Le soldat et le gramophone
Edition Stock - 376 pages
Présentation de l’éditeur :
Aleksandar grandit près de Višegrad, dans ce qui est encore la Yougoslavie, quand se produit un drame : la mort de son grand-père Slavko. Celui dont les récits légendaires du communisme l’ont enchanté, et auquel il a fait le serment de transformer la réalité en histoires, l’enfant espère jusqu’au bout le réveiller. Son grand-père adoré n’a t- il pas fait de lui un magicien ? Mais il faudra que les pouvoirs d’Aleksandar soient grands car la guerre est proche. Viendront le temps de l’exil et d’une intégration difficile dans l’Allemagne des années 1990, obsédée par le productivisme et le coût de la réunification.
Mon avis :
J’ai lu ce roman dimanche 24 août, en me disant que j’étais capable d’aller jusqu’au bout de cette lecture, qui est tout sauf facile.
Ce premier roman est autobiographique, sans être pour autant centrée sur la seule personne Aleksander, le narrateur. Il vit au milieu d’une famille incroyable, certes, mais avec laquelle j’ai eu peu d’empathie. Ils sont tous présentés de manière hyperbolique. La tante Typhon, par exemple, qui va plus vite que tout le monde – et finalement, se moque un peu du ressenti de chacun. Le grand-père maternel était tout entier dévoué à la Drina, "son" fleuve, au point de ne pas se préoccuper de ceux qu’il laisse derrière lui (et il ne s’en préoccupait pas non plus de son vivant). Le grand-père paternel est une figure du Parti, un fidèle de Tito. , mort subitement. Son petit-fils n’a de cesse de perpétuer son souvenir, celui des histoires qu’il racontait, tout au long des 376 pages du roman.
Tout est raconté à hauteur d’enfant, sans recul, sans analyse, et c’est ce qui fait en partie le charme de ce roman. En lisant son enfance, de la cueillette des prunes à l’inauguration des nouvelles toilettes, j’ai peine à croire que nous sommes au tout début des années 90 – et je ne vous parle pas non plus des sujets de devoirs qu’il doit rédiger à l’école. Le mot "homophobie" n’existe pas encore, et ce n’est pas vraiment de cela dont Francesco, l’italien venu travailler quelques temps au village, est victime, non, plutôt des commérages et de la bétise de ceux qui se retournent contre celui qui est vraiment étranger, donc différent. Rien ne semble préfigurer la guerre qui dévastera tout – guerre qui a eu lieu juste à côté de chez nous (mais c’est vrai que, contrairement au Koweit, il n’y avait pas de pétrole).
Certaines scènes m’ont rappelé J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir de Christine Arnothy. "Guerre" n’est pas vraiment le nom qui convient, puisque les soldats s’en prennent presque exclusivement aux populations civiles, et dévastent tout sur leur passage. "Carnage" et "génocide" sont plus appropriés. Ils restent presque tout anonymes, ces soldats aussi bêtes que haineux, au contraire de leurs victimes. Les parents d’Aleks, eux, choisissent de partir, en Allemagne, chez le frère qui y travaille "au noir", puis, les années passant, de partir encore plus loin, aux Etats-Unis, pour enfin revivre. Aleks reste en Allemagne, dans ce qui fut "la meilleure partie de l’Allemagne" (la RDA) puis revient au pays, cherche à savoir qui a survécu, ce que sont devenus ceux qu’il a connus. Il retrouve Katrina, sa grand-mère paternelle, qui a voulu rester auprès de la tombe de son mari. Auprès de son fils Miki, aussi, dont on comprend à demi-mots qu’il a participé activement à la guerre. Il découvre et raconte l’horreur, en mots simples et crus.
Le livre se termine sur une lueur d’espoir. Qu'elle brille longtemps.
Edition Stock - 376 pages
Présentation de l’éditeur :
Aleksandar grandit près de Višegrad, dans ce qui est encore la Yougoslavie, quand se produit un drame : la mort de son grand-père Slavko. Celui dont les récits légendaires du communisme l’ont enchanté, et auquel il a fait le serment de transformer la réalité en histoires, l’enfant espère jusqu’au bout le réveiller. Son grand-père adoré n’a t- il pas fait de lui un magicien ? Mais il faudra que les pouvoirs d’Aleksandar soient grands car la guerre est proche. Viendront le temps de l’exil et d’une intégration difficile dans l’Allemagne des années 1990, obsédée par le productivisme et le coût de la réunification.
Mon avis :
J’ai lu ce roman dimanche 24 août, en me disant que j’étais capable d’aller jusqu’au bout de cette lecture, qui est tout sauf facile.
Ce premier roman est autobiographique, sans être pour autant centrée sur la seule personne Aleksander, le narrateur. Il vit au milieu d’une famille incroyable, certes, mais avec laquelle j’ai eu peu d’empathie. Ils sont tous présentés de manière hyperbolique. La tante Typhon, par exemple, qui va plus vite que tout le monde – et finalement, se moque un peu du ressenti de chacun. Le grand-père maternel était tout entier dévoué à la Drina, "son" fleuve, au point de ne pas se préoccuper de ceux qu’il laisse derrière lui (et il ne s’en préoccupait pas non plus de son vivant). Le grand-père paternel est une figure du Parti, un fidèle de Tito. , mort subitement. Son petit-fils n’a de cesse de perpétuer son souvenir, celui des histoires qu’il racontait, tout au long des 376 pages du roman.
Tout est raconté à hauteur d’enfant, sans recul, sans analyse, et c’est ce qui fait en partie le charme de ce roman. En lisant son enfance, de la cueillette des prunes à l’inauguration des nouvelles toilettes, j’ai peine à croire que nous sommes au tout début des années 90 – et je ne vous parle pas non plus des sujets de devoirs qu’il doit rédiger à l’école. Le mot "homophobie" n’existe pas encore, et ce n’est pas vraiment de cela dont Francesco, l’italien venu travailler quelques temps au village, est victime, non, plutôt des commérages et de la bétise de ceux qui se retournent contre celui qui est vraiment étranger, donc différent. Rien ne semble préfigurer la guerre qui dévastera tout – guerre qui a eu lieu juste à côté de chez nous (mais c’est vrai que, contrairement au Koweit, il n’y avait pas de pétrole).
Certaines scènes m’ont rappelé J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir de Christine Arnothy. "Guerre" n’est pas vraiment le nom qui convient, puisque les soldats s’en prennent presque exclusivement aux populations civiles, et dévastent tout sur leur passage. "Carnage" et "génocide" sont plus appropriés. Ils restent presque tout anonymes, ces soldats aussi bêtes que haineux, au contraire de leurs victimes. Les parents d’Aleks, eux, choisissent de partir, en Allemagne, chez le frère qui y travaille "au noir", puis, les années passant, de partir encore plus loin, aux Etats-Unis, pour enfin revivre. Aleks reste en Allemagne, dans ce qui fut "la meilleure partie de l’Allemagne" (la RDA) puis revient au pays, cherche à savoir qui a survécu, ce que sont devenus ceux qu’il a connus. Il retrouve Katrina, sa grand-mère paternelle, qui a voulu rester auprès de la tombe de son mari. Auprès de son fils Miki, aussi, dont on comprend à demi-mots qu’il a participé activement à la guerre. Il découvre et raconte l’horreur, en mots simples et crus.
Le livre se termine sur une lueur d’espoir. Qu'elle brille longtemps.