« Rome saison 1 et 2 »
Créateurs : John Millius, William J. MacDonald et Bruno Heller
Origine : Angleterre – 2010/2011
Genre : série télévisée historique
Acteurs : Kevin McKidd, Ray Stevenson, James Purefoy…
Synopsis :
Les destins de deux soldats romains et de leurs familles alors que la République Romaine est en train de s'effondrer en laissant peu à peu la place à un Empire.
Avis :
Certainement une des plus réalistes des séries historiques : les scénaristes ont imbriqué avec beaucoup de talent la petite Histoire dans la Grande en faisant de ces deux héros principaux de simples soldats qui vont assister à la chute d’un empereur avant de voir ses successeurs se disputer le « trône » vacant. Intrigues de couloirs, manipulations, tortures et sexe, tout y est…
Cela commence surtout par une très grande amitié entre deux hommes que tout oppose, si ce n’est qu’ils sont issus du peuple : Lucius Vorenus, homme droit et honnête, doué d’une certaine intelligence, posé et plutôt rigide concernant le code de l’honneur ; et Titus Pullo, sorte de grosse brute sans foi ni loi, avide de guerre, de boisson et de femmes. Bien-sûr, leurs caractères vont évoluer au cours des épisodes. Une amitié qui commence d’une drôle de façon puisque Vorenus est chargé de punir Pullo en le fouettant car il a contrevenu aux ordres.
Cette première saison voit surtout la fin de la guerre en Gaulle, d’où César revient victorieux, et finira par l’assassinat de celui-ci. Elle fait la part belle aux intrigues amoureuses avec de nombreuses scènes de sexe par ailleurs. Sexe, sang, croyances religieuses, je ne sais plus qui a surnommé Rome « La Grande Putain » mais pour le coup elle porte bien son nom.
Vorenus et Pullo vont vite se retrouver mêler aux intrigues des grands de Rome et même combattre dans deux camps différents à la fin de la 2nde saison, pourtant leur amitié résistera à tout : aux femmes, aux hommes politiques et même à la trahison.
Au-delà du côté accrocheur de la 1ère saison, ce qui m’a énormément plu dans cette série, et que l’on retrouve dans la saison 2, c’est la Rome des bas-fonds, celle du peuple et de Vorenus et Pullo. Il ne faisait pas bon être de la Plèbe à cette époque : les gens vivaient les uns sur les autres dans la saleté et la crasse et le plus fort y faisait régner sa loi. Le contraste en est d’autant plus grand avec les nobles romains dans leurs grandes villas entourés de leurs esclaves considérés comme de simples objets qu’on utilise, viole et torture à loisir. Même Vorenus et Pullo qui ne sont pourtant pas des esclaves sont toujours dépendants du bon vouloir des Puissants. C’est ce que l’on voit aussi dans cette série, le peuple est toujours tributaire des guéguerres entre hommes politiques. Les acteurs sont d’ailleurs vraiment imprégnés de leurs rôles, je pense surtout à César, Marc-Antoine ou Octave, ainsi qu’à sa mère, la terrible Attia, qui se livre à une guerre de l’ombre sans merci avec Servilia, la mère de Brutus. Et croyez-moi en matière de manipulations et de cruauté elles peuvent en apprendre aux hommes ! On pourrait d’ailleurs croire que toutes les femmes de Rome, et autres, ne sont faites que pour manipuler et trahir les hommes. Pourtant elles aiment et sont prêtes à tout pour garder leur amour ou pour se venger d’avoir été repoussées : n’est-ce pas la volonté d’avoir les faveurs de César qui entraînera cette guerre entre Attia et Servilia, et qui causera aussi la mort de César ? Je crois surtout qu’à l’époque les femmes n’étaient considérées que comme des instruments de plaisir ou de politique et qu’elles se défendaient comme elles le pouvaient dans un monde d’hommes.
L’autre aspect qui m’a énormément plu, ou plutôt le personnage, c’est Octave, que l’on voit d’abord adolescent puis consul et futur empereur de Rome. Adolescent frêle, sous la coupe de sa mère, c’est un être d’une extrême rigueur morale (peut-être est-ce les frasques de sa mère qui l’y porte ?) et seule sa sœur trouve grâce à ses yeux. Plus âgé on le verra d’ailleurs avec une sexualité limite maladive. Ce qui m’a plu c’est le fait que personne ne voit en lui un futur dirigeant, c’est peut-être ce qui va l’aider, le fait que tous le sous-estime, à commencer par sa mère et Marc-Antoine. Seul César semble avoir vu en lui autre chose qu’un ado maigrichon.
Tout n’est peut-être pas d’une grande rigueur historique mais quel plaisir de regarder cette série et de voir l’envers de la Rome Antique. Les scénaristes y ont mis des aspects modernes, comme la haine grandissante des Romains envers les étrangers, la lassitude de ceux qui ne sont pas romains d’origine mais qui pourtant se considèrent comme partie intégrante de cet Empire (bravo aux scénaristes d’avoir introduit le renouveau de la religion hébraïque et la révolte montante des juifs de Rome et de Judée). Les acteurs sont excellents (je n’ai pas parlé de Cléopâtre mais l’actrice y est aussi très bien), la série comporte parfois des scènes très dures mais la mentalité des Romains y est vraiment bien retranscrites et surtout cette fierté d’être romain dont feront preuve jusqu’au bout Vorenus et Pullo.