"Beloved"
Editeur : France loisirs - 1993
Pages : 380 p.
Genre : Drame
Résumé Fnac :
En 1870, une esclave noire américaine évadée de sa plantation égorge sa fille bien-aimée; un crime commis par amour, celui d'une mère voulant à tout prix empêcher son enfant de retomber aux mains du maître. Sur sa tombe est simplement gravée l'inscription "Beloved". "Beloved" est aussi le nom du fantôme, la malédiction du bébé qui revient hanter sa mère. Premier écrivain noir américain et huitième femme à recevoir le prix Nobel de Littérature, Toni Morrison raconte de façon poignante, dans ce roman qui lui valut sa première consécration littéraire - le prix Pulitzer 1988 -, l'horreur et la folie de l'esclavage. Traduit de l'anglais (États-Unis).
Prix Pulitzer 1988.
Avis :
Un magnifique roman sur la condition des esclaves noirs américains avant et juste après la Guerre de Sécession. Ca ne fait pas de mal d'avoir une pîqure de rappel sur ce sujet, de voir dans quelles conditions ils vivaient.
Mais ce n'est pas un 'simple' roman contre l'esclavagisme ; on vit une histoire de famille et d'amour avec Sethe, maudite depuis qu'elle a égorgé sa petite fille Beloved. Fantôme qui hante maintenant sa maisonnée où elle vit avec sa belle-mère et son autre fille. L'arrivée de son beau-frère, autrefois amoureux d'elle, va en quelque sorte obliger le fantôme de Beloved à se matérialiser sous forme d'une jeune fille noire ayant tout oublié de son passé et cherchant avidement l'amour de Sethe, tout en l'éloignant de ceux qui l'aiment.
Histoire des Afro-américains, esclavagisme, histoire d'amitié et d'amour, saga car les flash-backs sont nombreux, ce roman fait penser à tout cela. Mais c'est surtout l'hsitoire de Sethe que l'on retiendra, sa volonté de rester un être humain, de sauver ses enfants, d'être libre, sa culpabilité et sa recherche de rédemption, son impossibilté depuis son crime à aimer ses autres enfants. Un très grand personnage.
Mais ce qui m'a aussi marquée c'est son histoire et celle de son beau-frère, Paul D. A-travers leur histoire on découvre leurs conditions de vie : rien que des animaux, voilà ce qu'ils étaient pour leurs maîtres blancs : celle-ci est jeune, elle pourra avoir tant d'enfants, ça nous fera tant de 'négrillons" en plus... Tout cela est aujourd'hui connu mais ça fait toujours bizarre de le voir écrit noir sur blanc. De plus, Toni Morrison ne fait pas dans le pathos, elle raconte, presque sans parti-pris. Mais ce qui est effrayant quand on lit leurs histoires c'est la façon dont ils en parlent, très détachés alors qu'ils ont vécu des horreurs. C'est comme si eux-mêmes trouvés normal qu'on les ai traités ainsi, c'est la vie, point. Du coup, en tant que lectrice on en viendrait presque à ne plus les considérer comme des personnes à part entière, on en vient presque à éprouver ce détachement qui fait partie d'eux, cette façon de ne plus rien espérer mais de continuer à travailler pour manger et à vivre parce qu'il faut bien vivre. Et alors qu'on est bien embêté avec cette indifférence, Toni Morrison, comme un coup de tonnerre, nous montre toute la beauté des personnages, leur combat, leur dignité, leur refus et leur révolte : Sethe a refusé à un moment, elle a dit stop, pas quand elle a égorgé sa fille, et comme on peut comprendre ce geste !, mais quand elle a décidé de ne plus être traitée en animal. Je n'en dit pas plus sur les raisons de sa révolte, c'est tout simple et en même temps c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Seule grosse critique pour ce roman : il n'est pas simple à lire. Au début, les flash-backs, les différents personnages, leurs pensées, tout se mélange et rend l'entrée dans ce livre un peu complexe. Ca peut rebuter. Mais il vaut largement le coup d'être lu, qu'on veuille ou non en savoir plus sur l'esclavage, car ce qui compte surtout dans ce roman c'est le personnage de Sethe. Toni Morrison a créé là un magnifique personnage.