Quatrième de couverture :
Nestor est argentin. Arrivé en France pendant la dictature, il y a retrouvé Mélina, une compatriote qu’il a épousée. La vie était douce avec elle, jusqu’au drame qui les a séparés.
Depuis, solitaire, épuisé par la vie, en colère, Nestor s’est laissé enfermer dans la rassurante forteresse de sa propre chair et est devenu obèse.
Alice, médecin dans l’hôpital où Nestor se rend tous les jours, parviendra peut-être, à force de patience et de tendresse, à conjuguer sa solitude à celle de ce patient peut ordinaire.
L’écrivain se garde de conclure : trois issues s’offrent au lecteur, comme s’il était impossible qu’une histoire aussi improbable et bouleversante finisse mal.
Mon ressenti :
Dans ce livre Clara Dupont-Monod dresse le portrait de Nestor, un homme en marge de la Société. Un homme d'excès, un homme qui n'a pas peur des outrances, prêt à vivre avec un corps et une mémoire démesurés. Il mange trop, crie en dormant, ne passe pas les portes, rencontre les plus grandes difficultés à marcher et ne fait aucun effort pour se lier.
Nestor est un obèse loin d'être sympathique. Il s'est laissé aller, suite à un drame que l'auteure va nous dévoiler au fil des pages. Sa sortie journalière se résume aux aller-retour qu'il fait pour se rendre de chez lui à l'hôpital et vice versa, au chevet de femme dans le coma depuis plusieurs années suite à un accident. Auparavant, très poche de son épouse, il s'en est éloigné inexorablement depuis le drame qui les a frappé. Au point de la haîr et d'être indifférent à sa possible mort. La jeune femme médecin qui soigne son épouse, intriguée, tente de saisir le mystère de ce gros père.
L'auteure nous fait nous interroger sur les motifs qui poussent des personnes à se laisser aller ainsi, à trouver une compensation dans la nourriture. Elle nous fait prendre conscience de la réalité du gros, de tous ses maux qui l'handicap, qu'ils soient physiques ou moraux, sur le regard peu amène que nous portons sur ces personnes hors norme, sur le jugement que parfois, sans pitié nous osons poser, sur ceux que nous trouvons monstrueux et qui souvent ne nous inspirent une certaine répugnance pour ne pas parler de dégoût.