COLORADO BLUES
Robert Laffont - 2002 - 234 pages
Présentation de l'éditeur
Charmeur, Jack Burdette a toujours trompé son monde. Malgré ses frasques d'adolescent, le ville de Holt lui confie sa plus grande entreprise : la coopérative agricole. Jack s'empresse de détourner l'argent, puis disparaît, abandonnant sa femme, Jessie, enceinte, et ses deux enfants. La vengeance des habitants s'abat alors sur Jessie. Jusqu'au drame. Huit années plus tard, Jack est de retour...
Mon avis :
Véritable symphonie pastorale dont les différents mouvements s'enchaînent en rythme et en intensité au fur et à mesure des pages pour terminer dans un climat irrespirable. Les acteurs de ce drame, tels des instruments de musique jouent une partition parfaitement orchestrée par l'auteur qui réussit un livre d'une beauté rare dans un climat où la poussière et le soleil se disputent la primauté et où le lecteur succombe à la léthargie de cette ville paumée du Colorado.
Holt, dans le comté de Holt, Mainstreet, la voie ferrée qui traverse la ville sans passage à niveau, juste le bruit pour reconnaître un train passant, pas même une barrière ou un feu, rien ! C'est là que Burdette père un soir de buverie trouvera la mort coincé par un train de marchandise. Devant la bidoche éparpillée, c'est sûr que le gamin, Jack, devra se forger un sacré caractère pour avancer dans la vie et arriver à un parcours dans une mouvance de normalité.
Les gens s'ennuient, car à part la coopérative et les bistrots qui qui peut intéresser si ce n'est les commérages ? Jack se pointe avec une étrangère, taiseuse de surcroît, les langues se mettent à fonctionner allégrement et pas forcément dans la gentillesse. Baver sur les uns, baver sur les autres sûr que ce n'est pas une spécialité de Holt, mais ici dans le fin fond du Colorado c'est un art.
Ce n'est ni un polar ni un thriller, juste une chronique d'une petite ville, un fait divers banal raconté par un géant et vingtdiou que c'est bon. J'ai écrit symphonie ci-dessus on pourrait comparer au Boléro de Ravel, le même thème avec, au départ un seul instrument pour finir avec tout l'orchestre dans un final d'un invraisemblance épouvantable, incroyable, à des lieux de mon attente et de ce que je pensais, mais d'une infinie gravité et intensité où le désarroi s'empare du corps pour le laisser pantelant et désabusé.
De la très grande littérature. A ne pas manquer.
Haruf comme Tapply sont des auteurs rares et de ce fait méconnus, dommage...
B