La librairie Tanabe.
éditions Picquier - 220 pages.
Quatrième de couverture :
Monsieur Iwa est libraire à Tokyo. Dans la librairie Tanabe, avec l’aide de son petit-fils, féru de littérature, il vend des livres d’occasion. Mais, par l’intermédiaire de leurs clients, tous deux sont se trouver impliqués dans des histoires de meurtres ou de morts étranges. Une grande perspicacité et une clairvoyance certaine alliées à une solide culture leur permettront de jouer les détectives amateurs.
Il est vrai qu’ils seront conduits à découvrir les coupables grâce au titre d’un livre, ou au détour d’une phrase : clés de toutes les énigmes.
Mon avis.
J'ai trouvé la lecture de ces cinq nouvelles particulièrement apaisante, ne serait-ce que parce que le héros est profondément humain, attentif aux autres et, bien sûr, amoureux des livres. Il ne l'a pas toujours été : pendant les quarante années qu'il a passées chez un grossiste, il ne lisait pas beaucoup, mis à part les journaux. Il reprend néanmoins la librairie par amitié pour son défunt ami Yuujiro Kabano, puisque son fils unique ne pouvait la reprendre. J'aime beaucoup la description qui est faite de la librairie, p. 173 :
"Les étagères du magasin accueillaient en général des publications distrayantes, toutes de bonnes qualité. Les romans y côtoyaient les manuels pédagogiques. On pouvait choisir entre une méthode d'apprentissage de la peinture et des contes pour enfants. Les clients venaient ici pour rêver et se faire plaisir."
Aussi, ne vend-il que des livres "plaisants", choix que, j'en suis sûre, certains trouveront discutables. Néanmoins, c'est ainsi qu'il maintient à flot son commerce, plutôt qu'en vendant la biographie en cinq volumes d'un fondateur de secte bouddhiste.
J'ai découvert un Japon intimiste, et son passé : que représente la Seconde guerre mondiale et ses bombardements, vu de l'intérieur ? Le logement, l'importance des liens familiaux, les études, le travail, les relations amoureuses sont évoquées et intégrées aux intrigues de manière très naturelle. J'ai découvert un conflit toujours sous-jacent au Japon entre les traditions et la modernité. Il s'illustre notamment dans l'émergence de "nouveaux métiers" comme pigiste, ou la comparaison explicite entre le système éducatif japonais et la plus grande souplesse rencontrée à l'étranger. J'ai découvert aussi certaines pratiques éditoriales, qui n'ont plus court : certains romans étaient vendus avec une garantie de remboursement. S'ils ne plaisaient pas, il suffisait de les renvoyer à l'éditeur, sans avoir ouvert l'enveloppe qui enveloppait le dernier quart des pages. J'ai découvert aussi la mutation dans l'écriture des romans policiers. Minoru Iwagana fait découvrir à son grand-père le genre des "polars psychologiques", dans lesquels les crimes sont commis sans mobile. L'émergence de ce genre a quasiment contraint au silence les tenants de l'ancienne manière, et leurs livres sont devenus quasiment introuvables, sauf dans les librairies d'occasion.
Ce qui pourrait déplaire est que les intrigues ne soient pas assez policières. Monsieur Iwa, le libraire, est un humaniste, un homme altruiste et généreux. Monsieur Iwa est capable de voir des détails que d'autres ne perçoivent pas, comme l'impossibilité pour le jeune voleur de la troisième nouvelle, Le clairon menteur, de s'asseoir. Pour lui, retrouver un coupable sert avant tout à préserver les vivants (comme le petit garçon du Clairon, une superbe mise en abîme d'un conte traditionnel ou le héros malchanceux d' Un mois de juin peu ordinaire) et si le coupable est interpelé, tant mieux, non pour la justice, mais parce qu'il sera ainsi hors d'état de nuire. Son petit-fils et lui sont parfois directement confrontés à la violence, et Minoru paie largement de sa personne dans la nouvelle Le chasseur solitaire.
La librairie Tanabe est un recueil de nouvelles pour amoureux des livres.
éditions Picquier - 220 pages.
Quatrième de couverture :
Monsieur Iwa est libraire à Tokyo. Dans la librairie Tanabe, avec l’aide de son petit-fils, féru de littérature, il vend des livres d’occasion. Mais, par l’intermédiaire de leurs clients, tous deux sont se trouver impliqués dans des histoires de meurtres ou de morts étranges. Une grande perspicacité et une clairvoyance certaine alliées à une solide culture leur permettront de jouer les détectives amateurs.
Il est vrai qu’ils seront conduits à découvrir les coupables grâce au titre d’un livre, ou au détour d’une phrase : clés de toutes les énigmes.
Mon avis.
J'ai trouvé la lecture de ces cinq nouvelles particulièrement apaisante, ne serait-ce que parce que le héros est profondément humain, attentif aux autres et, bien sûr, amoureux des livres. Il ne l'a pas toujours été : pendant les quarante années qu'il a passées chez un grossiste, il ne lisait pas beaucoup, mis à part les journaux. Il reprend néanmoins la librairie par amitié pour son défunt ami Yuujiro Kabano, puisque son fils unique ne pouvait la reprendre. J'aime beaucoup la description qui est faite de la librairie, p. 173 :
"Les étagères du magasin accueillaient en général des publications distrayantes, toutes de bonnes qualité. Les romans y côtoyaient les manuels pédagogiques. On pouvait choisir entre une méthode d'apprentissage de la peinture et des contes pour enfants. Les clients venaient ici pour rêver et se faire plaisir."
Aussi, ne vend-il que des livres "plaisants", choix que, j'en suis sûre, certains trouveront discutables. Néanmoins, c'est ainsi qu'il maintient à flot son commerce, plutôt qu'en vendant la biographie en cinq volumes d'un fondateur de secte bouddhiste.
J'ai découvert un Japon intimiste, et son passé : que représente la Seconde guerre mondiale et ses bombardements, vu de l'intérieur ? Le logement, l'importance des liens familiaux, les études, le travail, les relations amoureuses sont évoquées et intégrées aux intrigues de manière très naturelle. J'ai découvert un conflit toujours sous-jacent au Japon entre les traditions et la modernité. Il s'illustre notamment dans l'émergence de "nouveaux métiers" comme pigiste, ou la comparaison explicite entre le système éducatif japonais et la plus grande souplesse rencontrée à l'étranger. J'ai découvert aussi certaines pratiques éditoriales, qui n'ont plus court : certains romans étaient vendus avec une garantie de remboursement. S'ils ne plaisaient pas, il suffisait de les renvoyer à l'éditeur, sans avoir ouvert l'enveloppe qui enveloppait le dernier quart des pages. J'ai découvert aussi la mutation dans l'écriture des romans policiers. Minoru Iwagana fait découvrir à son grand-père le genre des "polars psychologiques", dans lesquels les crimes sont commis sans mobile. L'émergence de ce genre a quasiment contraint au silence les tenants de l'ancienne manière, et leurs livres sont devenus quasiment introuvables, sauf dans les librairies d'occasion.
Ce qui pourrait déplaire est que les intrigues ne soient pas assez policières. Monsieur Iwa, le libraire, est un humaniste, un homme altruiste et généreux. Monsieur Iwa est capable de voir des détails que d'autres ne perçoivent pas, comme l'impossibilité pour le jeune voleur de la troisième nouvelle, Le clairon menteur, de s'asseoir. Pour lui, retrouver un coupable sert avant tout à préserver les vivants (comme le petit garçon du Clairon, une superbe mise en abîme d'un conte traditionnel ou le héros malchanceux d' Un mois de juin peu ordinaire) et si le coupable est interpelé, tant mieux, non pour la justice, mais parce qu'il sera ainsi hors d'état de nuire. Son petit-fils et lui sont parfois directement confrontés à la violence, et Minoru paie largement de sa personne dans la nouvelle Le chasseur solitaire.
La librairie Tanabe est un recueil de nouvelles pour amoureux des livres.