Comme c'est signalé dans les avis précédents, la narratrice c'est Madame La Mort. Oui je l'appelle Madame car c'est une personne toute en finesse,
"Je peux vraiment être enjouée. Je peux être aimable. Affable. Agréable. Et nous n'en sommes qu'au A. Mais ne me demandez pas d'être gentille. La gentillesse n'a rien à voir avec moi"......"J'ai écouté leurs derniers hoquets. Les derniers mots sur leurs lèvres. J'ai contemplé leurs visions d'amour et je les ai libéré de leurs peurs.Je les ai tous emmenés et, s'il y a eu un moment où j'ai eu besoin de me changer les idées, c'est bien celui-ci.Dans la plus grande affliction, j'ai regardé le monde au-dessus de moi. J'ai vu le ciel passer de l'argent au gris, puis à la couleur de la pluie. Même les nuages essayaient de s'en aller.Parfois, j'essayais de m'imaginer à quoi cela ressemblait au-dessus des nuages, sachant de façon certaine que le soleil était blond et que l'atmosphère infini était un œil bleu gigantesque."...En générale dans la littérature, la mort est froide, cruelle. Dans ce roman, je me suis surprise à lui donner un visage façon Catherine Deneuve, chevelure et corps évanescents qui,
"...disons le simplement qu'à un moment donné, je me pencherai sur vous avec bienveillance. Votre âme reposera entre mes bras. Une couleur reposera sur mon épaule. Je vous emporterai avec douceur..."Je suis d'une génération qui a grandie avec les récits pudiques de cette guerre vécue, subie ou combattue par mes parents et les parents de mes parents.
La Voleuse de Livres, j'ai vu la bande-annonce du film, il y a quelques mois au cinéma.
Je suis très curieuse, malgré que je garde encore en mémoire le souvenir de ces témoignages douloureux, mêlés à mes lectures adolescentes du
Journal d'Anne Frank et d'
Un Sac De Billes.
Puis la thématique choisie pour ce trimestre étant le Destin, je me suis dit, pourquoi pas l'histoire de Liesel Meminger, dix ans,
"...Tout en elle était dénutri. Elle avait des mollets comme du fil de fer. Des bras comme un porte-manteau. Même son sourire, si rare fut-il, était affamé.La teinte de ses cheveux se rapprochait du blond germanique, mais ses yeux étaient dangereusement foncés. Bruns. A cette époque là, en Allemagne, des yeux de cette couleur n'étaient pas un cadeau..."et de son ami Rudy Steiner,
"...il avait huit mois de plus que Liesel, des jambes osseuses, des dents pointues, des yeux bleus allongés et des cheveux jaune citron..."Tous les deux, ils avaient appris à
"Heil hitlerer" en intégrant les jeunesses hitlériennes, passage obligatoire pour tout jeune allemand âgé de dix ans.
Du début de l'hiver 1939 printemps 1943 Madame La Mort nous narre
"...l'histoire de quelqu'un qui fait partie de ces éternels survivants, quelqu'un qui sait ce qu'être abandonné veut dire.Une simple histoire, en fait, où il est question notamment:
- D'une fillette;
- De mots;
- D'un accordéoniste;
- D'un boxeur juif;
- Et d'un certain nombre de vols.
J'ai vu la voleuse de livres à trois reprises."...Je crois que cette histoire m'accompagnera longtemps, rien de plus fragile et prenant qu'un récit mettant en scène des enfants. Cette histoire qui se nourrit de l'Histoire comme Liesel se nourrit de mots,
"...C'était une matinée où le soleil brillait dans un ciel parsemé de nuages légers comme de l'écume.Liesel se tenait dans la bibliothèque du maire, les doigts vibrants de désir. Elle était suffisamment en confiance, cette fois, pour promener ses doigts le long des rayonnages-une brève répétition de sa première visite dans cette pièce-et elle chuchotait les titres au fur et à mesure de sa progression. -Sous le cerisier-. -Le dixième lieutenant-.Tous les titres ou presque la tentaient, mais, après une ou deux minutes, elle se décida pour - Un chant dans la nuit-, vraisemblablement parce que le volume était vert et qu'elle n'avait encore aucun livre de cette couleur. Le texte gravé sur la couverture était blanc et, entre le titre et le nom de l'auteur, il y avait une petite vignette représentant une flûte. Elle ressortit par la fenêtre, pleine de gratitude..."Il n'y a rien de morbide dans ce roman où les mots sont écrits simplement avec poésie et délicatesse. C'est une tranche d'Histoire de famille que nous livre l'auteur qui, dans sa postface remercie "Lisa et Helmut Zusak, pour les histoires que nous avons du mal à croire, pour les rires, et pour m'avoir montré une autre face des choses."
C'est un vrai coup de cœur.