Interdit
Quatrième de couverture :
"Je m'appelle Saül Weissmann, mais ne vous fiez pas à mon nom qui n'est pas juif en dépit des apparences. J'ai été, pendant soixante-dix ans, un imposteur pour les autres et pour moi-même".
Ainsi commence la confession du narrateur, un vieux survivant d'auschwitz qui apprend de la bouche d'un rabbin qu'il n'est pas juif selon la Loi de Moïse. Rejeté par les siens, Saül Weissmann se retrouve en proie à une véritable crise identitaire qui va faire surgir son double isssu de la négation de sa judéité.
S'engage alors un dialogue difficile entre ce juif et ce non juif qui cohabitent en lui : quelle identité Weissmann doit-il revendiquer ?
Mon avis :
Tout commence lorsque Saül Wissermann à l’idée saugrenue de vouloir se marier à 70 ans, avec Simone 40 ans, rencontrée 3 mois auparavant lors d’une sortie organisée par les randonneurs juifs de France. Simone, vieille fille aussi vilaine physiquement que le pêché et juive très pieuse, veut une cérémonie religieuse. En foi de quoi, le couple se rend chez le rabbin en vue d’organiser le mariage.
Là les complications commencent. Le rabbin, blanc bec de 25 ans, sûr de lui et fier de ses cinq ans d’études pour l’obtention de son rabbinat, s’ingénie avec insistance, à leur demander l’acte de mariage religieux de leurs parents respectifs, attestant de leur judaïté. Ce que Simone, prévoyante lui remet sans problème, alors que Saül n’a aucun papiers. Ceux-ci ayant disparus ainsi que toute sa famille dans les crématoires d’Auswitz. De fait, Il ne peut fournir ni document, ni les quatre témoins nécessaires pour justifier de sa judéité. Le mariage ne peut avoir lieu.
S’ensuit une situation kakaïenne, ou Le rabbin s’entête, et malgré les explications de Saül sur sa circoncision, sa déportation, sa connaissance sur la récitation par cœur du Kaddish, il lui affirme qu’il n’est pas juif. En effet, selon la loi religieuse, c’est la mère par la mère que se transmet la religion. Ne pouvant le prouver, il est considéré comme non juif pour la loi religieuse, alors que pour la loi civile européenne et israélienne il est considéré comme juif. Suite à cette révélation, Simone refuse de l’épouser, même civilement, et le rejette, de même que son père du domicile duquel il se fait jeter manu militari.
Désemparé, en pleine crise identitaire, Saül Wissermann se débat avec sa double personnalité. Le juif et le non juif, qui s’épient et se querellent l’un et l’autre sans cesse ne lui laissant pas un instant de répit….
Je ne vous en dis pas plus hormis que ce livre est un petit bijou. L’auteure manie la théorie de l’absurde et l’humour citronné avec brio. On s’amuse beaucoup à sa lecture.