Edition Elyzard poche - 241 pages.
Quatrième de couverture :
On est au début des années 80.
Banlieue parisienne. La Courneuve. Fatima et ses amies algériennes de la cité se retrouvent au square. C'est leur patio. Elles sont les premières immigrées héroïnes de la littérature française. Dalila, 7 ans, la fille de Fatima, ne quitte pas le flan de sa mère. Elle écoute les histoires du quartier. Violence et tendresse dans l'exil. Bavardages, rires, cris, colères, bagarres, viols ; flics...Dalila, battue par son père, a décidé de gagner.
Mon avis :
Fatima ou les algériennes au square est un très beau récit, que je suis heureuse d'avoir découvert au fil de mes pérégrinations littéraires.
Ce roman a été publié pour la première fois en 1981. Je connaissais déjà le lieu de l'action : la cité des 4000, à la Courneuve. Dalila y a grandi, et aujourd'hui, alors qu'elle est encore au collège, elle fuit. Elle a passé huit jours enfermée chez elle, retenue par son père. Pendant ses huit jours, elle s'est souvenue de ses sept ans, quand sa mère Fatima, allait au square pour retrouver ses amies et parler enfin librement, de tout ce qu'elles ne disaient pas à leur mari. Ses femmes ne quittaient que rarement leur quartier, contrairement à leurs époux, elles cherchaient donc à recréer un peu de ce qu'elles avaient perdu en quittant l'Algérie. Elles parlaient, racontaient parfois des faits à la limite du soutenable, et souvent, elles oubliaient la présence de la petite Dalila, la seule enfant qui n'allait pas jouer avec les autres.
Ce texte est prenant, très actuel bien que trente ans se soient passés depuis son écriture. Il est question d'hommes, de femmes, de ceux que l'on a appelé "la première génération". Il est question de l'intégration, qui ne se fait pas, d'hommes et de femmes qui se retrouvent séparés par les faits. Le cas le plus emblématique est celui d'Ali et d'Aïcha. Ils s'aiment, c'est la première certitude, mais les épreuves de la vie ont fait qu'Ali tient une petite épicerie en banlieue parisienne, il est "l'arabe du coin", ouvert à toute heure du jour, toute la semaine, et sa position dans la ville m'a furieusement rappelée celle des domestiques noires dans La vie à deux de Dorothy Parker. Sa femme vit dans les deux pièces à côté. Elle enchaîne les grossesses, ne sort pas non parce que son mari le lui interdit, mais parce qu'elle est extrêmement mal à l'aise. La promiscuité, l'isolement, la fatigue des grossesses successives et des enfants à élever font qu'elle craque et bat l'un de ses enfants. Pourquoi lui ? Elle ne saurait le dire, si ce n'est qu'elle n'est pas la seule à s'acharner sur un enfant en particulier. Un séjour à l'hôpital, deux séjours, et le troisième "accident", plus grave que les autres, provoque une enquête et surtout, une immense douleur chez Aïcha. Elle et son mari parviendront-ils à avoir enfin une vie supportable ? Je l'espère pour eux.
La force de Leïla Sebbar est de ne pas juger ces femmes, ni de les justifier. Elles-même se montrent promptes à être horrifiées par les excès de quelques-unes. En effet, c'est sur les filles, sur leur honneur que se porte toute l'attention. Les garçons ont plus de liberté, quand ils ne deviennent pas le chef de famille par délégation. Moins surveillés, ils se tournent plus facilement vers des activités illicites, et se détournent rapidement des études. Les filles, elles, sont surveillées, jugées, elles portent le poids de tous les interdits, et supportent toutes les menaces. La plus fréquente ? Celle du retour au pays. Pour le père, le pays natal est un Eldorado, la France n'est qu'un pays de passage. Pour les enfants qui ne sont qu'aller en vacances au bled, rien n'est tentant dans cette vie, absolument rien, ce qui accentue encore l'incompréhension entre les générations.
La langue est simple, mais parfois, je me suis demandée s'il n'y avait pas de petits soucis au niveau de la syntaxe avec la traduction.Que ce léger point de détail ne vous empêche pas de découvrir cet excellent livre.
Quatrième de couverture :
On est au début des années 80.
Banlieue parisienne. La Courneuve. Fatima et ses amies algériennes de la cité se retrouvent au square. C'est leur patio. Elles sont les premières immigrées héroïnes de la littérature française. Dalila, 7 ans, la fille de Fatima, ne quitte pas le flan de sa mère. Elle écoute les histoires du quartier. Violence et tendresse dans l'exil. Bavardages, rires, cris, colères, bagarres, viols ; flics...Dalila, battue par son père, a décidé de gagner.
Mon avis :
Fatima ou les algériennes au square est un très beau récit, que je suis heureuse d'avoir découvert au fil de mes pérégrinations littéraires.
Ce roman a été publié pour la première fois en 1981. Je connaissais déjà le lieu de l'action : la cité des 4000, à la Courneuve. Dalila y a grandi, et aujourd'hui, alors qu'elle est encore au collège, elle fuit. Elle a passé huit jours enfermée chez elle, retenue par son père. Pendant ses huit jours, elle s'est souvenue de ses sept ans, quand sa mère Fatima, allait au square pour retrouver ses amies et parler enfin librement, de tout ce qu'elles ne disaient pas à leur mari. Ses femmes ne quittaient que rarement leur quartier, contrairement à leurs époux, elles cherchaient donc à recréer un peu de ce qu'elles avaient perdu en quittant l'Algérie. Elles parlaient, racontaient parfois des faits à la limite du soutenable, et souvent, elles oubliaient la présence de la petite Dalila, la seule enfant qui n'allait pas jouer avec les autres.
Ce texte est prenant, très actuel bien que trente ans se soient passés depuis son écriture. Il est question d'hommes, de femmes, de ceux que l'on a appelé "la première génération". Il est question de l'intégration, qui ne se fait pas, d'hommes et de femmes qui se retrouvent séparés par les faits. Le cas le plus emblématique est celui d'Ali et d'Aïcha. Ils s'aiment, c'est la première certitude, mais les épreuves de la vie ont fait qu'Ali tient une petite épicerie en banlieue parisienne, il est "l'arabe du coin", ouvert à toute heure du jour, toute la semaine, et sa position dans la ville m'a furieusement rappelée celle des domestiques noires dans La vie à deux de Dorothy Parker. Sa femme vit dans les deux pièces à côté. Elle enchaîne les grossesses, ne sort pas non parce que son mari le lui interdit, mais parce qu'elle est extrêmement mal à l'aise. La promiscuité, l'isolement, la fatigue des grossesses successives et des enfants à élever font qu'elle craque et bat l'un de ses enfants. Pourquoi lui ? Elle ne saurait le dire, si ce n'est qu'elle n'est pas la seule à s'acharner sur un enfant en particulier. Un séjour à l'hôpital, deux séjours, et le troisième "accident", plus grave que les autres, provoque une enquête et surtout, une immense douleur chez Aïcha. Elle et son mari parviendront-ils à avoir enfin une vie supportable ? Je l'espère pour eux.
La force de Leïla Sebbar est de ne pas juger ces femmes, ni de les justifier. Elles-même se montrent promptes à être horrifiées par les excès de quelques-unes. En effet, c'est sur les filles, sur leur honneur que se porte toute l'attention. Les garçons ont plus de liberté, quand ils ne deviennent pas le chef de famille par délégation. Moins surveillés, ils se tournent plus facilement vers des activités illicites, et se détournent rapidement des études. Les filles, elles, sont surveillées, jugées, elles portent le poids de tous les interdits, et supportent toutes les menaces. La plus fréquente ? Celle du retour au pays. Pour le père, le pays natal est un Eldorado, la France n'est qu'un pays de passage. Pour les enfants qui ne sont qu'aller en vacances au bled, rien n'est tentant dans cette vie, absolument rien, ce qui accentue encore l'incompréhension entre les générations.
La langue est simple, mais parfois, je me suis demandée s'il n'y avait pas de petits soucis au niveau de la syntaxe avec la traduction.Que ce léger point de détail ne vous empêche pas de découvrir cet excellent livre.