LES FRÈRES KARAMAZOV,
et PDF
Roman classique, édité en 1879, réédité poche…
444 pages et 450 pages ; 1 008 pages
Résumé Roman complet et flamboyant, Les Frères Karamazov rassemble une intrigue policière, plusieurs histoires d'amour, des exposés théologiques et métaphysiques éblouissants et des personnages inoubliables déchirés par leurs conflits intérieurs. Sans doute le chef-d’œuvre de Dostoïevski.
C’est un livre que j’ai lu lorsque j’avais 15 ans. Quelle découverte à nouveau pour ce grand classique que je lis 35ans plus tard. Au-delà de l’histoire de cette famille, j’ai découvert de nouvelles pistes de réflexions très intenses et toujours d’actualité.
Mon ressentiL’édition que j’ai, est composée de deux livres mais c’est écrit tellement petit, que cela me fatiguait beaucoup les yeux. J’ai donc lu la version en PDF dont je vous donne le lien…. http://www.livregratis.com/forum/les-freres-karamazov-t3051.html
Il y a tellement à dire autour de ce roman que je ne sais pas part quoi commencer et puis de toute manière, je ne pourrais pas tout dire non plus. L’important est de vous donner envie de découvrir, de lire ou de relire cette immense œuvre classique qui est le dernier roman de Dostoïevski Fédor.
Le livre constitue un tableau de la vie en Russie à l’époque de l’écrivain (1870/1880) autour de la famille Karamazov et de leurs relations diverses et variées. L’auteur brosse des portraits très complets de chaque personnages, principalement des frères Karamazov (enfants légitimes) et de leur père. Ce dernier, Fédor Karamazov, est un vieux bouffon libertin violent, alcoolique, autoritaire, impudique, immoral… Le fils aîné Dimitri est passionné, violent, sensible, dépensier … Le second, Ivan est l’intellectuel de la famille, renfermé. Profondément laïque, il a des opinions libérales sur le monde qui vont à l’encontre des traditions de la société russe. Le troisième Aliocha très religieux a le cœur pur, conciliateur, sensible… Et puis il y a les autres enfants, dont Smerdiakov (Fédor a violé une jeune handicapée mentale muette. Celle-ci est décédée en couche. L’enfant est devenu le serviteur de son père…) perfide, faisant le mal… . La famille se retrouve pour essayer de démêler les tensions et de créer du lien.
Chaque personnage incarne une facette du caractère humain, les diverses forces à l'œuvre de manière plus ou moins visible au cœur de tout être humain. Petit à petit la voix de chacun des personnages trouve un écho dans notre conscience de manière plus ou moins claire et trouve une résonance avec notre côté sombre. F.D. dissèque les âmes des personnages autour du concept du mal absolu (le parricide) et explore ainsi le champ des faiblesses humaines (la sensualité, l’amour de l'argent et du pouvoir, la violence et la haine, le doute et l'athéisme….) mais aussi de ses ressources (l’amour, le pardon, la communication, le respect, la remise en cause, la force constructrice, l’engagement, le partage et le bonheur…). Personne n’est donc mauvais ou bon. Il aime à montrer ou à opposer les personnalités de ses personnages mais sans jamais juger ou influencer un côté plus qu’un autre. Il aime jouer avec les oppositions : les enfants peuvent être à la fois criminels et victimes, la famille peut être un havre de sécurité comme un lieu dangereux. Il s’est inspiré de nombreux faits réels de l’époque : la violence sur enfant, les abandons, les conditions de vie…
Le livre est un roman feuilleton à la base, dans lequel le meurtre, la passion, les rebondissements, l’aventure, la violence, le pouvoir font de celui-ci une histoire passionnante, romanesque et très vivante. Au-delà de l’histoire, l’autre versant de ce livre se dévoile au fur et à mesure, car il pose des questions fondamentales philosophiques autour de la justice, de la religion, de l’innocence, de la liberté… . Dostoïevski ne craint pas de se confronter et de nous confronter à des questions aussi radicales que celles de la justice divine et celle des hommes au regard de la souffrance des enfants par exemple ; du doute indissociable d'une foi juste, des contradictions de ce que prône les enseignements du Christ et les institutions qui le représentent, d’une morale humaine, de l’existence de Dieu, qui de lui ou de l’homme est fondateur de l’humanité...
Tout ce questionnement renvoie à l’unique question que D.F. amène de façon constante et magistrale dans son œuvre : « comment devenir un homme ? Quel est le sens de l’existence ? ». Tous les personnages proposent ainsi des pistes de réflexion autour de ces questions et pour atteindre son humanité. Etre un homme c’est être coupable. Admettre notre culpabilité face au mal que nous pouvons faire, c’est accéder à cette responsabilité qui nous incombe et ainsi se pardonner ou pardonner. Etre un homme s’est reconnaître pleinement sa responsabilité et en assumer les conséquences. Après la traversée des ténèbres et de la culpabilité de porter en soi l'idée même du mal, l'espoir l'emporte. C’est aussi un livre plein d’espoir car F.D est convaincu et est adepte de la « vie vivante », c’est-à-dire aimer toute la création : ce qui englobe les autres, les animaux, être de bonne humeur, être heureux... C’est avoir un rapport éthique naturel et simple avec les autres. C’est une ouverture au monde, aux autres. Ce qui implique donc que la solution serait de réinstaurer avec autrui un rapport équitable et à peu près joyeux. C’est l’enjeu de tout le roman de montrer qu’il existe des solutions au désespoir, qu’il y a une autre vie possible à la découverte du bonheur (le roman fourmille de détails autour de l’attendrissement, de la réconciliation, …).
La clé du roman, c’est que nous sommes tous coupables mais que cette responsabilité, cette culpabilité peut acquérir un sens éthique à condition que chacun se sente responsable et admette sa responsabilité. Ce qui implique fonder la justice humaine sur une base éthique, l’acceptation de la culpabilité de tous. Nous sommes tous coupables par notre liberté de commettre du mal et la voie de la réconciliation sera peut-être pour tous de demander pardon aux autres…. C'est un formidable plaidoyer pour la vie.
Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle encore une fois avec la vie familiale et personnelle de F.D. De nombreuses similitudes y apparaissent en autre que le personnage du père porte le même prénom que lui, que son père fut assassiné dans des circonstances étranges, qu’il était aussi très violent en autre… C’est un auteur qui sous couvert de roman s’autorise à aborder des thèmes sulfureux pour l’époque. Ce qui m’amène à poser une autre question. Dans la version PDF, il y a une préface de Freud concernant les frères Karamazov. Est-ce que notre grand ami Freud se serait inspiré des réflexions de D.F. pour bâtir les bases de la psychanalyse ? Il faut bien le reconnaître FD était en avance de quelques longueurs….
A découvrir absolument ou à relire