édition Casterman - 178 pages.
Quatrième de couverture :
Je m'appelle Marie et j'ai 16 ans. Si on s'était rencontrés la semaine dernière, je me serais présentée comme une lycéenne ordinaire, vivant avec sa mère dans la banlieue de Lille. Vous m'auriez alors demandé d'où me venaient ces cheveux et ces yeux si sombres. Je vous aurais répondu que j'avais du sang népalais. Vous auriez attendu la suite. Mais je ne sais rien de mes origines, ma mère a toujours refusé d'en parler. Aujourd'hui, tout a changé. Entre les pages d'un mystérieux carnet rouge, je viens de découvrir une vérité que je n'aurais jamais pu imaginer.
Mon avis :
Solide et sérieux.
Pas forcément très tentant comme début de billet.
Deux voix se croisent, celle de Marie, bien sûre, et celle de sa grand-mère. Marie appartient à une génération d'héroïne très représentée dans la littérature contemporaine, une adolescente élevée par une mère seule, le père ayant déclaré forfait depuis très longtemps. Elle est d'autant plus isolée que, comme les autres héroïnes auxquelles je pense, elle n'a ni beau-père, ni demi-frère ou demi-soeur, ni cousin, ni cousine, ni même grand-parents. Je m'interroge d'ailleurs si ce schéma récurrent traduit un véritable regard porté sur notre société, ou s'il n'est pas une facilité d'écriture : il est bien plus simple de faire évoluer un personnage que toute une famille. En terme de facilité, je trouve également que la péripétie centrale est plutôt tirée par les cheveux, et si un adolescent ne se posera peut-être pas de question, l'adulte que je suis en a quelques unes à formuler, d'autant plus qu'Anne, la mère de l'héroïne, est férue de psychologie.
Puis, vient ce fameux carnet rouge qui donne son titre au roman. Le choix de la couleur, tout en étant très symbolique, est chargé d'intertextualité. Quant à son contenu, autant il m'a paru solidement documenté, autant j'ai trouvé son écriture trop propre, trop léchée. Même avec l'aide de son mari (et souvent, l'évidence d'un narrateur extérieur au récit se faisait jour), il m'a paru peu probable que l'héroïne puisse avoir autant de recul sur son expérience, et même, concernant sa relation avec sa fille, cette analyse que j'aurai dit sortie tout droit de la bouche d'un psychologue. L'émotion nait du regard de Marie sur le destin de sa mère et de sa grand-mère, pas du texte lui même.
Une lecture sérieuse sur un sujet qui l'est tout autant, un récit solidement documenté, une écriture maîtrisée, mais pas de véritables émotions.