Titre : Paola
Auteur : Vita Sackville-West.
Editeur : Le livre de poche
Nombre de pages : 126.
Présentation de l'éditeur :
Lorsque le narrateur apprend, à Londres, la mort de son oncle Noble Godavary, il n'entretient plus que des liens très distants avec ses racines. Pour l'enterrement et l'ouverture du testament, il retrouve La Grange, le cottage familial où repose son oncle, les autres membres de la famille et surtout sa cousine Paola...
Mon avis :
Le titre français est trompeur : en VO, the death of Noble Gadavary déplace le centre de ce court roman. Pourtant, Paola est bel et bien l'héroïne de ce texte, bien plus que son père ou que le narrateur du roman, son cousin et comme toute bonne héroïne, son entrée est retardée dans l'action.
D'elle, avant son apparition, nous ne connaissions que le jugement de son cousin, et le portrait dans le journal local - Noble Gadavary et sa famille vivent dans un coin perdu de l'Angleterre.
Les codes de la nouvelle sont respectées. L'action est resserrée sur trois jours. Du passé, nous en saurons très peu, mis à part le remariage de Noble avec une italienne et la naissance de leur fille Paola. Du temps de l'écriture, moins encore, si ce n'est l'empreinte que ces trois jours ont laissé sur la vie de Gervase, le narrateur. Les personnages sont peu nombreux, et aucune intrigue secondaire n'est développée.
Curieuse famille que celle des Gadavary, où l'on ne dit rien, non parce que l'on se connaît si bien qu'il est possible de se comprendre à demi-mot, mais parce que la dissimulation et le mensonge sont devenus une seconde nature, y compris dans les actes les plus banals de la vie quotidienne. Certes, nous ne savons pas pourquoi cette famille est ainsi, mais ce n'est pas génant pour le déroulement de l'intrigue. J'aurai pu croire qu'un personnage au moins de l'intrigue serait là pour racheter les autres, mais même pas, entre l'amoureux transi qui ne se déclare pas et le couple illégitime qui se cache, si je n'excepte ce personnage secondaire qu'est Julia, la domestique toute entière dévouée à ses maîtresses. Paola, certes, paraît franche - mais pour quelle raison ? Surtout, elle ne craint nullement les répercussions de ses paroles ou de ses actes.Gervase la juge froide, l'est-elle réellement ? Paola est un mystère que nul ne percera.
Ce qui me restera de cette lecture est une impression de froideur, de grisaille, comme si la nouvelle toute entière s'était déroulée sous la pluie. Je retiens un temps fort néanmoins : l'union entre les hommes et leurs chiens.
Paola est pour moi une première approche de l'oeuvre de Vita Sackville-West, que je poursuivrai avec Toute passion abolie.