Titre : Le passé simple.
Auteur : Driss Chraibi.
Editeur : Folio.
Nombre de pages : 320.
Présentation de l’éditeur :
Lors de sa parution en 1954, ce livre fit l’effet d’une véritable bombe, tant en France qu’au Maroc qui luttait pour son indépendance. Avec une rare violence, il projetait le roman maghrébin d’expression française vers des thèmes majeurs : poids de l’Islam, condition féminine dans la société arabe, identité culturelle, conflit des civilisations. Vilipendé au début, commenté par des générations de lecteurs, il est enseigné depuis quelques années dans les universités marocaines.
Mon avis :
Je crois que ce livre est ma première incursion dans la littérature marocaine, et pour une première, je n’ai pas choisi le plus simple, quoi qu’en dise le titre.
Driss a six frères, un père très riche, très puissant, qu’il nomme Le Seigneur, et une mère qui a été totalement brisée par la vie qu’elle a menée. Ses seuls rôles consistaient à tenir parfaitement sa maison (son voyage, en compagnie de son fils, au milieu du livre, lui paraît presque irréel) et à mettre au monde tous les deux ans un nouvel héritier. Elle est quasiment la seule femme du roman, la seconde que nous croisons est répudiée pour une soupe froide, et ré-épouser le lendemain. Elles sont tellement résignées à leur sort que s’en est presque choquant, notamment la réaction de la mère, après le décès de son petit dernier, dans des circonstances plus que troubles. Il n’y aura pas d’enquêtes, cependant, le Seigneur est trop puissant. Puis, qui se soucie de la mort d’un petit marocain ?
La violence est omniprésente, que ce soit dans le récit ou dans le style d’écriture choisi. Driss a été choisi, parmi ses frères, pour recevoir une éducation à l’occidentale, et s’il montre son impossible intégration dans la société occidentale (ses condisciples ne le considèreront jamais comme leur égal), il se révolte également contre le poids des traditions marocaines, rejetant tous les "espoirs" qui ont été placés en lui.
La lecture de ce livre a provoqué chez moi une forte sensation d’étouffement – la liberté n’est qu’illusoire dans ce texte, et les pauses sont difficiles à trouver dans ces longs chapitres. Terminer ce livre, terminer la rédaction de cet avis est un soulagement.