Les bienfaits de la mort.
Edition 10/18 - 290 pages.
Présentation de l’éditeur :
Deux jeunes prostituées sont retrouvées sauvagement assassinées dans une maison close de Londres.
Dans la main de l’une des victimes, un morceau de papier sur lequel est inscrite une énigmatique citation biblique. Quelques jours plus tard, un cadavre est volé dans un cimetière de la capitale. L’inspecteur Decimus Webb de Scotland Yard suspecte rapidement un lien entre ces deux macabres affaires. Si Webb connaît par cœur les dédales crasseux et les maisons cossues de la capitale britannique, il est aussi aguerri aux turpitudes de l’âme humaine.
Mon avis :
Si vous aimez les romans d’Anne Perry, vous serez sans doute tenté de lire les enquêtes de Decimus Webb. Bonne idée, certes, mais le héros n’a pas le charisme de Thomas Pitt ou de Monk. Je dirai même que face à ses rivaux, il est incolore. J’ai terminé le livre voici trois jours, et les personnages secondaires m’ont laissé une bien plus vive impression que lui.
L’auteur, en effet, accorde plus d’attention à une famille en particulier qu’à l’intrigue policière. Il n’est pas nécessaire d’être grand détective pour comprendre que cette famille, qui a fait fortune dans les vêtements de deuil est liée aux crimes. Sinon, pourquoi parler d’elle ? Certes, ils sont dans une situation particulière : ils reçoivent la visite de Miss Amanda Krout, une jeune américaine émancipée, qui souhaite découvrir le vieux continent. Le choc des cultures aura lieu, progressivement, choc lié également à la personnalité de son hôte, Jasper Woodrow. Il n’est pas un parfait gentleman, plutôt un de ses tyrans domestiques tout puissants, régentant femme et enfants comme bon leur semble. Je vous rassure tout de suite : ce ne sont pas ses seules qualités.
Decimus Webb enquête dans les bas fonds de la société, et ne voit que trop bien les laissés-pour-compte de la société victorienne. Il est facile de perdre le peu que l’on a et de se retrouver au mieux à la rue, au pire dans les hospices, qui accueillent les plus misérables, ceux dont même leur famille ne veut plus entendre parler. Le poids des convenances et de la religion est bien plus fort que l’amour, sous toutes ses formes. Je ne parle même pas de la notion de solidarité, bien étrangère à la société victorienne.
Restent les chapitres où le coupable se confie à un mystérieux interlocuteur, dont nous découvrons peu à peu l’identité. Ils sont sans doute les plus intéressants du roman, et ne rendent surtout pas ce tueur plus sympathique. Je dirai même que la dernière péripétie, qui survient à point nommé, est bien tiré par les cheveux et permet un dénouement presque moral. Presque. La bonne société gagne toujours.