La passe-miroir, tome 1.
Edition Gallimard Jeunesse - 528 pages.
Présentation de l’éditeur :
Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.
Mon avis :
Je parle très souvent, dans mes chroniques, de la mince frontière entre la littérature jeunesse et la littérature pour adulte, que certains auteurs franchissent allégrement – et tant pis si le sujet ou l’écriture ne sont pas adaptés au public visé.
Là aussi, la frontière est mince, tant le livre présente de qualités. L’écriture est maîtrisé, les personnages sont fortement caractérisés, l’intrigue nous entraîne en dehors des sentiers battus.
Prenons l’héroïne, d’abord. Elle n’est pas jolie, elle n’est pas bien habillée. Surtout, elle ne bée pas d’admiration devant de belles robes, ni devant des possibilités d’embellissement. Elle s’accepte telle qu’elle est, et c’est suffisamment rare pour être notée. Elle respecte aussi le don qui est le sien, à savoir lire le passé des objets. Fi de ses héroïnes pourries, gâtées qui rejettent leur don ou le gaspille, Ophélie sait ce qu’elle doit faire – ou non. Elle sait aussi comment user de ses dons pour se protéger. Mais je ne voudrais pas en dévoiler trop sur cette intrigue très riche.
En effet, Ophélie possède aussi le don de traverser les miroirs, et de se rendre ainsi d’un lieu à un autre. Pour les traverser, il faut pouvoir se regarder en face, sans fard, sans hypocrisie – et Ophélie possède cette force. A ses risques et périls. Elle a repoussé les propositions de mariage qui lui ont été faites, au point qu’elle n’a plus le choix, elle doit épouser Thorn, du clan des Dragons.
Ce clan est à l’opposé du sien – tout comme la Citacielle est très éloignée de la quiétude de l’Anima. Les glaces, les neiges, et les illusions ne sont pas seulement à l’extérieur, elles sont aussi dans le cœur des humains, dans leurs actes, dans leurs paroles. Il est donc particulièrement difficile pour la jeune fille de trouver sa place – et d’ailleurs, quelle place lui est véritablement destinée ? Les intrigues fleurissent, la violence est diffuse, et semble toujours avoir été la base de cette société. Ce n’est pas seulement une très bonne santé qui est nécessaire pour résister au Pôle, c’est également une capacité d’adaptation et une intelligence toujours en éveil.
Je ne serai pas très originale dans ma conclusion : à quand la suite ?