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    HANE, Khadi

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    Message  Nina Sam 6 Oct 2012 - 12:35

    HANE, Khadi Des-fo10

    Titre : Des fourmis dans la bouche
    Auteur : Khadi Hane.
    Editeur : Denoël
    Nombre de pages : 150.

    Quatrième de couverture :

    Gratteurs d’écailles dans une poissonnerie, vendeurs ambulants de montres de pacotille ou de statuettes en bois, journaliers payés au noir pour décharger des sacs d’un camion, hommes à tout faire d’un commerçant pakistanais qui revendait des pots de crème à l’hydroquinone censés procurer aux nègres l’éclat d’une peau blanche, la leur ne faisant plus l’affaire. Sur le marché Dejean, on trouvait de tout…
    Née au Mali, Khadîja élève seule quatre enfants à Paris, dans le quartier de Château-Rouge. Pétrie de double culture, musulmane mais le doute chevillé au corps, elle se retrouve exclue de sa communauté du fait de sa liaison avec Jacques, le père de son fils métis.
    Cercle après cercle, depuis ses voisines maliennes jusqu’aux patriarches du foyer Sonacotra et à ses propres enfants, Khadîja passe en jugement. Mais cette absurde comparution, où Africains et Européens rivalisent dans la bêtise et l’injustice, réveille en elle une force et un humour inattendus.
    Tableau intense de Château-Rouge, Des fourmis dans la bouche est porté par une écriture inventive au ton très singulier, fondée sur la double appartenance. Un roman qui dit la difficile liberté d’une femme africaine en France.

    Mon avis :

    Ce livre n'est pas un livre facile (ce qui est loin d’être un défaut) et qu’il m’a fallu du temps pour décanter mon ressenti.
    En effet, il dépeint une réalité que j’ignorai : le quotidien d’une immigrée africaine, seule pour élever ses cinq enfants à Paris. Seule, car son premier mari, à qui elle a été « vendue », l’a répudiée alors qu’elle attendait son premier enfant. Seule, car elle a été exclue de la communauté, avec violence, par la naissance de son cinquième enfant, un métis, qu’elle cache à la curiosité de ses voisines, promptes à cancaner et à inventer les pires calomnies sur cet enfant différent. Seule, car le père de son enfant, Jacques, l’a rejeté également, au point de tout faire pour l’expulser de son appartement dont il est le propriétaire.

    Des fourmis dans la bouche est un cri de colère et de révolte continu. Khadîja est croyante, même si ses prières non exaucées se transforment en cri de révolte. Elle dénonce à la fois le sort des femmes africaines, mais aussi leur propre complicité dans le maintien de cette société patriarcale. Elle montre le poids des croyances : il est impossible d’être pauvre en France, il est impossible d’y avoir faim, comme au Mali où le sort réservé aux enfants (garçons et filles) est effrayant bien qu’ils soient considérés comme la richesse de leur père : « Dans mon pays, les enfants constituent la richesse de leur père, leur nombre manifeste l’étendue de ses biens » . Khadîja, qui envoie une bonne partie de ses allocations au pays, peine à faire vivre ses cinq enfants. Pire : depuis sa liaison avec Jacques, elle est reniée par ses propres enfants, elle qui, à un moment, a été femme et mère en même temps. Le titre du roman prend alors tout son sens : « Depuis hier, mes enfants et moi n’avons rien avalé. Nous avons des fourmis plein la bouche« .
    Ce qui m’a dérangé dans ce livre est l’inespoir total, et les clichés également. L’Arabe du coin fait forcément payer les courses en nature, le fils aîné devient un petit revendeur de drogue. L’héroïne elle-même s’est un temps enivré d’espoir, en croyant d’abord que son amant pourrait tout quitter pour elle, ou, au moins, ne pas l’abandonner. Certes, à la fin du roman, Khadîja prend une décision radicale parce qu’elle est coincée et ne sait plus vraiment comment se sortir de cette situation sans issue : condamnée par les siens, elle l’est également par la justice française qui veut lui prendre ses enfants. Elle semble avoir oublié tout ce qu’elle dénonçait plus tôt, quittant un Eldorado décevant pour un pays qui l’a été. J’aurai aimé l’accompagner un peu plus, pour savoir si oui ou non elle rentrerait au pays natal et comment se passerait ce retour.
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    Message  caro Sam 6 Oct 2012 - 15:35

    Merci pour ce bel avis Nina Very Happy
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    Message  Nina Sam 6 Oct 2012 - 16:17

    Merci Caro pour ta visite.
    Je suis d'autant plus touchée que j'ai eu beaucoup de mal à rédiger cet avis.
    Pinky
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    Message  Pinky Dim 7 Oct 2012 - 10:59

    merci Nina pour cet avis du cri du coeur, il me touche aussi beaucoup parce qu'enfant j'ai été en contact avec bon nombre de familles africaines, algériennes... et parce qu'aujourd'hui j'accompagne parfois des femmes qui ont été répudiées. Je note ce livre dans mon petit carnet
    Nina
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    Message  Nina Dim 7 Oct 2012 - 11:45

    Merci Pinky.
    Si tu le souhaites, je peux te l'envoyer.
    Pinky
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    Message  Pinky Dim 7 Oct 2012 - 18:09

    avec grand plaisir Nina, je te donne mon adresse par MP
    Nina
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    Message  Nina Dim 7 Oct 2012 - 19:21

    Merci Pinky !
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    Message  Pinky Lun 3 Déc 2012 - 20:55

    Des fourmis dans la bouche

    Mon ressenti

    C’est un livre coup de poing, violent dans tous les sens du terme. Sans fioriture, j’ai suivi la vie de cette femme, je devrai dire j’ai suivi la survivance de Khadjia pour élever seule ses enfants, coincée entre deux cultures. Quoi qu’elle fasse, elle sera jugée, critiquée et sera toujours perdante parce que jamais à la bonne place : du côté français, c’est une femme de couleur avec des enfants à laquelle est collée les clichés racistes et du côté africain, elle n’est pas sous le joug d’un homme et qui plus est, elle a une relation suivie avec un blanc qui lui a fait un enfant et la délaissée à ce moment… Partie pour se libérer d’une culture qui fait la place belle aux hommes, changer de religion et trouver un paradis, la liberté mais la réalité est toute autre. Alors pour garder l’estime d’elle-même et sauvegarder le peu de liberté, elle va serrer les dents et avancer, quitte à malmener ses enfants et elle-même.

    La vie est dure, âpre dans un pays que nous connaissons bien, c’est le nôtre, la France. Je ne peux que me révolter face aux mots forts employés mais qui sont aussi tellement vrais, face à des réalités qui s’opposent : celle de cette femme, celle de notre administration de la protection sociale, celle du logement, celle du travail de ces femmes voire de leur exploitation, celle des cultures… comment un être humain bien constitué peut-il espérer dans ces conditions se construire, s’épanouir, élever ses enfants dignement quand il est toujours dans la survie… il doit faire face au moins pire, ce n’est plus une question de choix…

    C’est tout un univers qui s’étale au fil des pages : les odeurs des marchands de poissons, les cris des vendeurs ambulants de breloques, les cernes des travailleurs journaliers payés une misère pour une tâche de forçat, le marché, l'arrière-boutique d'un épicier avide de chair fraiche, mais c’est aussi le Mali, le pays natal de Kahdija source de tant de souvenirs.

    L’auteur réussit un tour de force en mêlant violences, humour, autocritiques autour d’une réflexion sur le « vivre ensemble ». Nous sommes nés avec une culture, des racines, nous ne pouvons les nier. Comment nous les faisons fructifier et grandir ? Que transmettons-nous ? L’histoire du livre parle de la double appartenance et aborde la difficile liberté d’une femme africaine en France. Kahdija est toujours en colère, méchante parfois, remplie de rage… même si je ne suis pas toujours d’accord avec elle, je peux la comprendre et la rejoindre aisément. Elle mène de front des combats titanesques pour une femme toute seule : ceux de l’intégration, ceux de l’amour, ceux de l’affiliation, ceux face aux injustices en autre et celui majeur, celui de sa survie.

    Un livre tel un plaidoyer qui laisse un malaise profond entre gêne et incrédulité mais ouvre d’autres portes sur des possibles…
    A découvrir

    Un grand merci à Nina pour cette découverte


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