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3 participants

    PADURA, Leonardo

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    Message  Nina Dim 15 Mai 2011 - 23:13

    PADURA, Leonardo Mort-d10

    Éditions Points - 97 pages.

    Quatrième de couverture :

    Le quartier chinois de la Havane ne manque ni de saveur ni d'exotisme : un corps nu est retrouvé pendu, amputé d'un doigt, deux flèches incisées sur la poitrine... Le lieutenant Mario Conde, revolver à la ceinture et bouteille de rhum à la main, s'immisce parmi les immigrés asiatiques, répond à leurs sourires énigmatiques et cherche le mobile du crime : argent, rituel religieux, drogue ?

    Mon avis :

    Ce livre court signe ma première rencontre avec Mario Conde et je dois dire que j'ai envie de suivre un bout de chemin avec cet enquêteur. Oui, il a un petit problème avec l'alcool, comme tant d'autres policiers. Je dirai que son problème principal est de se procurer un alcool buvable, et non une distillation capable d'intoxiquer toute une population (ou comment il vaut mieux être chimiste si l'on veut vendre de l'alcool). Il est humain, il est humble, car il sait que la résolution d'une enquête ne résoud pas tout : "il était rare que l'élucidation d'une affaire le réjouisse. Au contraire, même : un sentiment d'estocade terminée et un vide qu'il savait éphémère. Une autre histoire sordide l'attendait toujours au coin de la rue".
    Cet amateur de littérature (il aurait aimé être écrivain) enquête sur un crime sordide, qui a toutes les apparences d'un crime rituel. Mais Conde ne se laisse pas prendre aux apparences. II constate, s'appuie sur des preuves - nous sommes loin des experts, l'autopsie n'est plus un morceau de bravoure où chacun démontre son savoir, elle est un élément qui participe à la résolution de l'enquête, sans rajouter au caractère sanglant de l'affaire, ni retarder la narration.
    Conde est humble car il avoue son ignorance, il avoue ne connaître de la communauté chinoise que des clichés, bien que son lieutenant soit une métisse chinoise et que son père, dont il demande l'aide, soit un ami proche. Il découvre, et le lecteur avec lui, les raisons de leur arrivée à Cuba, leur rêve, leurs désespoirs, leurs tragédies, leur courage aussi. La terre promise n'a que rarement tenue ses promesses, le lieutenant Patricia Chion est une exception.
    Dans un roman où le passé, le présent, le rêve et les cauchemards se confondent, les absents et les fantômes rejoignent Condé jusque dans ses rêves. Qu'il parvienne à trouver l'oubli.
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    Message  Pinky Dim 15 Mai 2016 - 10:19

    merci Nina pour cette présentation
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    Message  Nina Dim 15 Mai 2016 - 10:42

    Merci Pinky pour ta visite.
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    Message  Nina Mar 19 Mai 2020 - 23:17

    PADURA, Leonardo Couv1411

    Passé parfait
    Editio Métailié - 277 pages

    Présentation de l’éditeur :

    Ce matin là, Mario Conde, gueule de bois et moral en berne, n’aurait pas dû répondre au téléphone. A présent, il est chargé d’enquêter sur la disparition de Rafael Morin, directeur d’entreprise et homme exemplaire aux yeux de tous. Aux yeux de Conde, il reste avant tout l’étudiant qui lui a ravi la belle Tamara. Veut-il vraiment retrouver son ancien rival ?

    Mon avis :

    J'ai voulu retenter une lecture d'un roman de Leonardo Padura. En effet, la dernière oeuvre que j'ai lu de lui, co-écrite avec Laurent Cantet, m'avait plu, alors que le dernier roman que j'avais lu de lui (Electre à la Havane) s'était soldé par un abandon. Je crois que cette nouvelle lecture n'est pas vraiment concluante.

    Nous sommes dans un roman policier, et c’est le premier tome de la tétralogie. Soit. Le roman est relativement court – 277 pages. Comme l’action est lente, mais lente ! Pourtant, l’enquête se déroule sur un laps de temps assez court, mais tout semble prendre du temps, y compris les déplacements d’un point à un autre pour aller interroger la mère du disparu, la maîtresse du disparu, le collègue du disparu. Oui, sa femme a été interrogée, mais même là, le rythme est lent, comme s’il fallait deux interrogatoires pour que Mario Conde ose enfin poser les questions qu’il doit poser – à moins qu’il ne veuille pas brusquer Tamara, qu’il connait depuis le lycée. En fait, il connaissait son mari aussi, et il l’enviait fortement – pour tout, y compris pour le fait d’être, à l’époque, le petit ami de Tamara, que Mario convoitait/désirait. Ce n’est pas que ce dernier fait influence l’enquête, c’est plutôt qu’il plonge le lecteur dans le passé, celui, commun, de Mario, Tamara, Rafaël, mais aussi El Flaco, et aussi celui de Cuba.

    Leonardo Padura n’est pas tendre avec Cuba, ses dirigeants, son système politique, et toutes les dissonances qui s’ensuivent. Pourquoi le serait-il, d’ailleurs ? Il est tant de choses qui ne vont pas, que ce soit dans l’adolescence, le début de l’âge adulte ou la période présente de Mario Conde. Il est aussi la violence, qui n’est pas seulement inhérente à la société, elle semble être partout – et le supérieur de Conde n’en peut plus, de tout ce qu’il voit, de tout ce qu’il constate, de ces meurtriers qui n’ont aucun remords, et même de très bonnes excuses – à leurs yeux, forcément.
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    Message  Pinky Mer 20 Mai 2020 - 8:34

    merci Nina pour cette présentation
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    Message  Nina Mer 20 Mai 2020 - 9:22

    Merci Pinky pour ta visite.
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    Message  Ratdebibliotheque Mer 20 Mai 2020 - 12:43

    Merci Nina pour cet avis.
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    Message  Nina Jeu 21 Mai 2020 - 11:10

    Merci Ratdebibliothèque pour ta visite.
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    Message  Nina Mar 26 Mai 2020 - 23:26

    PADURA, Leonardo Couv4711

    Vents de carême
    Editions Points - 255 pages

    Présentation de l’éditeur :

    « Voila l’histoire : une prof de lycée, 24 ans, militante de la Jeunesse communiste, célibataire. On l’a tuée, asphyxiée avec une serviette. » Mario Conde écoute le commissaire d’un air las. Sale affaire. Pour la résoudre, il lui faut garder la tête froide. Ce qui est loin d’être facile quand son coeur s’enflamme pour une saxophoniste rousse qui va compliquer bien des choses …

    Mon avis :

    J’avais pourtant dit que je ne relirai pas de romans de Léonardo Padura avant un certain temps… et j’ai enchaîné le tome 2 des enquêtes de Mario Conde après le tome 1. J’avais déjà lu le 3, et je l’avais si peu apprécié que j’avais renoncé à le chroniquer. Quant au tome 4, je l’ai purement et simplement abandonné en cours de route, alors que j’étais dans un bus me menant à Rouen.

    Ai-je aimé ? Non, pas vraiment. Ce roman comporte une certaine langueur, comme si Conde ne s’était toujours pas remis de sa précédente affaire, qui l’a vu enterrer certains rêves de jeunesse. L’affaire sur laquelle il est présentement sent très mauvais, et le vent du Carême tourne certaines têtes. Cela nous sera rappeler assez souvent que « l’affaire sent mauvais » et de mon côté, j’avais envie de dire « pas plus que cela », eu égard à un dénouement assez décevant, ne remuant pas autant de choses qu’il était prévu, ou du moins, que l’on pouvait s’y attendre au vue de la position de la jeune victime. Pensez donc ! Une réputation sans aucune tâche, un poste dans un établissement urbain, là même où Conde a étudié – relançant ainsi la nostalgie qui ne le quitte pas. Alors oui, la jeune femme n’est pas du tout celle qu’elle paraissait être, et elle montre assez les failles cubaines. Lissette était une professeure populaire ? Elle se conduisait en copine avec ses élèves, avec plus si affinités, n’hésitait pas à donner les sujets du contrôle à l’avance à ceux avec qui elle était le plus « proche », et n’hésitait pas non plus à être extrêmement proche de tout homme qui pourrait lui procurer des avantages. Une qualité ? Même pas. Ses parents étaient trop occupés pour s’occuper d’elle, sa mère n’éprouve pas de réel chagrin à sa mort, et continue à écrire des articles que je qualifie de « réactionnaires » – et à l’opposé du mode de vie de sa propre fille, qu’elle ne connaissait même pas, d’ailleurs. Son voisin, à qui l’âge n’a pas ôté son humour, dresse d’elle un portrait sans concession, et ne cache pas son absence totale d’émotion face à la mort de cette jeune femme qui se sentait très supérieure aux autres.

    Les meilleurs moments sont, finalement, ceux qui ne sont pas liés à l’enquête : la vie et la mort des policiers en dehors du commissariat, les moments que Conde partage avec El Flaco et Josefina, sa mère, qui prend soin de lui comme s’il était son fils, la volonté de Conde d’être enfin heureux. Je n’oublie pas, aussi, les moments où il se retrouve au lycée, à la recherche, finalement, de sa jeunesse, du moment où lui et surtout El Flaco avaient encore des rêves, un avenir.

    Un roman policier à lire pour tout ce qui n’est pas policier.
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    Message  Pinky Mer 27 Mai 2020 - 10:30

    merci Nina pour cette présentation
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    Message  Nina Mer 27 Mai 2020 - 11:34

    Merci Pinky pour ta visite.
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    Message  Ratdebibliotheque Mer 27 Mai 2020 - 19:53

    Merci Nina pour cet avis.
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    Message  Nina Ven 29 Mai 2020 - 17:21

    Merci Ratdebibliothèque pour ta visite.
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    Message  Nina Sam 30 Mai 2020 - 20:11

    PADURA, Leonardo Couv2710

    Les brumes du passé
    Edition Points - 448 pages

    Présentation de l’éditeur :

    Mario Conde a quitté la police. Il gagne sa vie en achetant et en vendant des livres anciens, puisque beaucoup de Cubains sont contraints de vendre leurs bibliothèques pour pouvoir manger. Le Conde a toujours suivi ses intuitions et, ce jour d’été 2003, en entrant dans cette extraordinaire bibliothèque oubliée depuis quarante ans, ce ne sont pas des trésors de bibliophilie ou des perspectives financières alléchantes pour lui et ses amis de toujours qu’il va découvrir mais une mystérieuse voix de femme qui l’envoûtera par-delà les années et l’amènera à découvrir les bas-fonds actuels de La Havane ainsi que le passé cruel que cachent les livres. Leonardo Padura nous parle ici de ce qu’est devenue Cuba, des désillusions des gens de sa génération, « des Martiens » pour les plus jeunes mieux adaptés à l’envahissement du marché en dollars, aux combines et à la débrouille.

    Mon avis :

    Nous sommes ici dans le sixième tome des aventures de Mario Condé, et si je ne me souviens pas trop du tome 5, qui mettait en scène rien moins que le souvenir d’Hemingway, force est de constater que Mario a changé depuis le premier tome de ses aventures. Il n’est plus policier, mais travaille dans le commerce du livre, avec un associé haut en couleurs. Tamara, son rêve de jeunesse ? Elle est désormais sa compagne – pas sa femme, si cela devait arriver, elle se questionnerait sur Mario. Treize ans après son départ de la police, Mario se questionne encore sur ce qui l’a fait rentrer, j’allais dire dans les ordres, je corrige en « dans les forces de l’ordre » : il trouvera la réponse dans ce tome.

    Lui et son associé ont en revanche trouvé une magnifique bibliothèque, dont l’évocation, l’énumération des œuvres contenues servira autant l’intrigue que le bilan des grandes heures de la culture cubaine – qui part légèrement à vau l’eau puisqu’aujourd’hui, pour vivre, les cubains doivent vendre leur bibliothèque. Non seulement Condé , qui traîne toujours derrière lui les souvenirs de sa première enquête, éprouve une admiration profonde pour les oeuvres réunies par trois générations de collectionneurs, oeuvres qui, depuis quarante ans, dorment dans cette bibliothèque soigneusement entretenus. Ce que Mario n’avait pas prévu, c’est de partir sur la trace d’une chanteuse des années cinquante, Violeta del Rio, dont le seul et unique enregistrement réveillera les instincts de policier – jamais perdu, quoi que l’on dise.

    Face A, face b : j’ai aimé le découpage de l’oeuvre. Entre les deux, la faille qui emporte tout : un meurtre, suivi d’un second. Bon sang, que cache cette bibliothèque, et que cache la disparition de Violeta ? Plus que jamais, Mario veut savoir, lui qui paiera largement de sa personne pour cela. Passé, présent, les temporalités se mêlent à la recherche d’une vérité, et parmi ses vérités, nous découvrons, rythmant le récit, les lettres jamais postées d’une femme (on découvre assez facilement laquelle) à son amant qui l’a abandonné. Les cubains fuient, ont fui, fuiront, comme l’illustrent les enfants de Dyonisio, ou, avant eux, les légitimes propriétaires de la bibliothèque. Ils fuiront pour éviter de gros ennuis, ils fuiront pour avoir une vie meilleure, ils fuiront aussi, parfois, en renonçant à des rêves.

    Ce roman m’a questionné, parce qu’il aborde, justement, le thème de ce que l’on veut vraiment faire de sa vie. Il est des femmes qui se sacrifient par amour – et même si elles ont vu leur existence ainsi, la réalité est bien plus compliquée que cela. Ce n’est pas seulement une figure littéraire, que celle de la femme de l’ombre (ou la maîtresse, pour faire simple) qui vit à côté du grand homme, de sa légitime épouse, de leurs enfants qui, eux, auront un avenir tout tracé, c’est aussi une réalité que l’on voit moins, je l’espère, dans le monde contemporain. Il est aussi des femmes qui renoncent à une carrière artistique par amour pour un homme, et j’arrive à un autre questionnement : un homme vous aime-t-il vraiment quand il vous demande de renoncer à votre art ? Et, tel Violeta, aimait-elle réellement chanter ses chansons d’amour triste puisqu’elle a tout envoyé promener pour être avec l’homme qu’elle aimait – veuf, âgé et très riche ? Au cours de son enquête, Mario retrouvera les témoins de cet époque, qui ont maintenant entre quatre-vingt et quatre-vingt-dix ans, verra ce que l’âge, les épreuves ont fait sur ses corps. Il verra ses chanteuses, ce qu’elles sont devenues, celles qui avaient vu en Violeta une rivale, ou une amie. Je mentionnerai simplement Fleur de Lotus, devenue Carmen, qui vit, avec sa nièce, du mieux qu’elle peut dans un pays de plus en plus pauvre, et tient un discours sur sa jeunesse, ce qu’elle a fait pour vivre, assez détonnant.

    Le passé, et aussi le présent : je dois dire que j’ai pris plaisir à savoir ce qu’étaient devenus les compagnons de route, du Condé : son ancien adjoint, qui ne peut que constater que son ancien supérieur a gardé toutes ses qualités d’enquêteur, même si elles sont parfois dérangeantes, son ancien supérieur, qui quitta la police et vit désormais grâce à l’argent que ses filles lui envoient tous les mois, sa retraite ne lui permettant rien du tout, et surtout, son ami El Flaco, qui n’en finit pas de supporter un corps qui n’est que souffrance – mais que serait la vie de Condé sans lui et sa mère José ?

    A ce jour, Les brumes du passé est mon enquête préférée de Mario Condé.
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    Message  Ratdebibliotheque Sam 30 Mai 2020 - 20:49

    Merci pour cet avis, Nina.
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    Message  Nina Dim 31 Mai 2020 - 9:56

    Merci Ratdebibliothèque pour ta visite.
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    Message  Pinky Lun 1 Juin 2020 - 11:52

    merci Nina pour cette chronique
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    Message  Nina Lun 1 Juin 2020 - 12:30

    Merci Pinky pour ta visite.
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    Message  Nina Sam 14 Aoû 2021 - 11:48

    PADURA, Leonardo Couv5811

    L'automne à Cuba
    éditions Points - 288 pages

    Présentation de l’éditeur :

    L’inspecteur Mario Conde est un peu perturbé : son chef est parti à la retraite, un cyclone menace La Havane, et il découvre que nombre de ses collègues sont corrompus…
    C’est décidé, cette enquête sera la der des der. Mais le meurtre atroce d’un ancien homme politique l’entraîne plus loin que prévu.

    Mon avis :

    Mario Conde a démissionné de la police. Son supérieur, en qui il avait toute confiance, a été évincé de la police, pour ne pas dire qu’il a été mis en examen, soupçonné de corruption. Il n’est pas le seul à être soupçonné de corruption, et les rangs de la police semblent de plus en plus clairsemés. Mais à Cuba, on ne démissionne pas comme cela, et la démission du Conde ne sera accepté que s’il résout une dernière enquête. Il a trois jours pour trouver qui a tué un ancien homme politique, revenu au pays depuis peu.

    Ce n’est pas tant l’enquête policière qui est importante, que Mario Conde et Cuba. A l’aube de ses trente-six ans, Conde se livre à un bilan de sa vie, de ses rêves et de ses espoirs déçus. S’il se souvient des raisons qui ont fait de lui un policier, c’est bien qu’il n’ait pas oublié ce qui l’a contraint à arrêter ses études et à entrer dans la police. Ses rêves, c’était également les rêves de tout un peuple, le rêve d’un avenir meilleur, un avenir promis par leurs dirigeants, leurs hommes politiques qui avaient tout planfié scrupuleusement. Ceux-ci sont aujourd’hui en prison, au placard, ou à l’étranger – l’Espagne ou les États-Unis, c’est selon les opportunités et le degré de courage.

    Mario est toujours entouré de ses amis, qui semblent toujours en sursis comme El Flaco, qu’une guerre qui n’était pas la sienne a envoyé dans un fauteuil roulant, ou El Rojo, qui cherche encore sa voie religieuse et pense l’avoir trouvée. Il est encore des gens de bien à Cuba, comme ce critique d’art, qui a été placardisé et a continué à travailler dans le seul poste qu’on lui a permis d’obtenir, et qui a rempli ce poste (que d’aucuns auraient jugé minable) avec la même honnêteté que lorsqu’il était au sommet de son art. Je compte aussi le père de la victime, botaniste de son état, qui assiste impuissant à tout ce qui se passe, de l’assassinat de son fils à la destruction future de son jardin par ce cyclone qui menace La Havane.

    Le meurtre sera résolu. Ce n’est pas pour autant que Mario Conde sera satisfait.

    L’automne à Cuba – un roman qui porte très bien son titre.
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    Message  Pinky Lun 16 Aoû 2021 - 9:12

    merci Nina pour cette présentation
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    Message  Nina Lun 16 Aoû 2021 - 10:45

    Merci Pinky pour ta visite.
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    Message  Nina Lun 30 Aoû 2021 - 18:23

    PADURA, Leonardo Cover285

    Poussière dans le vent
    édition Métailié - 600 pages

    Présentation de l’éditeur :

    Elle arrive de New York, il vient de Cuba, ils s’aiment. Il lui montre une photo de groupe prise en 1989 dans le jardin de sa mère et elle y reconnaît la sienne, cette femme mystérieuse qui ne parle jamais de son passé. Ils vont chercher à comprendre le mystère de cette présence et les secrets enfouis de leurs parents…

    Leonardo Padura nous parle de Cuba et de sa génération, celle qui a été malmenée par l’histoire jusqu’à sa dispersion dans l’exil : « Poussière dans le vent. »
    Nous suivons le Clan, un groupe d’amis soudés depuis la fin du lycée et sur lequel vont passer les transformations du monde et leurs conséquences sur la vie à Cuba. Des grandes espérances des nouveaux diplômés devenus médecins, ingénieurs, jusqu’aux pénuries de la « période spéciale » des années 90, après la chute du bloc soviétique (où le salaire d’une chercheuse représente le prix en dollars d’une course en taxi) et la fuite dans l’exil à travers le monde.

    Mon avis :

    Après la lecture d’Un automne à Cuba, je n’ai pas attendu longtemps pour repartir sur cette île, avec ce roman de la rentrée littéraire 2021.

    « Qu’est-ce qui nous est arrivé ? » pourrait être le titre, aussi, de ce roman. Qu’est-ce qui est arrivé à cette bande d’amis, qui s’étaient tous réunis pour fêter l’anniversaire de Clara, le 21 janvier 1990 ? Le lecteur le saura assez rapidement, le but n’est pas de créer un suspense irrésistible, non, le but (de mon point de vue) est de dresser un portrait d’une génération de cubains et de leurs descendants.

    Pourtant, au départ, c’était deux jeunes américains dont nous étions amenés à suivre le parcours dans la première partie, Adela et Marcos. La mère d’Adela a marqué sa forte désapprobation face à la relation de sa fille unique avec un émigré cubain, un émigré qui a le tort d’avoir amené sa fille à vivre dans le quartier de Hialeah, de lui avoir fait découvrir la culture cubaine, comme si Cuba était le lieu à éviter absolument. Marcos, c’est lui aussi qui fit découvrir à Adela la photo que sa mère, Clara, a mis sur les réseaux sociaux, cette fameuse photo de son anniversaire de 1990, que tous ses amis ou presque sont venus commenter. Avec cette photo, nous allons remonter le temps, découvrir Cuba, découvrir ce qui a amené certains à partir, et d’autres à rester – et une d’entre elles à disparaître.

    Qu’est-ce qu’on est devenu ? Second leitmotiv, presque pareil au premier. Poussière dans le vent dirait Bernado, le mari de Clara, l’ex-mari d’Elisa, qui s’est évaporée. Ce roman pourrait avoir tout pour me déplaire, parce que c’est un roman choral, parce que la chronologie est souvent bouleversée, et pourtant, j’ai rarement lu un roman choral aussi limpide. Peut-être parce qu’il évite absolument les redites et les scènes inutiles. Peut-être parce qu’il ne passe rien d’important sous silence, certainement pas les émotions, les peurs, les craintes des personnages, et tant pis si leurs amis les jugent durement. Peut-être aussi parce que les repaires temporels sont faciles à suivre, les personnages ayant l’habitude de bien situer les événements les uns par rapport aux autres avec toujours, cette date qui revient, lancinante, les trente ans de Clara, et tous les événements qui s’en suivirent au cours de cette année 1990.

    Que nous reste-t-il à nous, européens, de ces années-là ? Pour les cubains, ce furent des années difficiles, des conditions de vie que l’on peine à imaginer vue de France – être ingénieur, architecte, chirurgien ne signifie pas forcément avoir du travail, avoir le droit de travailler, alors manger soi et ses enfants à sa faim est extrêmement difficile. Il suffit de lire les trésors d’inventivité que Clara devra mettre en oeuvre pour remplir à peu près les assiettes de ses deux fils, et la sienne par la même occasion. Aucun misérabilisme de sa part, pas le temps de s’apitoyer sur son sort, mais le temps de réfléchir, de faire le point sur sa vie, ses désirs, ses croyances aussi, le temps de lire les lettres envoyées par ceux qui sont partis, le temps de tendre la main à autrui.

    Rarement, encore une fois, je me suis sentie autant accompagnée au cours d’une lecture, j’ai vraiment senti les personnages comme autant d’êtres réels, riches, ayant passé, présent, avenir, ayant tissé des liens amicaux que vingt-six années n’auront pas suffit à dissoudre.

    Poussière dans le vent, un des livres les plus forts de cette rentrée littéraire 2021.
    Pinky
    Pinky
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    Message  Pinky Mar 31 Aoû 2021 - 9:08

    merci Nina pour cette belle présentation
    Nina
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    Message  Nina Mar 31 Aoû 2021 - 10:45

    Merci Pinky !
    Nina
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    Message  Nina Dim 15 Mai 2022 - 19:45

    PADURA, Leonardo 51ajja10

    L'eau de toutes parts
    édition Métaillié - 400 pages

    Présentation de l’éditeur :

    Dans ses romans, Leonardo Padura établit un dialogue entre l’Histoire et la littérature, Cuba et l’exil, la puissance de l’amitié et la douleur des rêves frustrés. Dans ce captivant recueil d’essais, il explore les coulisses de ses œuvres les plus célèbres et les plus emblématiques et les sujets qui lui sont chers (l’appartenance, la musique, le cinéma, la littérature, la lecture, le base-ball…). Véritable immersion dans la salle des machines littéraire d’un auteur mondialement reconnu, ce livre personnel et évocateur est également un hommage au genre du roman, qu’il maîtrise et affectionne tant.
    Une fascinante fenêtre ouverte sur le métier d’écrivain, sur la création artistique et l’importance de la littérature. Une masterclass humaine, brillante et profonde sur l’art du roman avec le rythme, les contradictions, l’humour et les saveurs de Cuba.

    Mon avis :

    Ceci n’est pas un roman, mais une succession d’essais qui porte avant tout sur Cuba, puis sur l’écriture. Leonardo Padura est un écrivain cubain qui a toujours vécu à Cuba, qui a vécu comme tous les autres cubains, qui a cru en les espoirs de son pays, qui, jeune, a coupé pendant deux mois de la canne à sucre « comme tout le monde » pour atteindre les objectifs fixés (et sortir le pays de la misère). Il a aussi été mis au placard, contraint de travailler dans un journal sportif, ce qui lui a permis, paradoxalement, de travailler son écriture et de ne pas être aussi malheureux que le pensait ceux qui l’ont relégué là. Il peut témoigner de la pauvreté de son pays, du fait qu’un chauffeur de taxi gagne mieux sa vie qu’un médecin (« mieux » ne veut aucunement dire « bien »), que s’acheter une voiture est très compliqué, faute de moyen. Je ne parle même pas des besoins « de base », comme se nourrir correctement, avoir accès à l’eau. Quant au système de santé si vanté, Padura admet qu’il est utile d’avoir un ami dans la place – pour se faire soigner plus facilement. Oui, le tableau qu’il dresse de son pays est sombre; Il est surtout réaliste, et c’est parce qu’il y vit qu’il peut en parler, qu’il peut aussi parler des écrivains qu’ils admirent et dont le talent n’a pu s’épanouir – écrire et publier à Cuba, toute une histoire. Padura voudrait d’ailleurs, quand il est interviewé, que les journalistes le considèrent comme un écrivain « ordinaire », comme Paul Auster, c’est à dire qu’on lui pose des questions littéraires, et pas des questions sur la politique cubaine. Etre écrivain, ce n’est pas être un spécialiste politique ou économique.

    Il nous parle aussi de la genèse de ses oeuvres – ou comment est né Mario Conde, pourquoi il lui a fait quitter la police pour en faire un détective privé. Il nous parle aussi plus longuement de L’homme qui aimait les chiens, des cinq années de travail qu’il lui a fallu pour écrire ce roman historique, de sa connaissance de l’assassin de Trotski, qui passa les dernières années de sa vie à Cuba – et cette phrase est terriblement restrictive par rapport aux émotions exprimées par Padura, par la douloureuse prise de conscience de tout ce qui a été caché, de tout ce qui l’est encore à Cuba, pour peu que l’on ne lise que les organes officiels. Encore faut-il avoir la chance d’accéder à d’autres médias. Il nous parle aussi de pourquoi écrire, cette question que l’on pose souvent, et surtout, pourquoi avoir écrit ce livre, pourquoi avoir écrit ce sujet – voir l’écriture d’Hérétiques, qui s’imposa à lui juste après l’homme qui aimait les chiens.

    J’ai failli oublier de parler du base-ball, ce sport national dont il est fan, et son père avant lui, au point de rêver que son fils aîné devint un excellent joueur de pelota. Il nous parle des clubs pour lesquels leurs coeurs battirent, mais aussi du désamour actuel des cubains au profit du football, sport qui n’est pourtant pas très pratiqué sur l’île.

    L’eau de toutes parts ou la déclaration d’amour d’un auteur à son île, son quartier, qui se termine par une évocation de « Notre Havane quotidienne ». J’espère que cet ouvrage ne touchera pas seulement les lecteurs de Padura, mais aussi ceux qui veulent mieux connaitre Cuba.

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