ils ont vécu est le lot de tous. Franck n'est pas parti très loin, mais il a eu le cran de partir, quand même. Il a doublement trahi puisqu'il est devenu policier et qu'il est divorcé. Le poids de la religion catholique est encore considérable dans ce pays, où une mort accidentelle vaut mieux qu'un suicide, et où les grossesses adolescentes sont nombreuses car l'avortement est interdit. Que dire aussi du poids des traditions ? Une seule faute, qui semble bien légère de nos jours, suffit à briser une vie, et aussi celle de ses descendants. Franck découvre ainsi des secrets de famille qui expliquent en partie ce qui s'est passé vingt-deux ans plus tôt.
Bien que père d'une petite fille de neuf ans, Franck est un homme seul, absolument. Policier endurci, chevronné, il raconte l'enquête avec détachement, comme s'il enseignait ses méthodes et non comme s'il était impliqué personnellement dans l'enquête. Il est à la fois acteur et spectateur de ce qu'il accomplit. Il est prêt à (presque) tout pour confondre le coupable : charme, ruse, manipulation, violence. La légalité et lui ne font pas bon ménage, le respect de la hiérarchie non plus. Franck Mackey est un justicier solitaire à l'ancienne. Cela tombe bien ; son chef n'est pas contre. Il adopte souvent un ton cynique qui n'est pas dépourvu d'humour. Il faut dire que Franck adore les duels verbaux. Il serait faux d'y voir une banale joute verbale. Il s'agit d'un interrogatoire très maîtrisé : Franck parvient toujours à ses fins, peu importe la personne qui se trouve en face de lui.
Le coupable ? Bien sûr, il le démasque. Sa personnalité est tout aussi complexe que celle de Franck, je regrette juste de ne pas avoir été plus surprise par son identité.
Je vais me plonger d'un peu plus près dans l'oeuvre de Tana French.
Auteur : Tana French.
Editeur : Calmann-Lévy.
Nombre de pages : 433.
Quatrième de couverture :
L’existence de Franck Mackey bascula par une nuit de décembre 1983. Il avait dix-neuf ans et attendait Rosie Daly au bout de sa rue, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L’air été froid comme du verre, chargé d’un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guiness. Ils avaient prévu de fuir ensemble leur quartier natal dublinois, pour vivre d’amour et de musique à Londres. Mais cette nui-tlà, Franck patienta en vain. Rosie ne le rejoignit pas.
Vingt-deux ans plus tard, devenu flic spécialisé dans les missions d’infiltration, Franck vit toujours à Dublin. Il a coupé les ponts avec sa famille et n’a jamais eu de nouvelles de son premier amour. Puis, un jour, sa sœur l’appelle, affolée : on a retrouvé la valise de Rosie dans un immeuble désaffecté de Faithfull Place. Forcé de revenir chez les siens, Franck revisite son passé, ses blessures de jeunesse, et toutes ses certitudes : Rosie est-elle jamais partie ?
Mon avis :
J'ai beaucoup de mal à rédiger mon avis (je peux même dire que j'ai sacrément lambiné pour l'écrire) parce que j'ai adoré ce roman, tout simplement. Certes, je suis passionnée par la littérature irlandaise, mais cela n'explique pas tout.
L'écriture est remarquable. Le style est fluide, les descriptions sont sobres, les mots sonnent justes pour restituer une atmosphère, une époque. Les dialogues sont très nombreux, et campent un personnage plus sûrement qu'un long portrait moral. Ils sonnent juste, car l'oralité est vraiment respectée.
Le narrateur est Francis Mackey, dit Franck, sergent inspecteur, infiltré. Il a coupé depuis vingt ans tout contact avec sa famille, sauf avec sa petite soeur Jackie. il a construit sa vie, loin d'eux. Seulement, un événement remet en cause la certitude avec laquelle il vivait depuis vingt ans : Rosie, son grand amour, ne l'avait pas sans doute pas abandonné. Elle n'a pas accompli seule le rêve inavoué de chacun : quitter l'Irlande.
Personne n'y est parvenu. Dans le quartier des Liberties, l'avenir est déjà tracé : tenter de trouver un emploi (vingt demandes pour un poste), boire (beaucoup), se marier ou pas, avoir des enfants, bref, reproduire la vie de ses parents, sans aucune variation et parfois même dans la maison où ils ont vécu est le lot de tous. Franck n'est pas parti très loin, mais il a eu le cran de partir, quand même. Il a doublement trahi puisqu'il est devenu policier et qu'il est divorcé. Le poids de la religion catholique est encore considérable dans ce pays, où une mort accidentelle vaut mieux qu'un suicide, et où les grossesses adolescentes sont nombreuses car l'avortement est interdit. Que dire aussi du poids des traditions ? Une seule faute, qui semble bien légère de nos jours, suffit à briser une vie, et aussi celle de ses descendants. Franck découvre ainsi des secrets de famille qui expliquent en partie ce qui s'est passé vingt-deux ans plus tôt.
Bien que père d'une petite fille de neuf ans, Franck est un homme seul, absolument. Policier endurci, chevronné, il raconte l'enquête avec détachement, comme s'il enseignait ses méthodes et non comme s'il était impliqué personnellement dans l'enquête. Il est à la fois acteur et spectateur de ce qu'il accomplit. Il est prêt à (presque) tout pour confondre le coupable : charme, ruse, manipulation, violence. La légalité et lui ne font pas bon ménage, le respect de la hiérarchie non plus. Franck Mackey est un justicier solitaire à l'ancienne. Cela tombe bien ; son chef n'est pas contre. Il adopte souvent un ton cynique qui n'est pas dépourvu d'humour. Il faut dire que Franck adore les duels verbaux. Il serait faux d'y voir une banale joute verbale. Il s'agit d'un interrogatoire très maîtrisé : Franck parvient toujours à ses fins, peu importe la personne qui se trouve en face de lui.
Le coupable ? Bien sûr, il le démasque. Sa personnalité est tout aussi complexe que celle de Franck, je regrette juste de ne pas avoir été plus surprise par son identité.
Je vais me plonger d'un peu plus près dans l'oeuvre de Tana French.