Titre : La chanteuse russe.
Auteur : Leif Davidsen.
éditeur : Babel Noir.
Nombre de pages : 340.
Quatrième de couverture :
URSS, 1985. Dans une chambre de Moscou, on découvre les corps de Sonia, employée de l'ambassade du Danemark, et de Véra, une prostituée russe, dans des circonstances qui ne laissent aucun doute quant aux jeux érotiques qui ont précédé leur mort. Autour d'elles : des videos pornos et des dollars - pièces à conviction des deux plus graves délits reconnus par le régime en place.
Jack Andersen, diplomate danois, ne croit pas à la thèse de l'accident suivi d'un suicide qui est rapidement avancée. Son ambassade comme les dirigeants soviétiques ont en effet tout intérêt à enterrer l'affaire, même si une assiette en trop permet d'imaginer que les deux femmes n'étaient pas seules dans l'appartement. La quarantaine désabusée, pour penser à autre chose qu'à son divorce imminent, Jack commence une enquête qu'il croit discrète.
Mon avis :
Je voulais découvrir le roman policier danois, et cette découverte est à la fois ratée et réussie. Elle est ratée, car l'action se déroule en URSS. Minuscule bémol, en regard de la grande réussite qu'est ce roman.
La chanteuse russe nous plonge dans une époque que nous avons déjà oubliée, celle de l'URSS d'avant la Perestroïka, d'avant l'éclatement de l'URSS pour tout dire, bien avant la reconnaissance de l'indépendance des républiques baltes. L'action prend place du bon côté des choses, celui du monde diplomatique. Contrairement aux russes, les diplomates ne manquent de rien. Contrairement aux russes, ils ne sont pas obligés de rester ad vitam aeternam dans ce pays, qui n'est que l'avant-goût d'une meilleure affectation.
Le seul personnage qui tranche dans ce milieu est Jack Andersen. Il m'a été immédiatement sympathique. Lui aime ce pays, et c'est par amour pour lui, pour sa culture, qu'il a choisi cette affectation, hors de tout choix de carrière. Il n'a pas été élevé pour devenir un brillant diplomate et tranche avec ce milieu trop policé. Peu importe les piques qui lui sont lancés, il accentue comme à plaisir sa différence. Il refuse les discours convenus et déjà, le politiquement correct. Il lui importe peu que Sonia ait été légère et que sa compagne se prostituaient : justice doit leur être rendues. Il est le seul à en avoir envie puisque les intérêts du pays priment avant tout.
Il rencontre, au cours de son enquête, Lili, sa soeur de Véra, la seconde victime. Son histoire est si tragique et si absurde qu'elle serait inconcevable dans un autre pays. J'en connais même qu'elle pourrait faire rire. Lili est veuve et chante pour gagner sa vie, "sans ardeur ni intérêt", non parce qu'elle n'est pas douée, mais parce qu'elle n'aime ni ne vit ce qu'elle chante. Il n'en sera pas toujours ainsi, heureusement. Le jazz, le rock, deux genres musicaux qu'elle pratique de manière quasi clandestine, lui permettent d'exprimer sa passion pour la musique. Jack, dont la vie sentimentale est un désastre, tombe amoureux d'elle, et un homme amoureux est bien plus fragilisé.
Il en faudra du temps, des renoncements pour que les meurtres de Sonia et de Véra soient jugés. Les ramifications du pouvoir sont telles, les intérêts des uns et des autres si variables suivant l'évolution du régime qu'un intermède sera nécessaire entre les deux temps forts de l'enquête pour que tout soit enfin résolu. Il en faudra aussi, des accidents qui n'en sont pas vraiment, des rencontres clandestines, des contournements des absurdes règles de vie en vigueur pour nous mener jusqu'au dénouement. Au milieu de ce chaos, l'amitié et l'amour sont les deux seules valeurs qui ne se monnayent pas - mince rayon d'optimisme, dans un récit dont l'issue restera incertaine jusqu'à la dernière page.
Auteur : Leif Davidsen.
éditeur : Babel Noir.
Nombre de pages : 340.
Quatrième de couverture :
URSS, 1985. Dans une chambre de Moscou, on découvre les corps de Sonia, employée de l'ambassade du Danemark, et de Véra, une prostituée russe, dans des circonstances qui ne laissent aucun doute quant aux jeux érotiques qui ont précédé leur mort. Autour d'elles : des videos pornos et des dollars - pièces à conviction des deux plus graves délits reconnus par le régime en place.
Jack Andersen, diplomate danois, ne croit pas à la thèse de l'accident suivi d'un suicide qui est rapidement avancée. Son ambassade comme les dirigeants soviétiques ont en effet tout intérêt à enterrer l'affaire, même si une assiette en trop permet d'imaginer que les deux femmes n'étaient pas seules dans l'appartement. La quarantaine désabusée, pour penser à autre chose qu'à son divorce imminent, Jack commence une enquête qu'il croit discrète.
Mon avis :
Je voulais découvrir le roman policier danois, et cette découverte est à la fois ratée et réussie. Elle est ratée, car l'action se déroule en URSS. Minuscule bémol, en regard de la grande réussite qu'est ce roman.
La chanteuse russe nous plonge dans une époque que nous avons déjà oubliée, celle de l'URSS d'avant la Perestroïka, d'avant l'éclatement de l'URSS pour tout dire, bien avant la reconnaissance de l'indépendance des républiques baltes. L'action prend place du bon côté des choses, celui du monde diplomatique. Contrairement aux russes, les diplomates ne manquent de rien. Contrairement aux russes, ils ne sont pas obligés de rester ad vitam aeternam dans ce pays, qui n'est que l'avant-goût d'une meilleure affectation.
Le seul personnage qui tranche dans ce milieu est Jack Andersen. Il m'a été immédiatement sympathique. Lui aime ce pays, et c'est par amour pour lui, pour sa culture, qu'il a choisi cette affectation, hors de tout choix de carrière. Il n'a pas été élevé pour devenir un brillant diplomate et tranche avec ce milieu trop policé. Peu importe les piques qui lui sont lancés, il accentue comme à plaisir sa différence. Il refuse les discours convenus et déjà, le politiquement correct. Il lui importe peu que Sonia ait été légère et que sa compagne se prostituaient : justice doit leur être rendues. Il est le seul à en avoir envie puisque les intérêts du pays priment avant tout.
Il rencontre, au cours de son enquête, Lili, sa soeur de Véra, la seconde victime. Son histoire est si tragique et si absurde qu'elle serait inconcevable dans un autre pays. J'en connais même qu'elle pourrait faire rire. Lili est veuve et chante pour gagner sa vie, "sans ardeur ni intérêt", non parce qu'elle n'est pas douée, mais parce qu'elle n'aime ni ne vit ce qu'elle chante. Il n'en sera pas toujours ainsi, heureusement. Le jazz, le rock, deux genres musicaux qu'elle pratique de manière quasi clandestine, lui permettent d'exprimer sa passion pour la musique. Jack, dont la vie sentimentale est un désastre, tombe amoureux d'elle, et un homme amoureux est bien plus fragilisé.
Il en faudra du temps, des renoncements pour que les meurtres de Sonia et de Véra soient jugés. Les ramifications du pouvoir sont telles, les intérêts des uns et des autres si variables suivant l'évolution du régime qu'un intermède sera nécessaire entre les deux temps forts de l'enquête pour que tout soit enfin résolu. Il en faudra aussi, des accidents qui n'en sont pas vraiment, des rencontres clandestines, des contournements des absurdes règles de vie en vigueur pour nous mener jusqu'au dénouement. Au milieu de ce chaos, l'amitié et l'amour sont les deux seules valeurs qui ne se monnayent pas - mince rayon d'optimisme, dans un récit dont l'issue restera incertaine jusqu'à la dernière page.