Tes yeux bleus occupent mon esprit.
Edition Elyzad - 336 pages.
Présentation de l’éditeur :
« Avant d’apprendre la profession de son père, j’étais prêt à me damner, à devenir daltonien. À inventer de l’iris vert dans le bleu de son regard ! J’étais prêt à tout accepter, tout admettre. Tout mais pas un militaire ! Pas un officier ennemi alors que les frères se battent, les mains presque nues, face à une puissance surarmée ! Au maquis ou en prison, ils meurent par dizaines depuis quatre ans, pour reconquérir notre dignité bafouée. »
Algérie, la guerre d’indépendance couve. Salim, un jeune garçon du douar, rentre à l’école et s’éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes et à ce déchirement qui le gagne inexorablement. Tel est le propos de ce roman d’apprentissage qui répond autant à l’exigence d’une mémoire personnelle qu’au souci de célébrer l’amour de vivre dans un pays en proie au fracas de l’histoire.
Mon avis :
"Je ne pense jamais comme ceux de mon clan. Les miens n’ont rien à m’apprendre. Je sais tout d’eux, ils savent tout de moi. Avec les étrangers, quelle que soit leur origine, je m’instruis en permanence, j’ai l’impression d’être en perpétuel voyage".
Ainsi parle Salim, le narrateur de ce roman, qui nous aura mené du tout début des "événements" à l’indépendance de l’Algérie. Presque huit ans se seront écoulées entre le début et la fin du récit, qui voit Salim passer de l’enfance à l’orée de l’âge adulte.
Choisir un enfant comme narrateur n’est pas chose aisée, mais Djilali Bencheikh sait les éviter. Déjà, il sait faire évoluer le langage de son héros, mais aussi son regard, son analyse sur ce qui l’entoure. Le petit garçon du douar devient un adolescent qui ne veut surtout pas devenir un berger, comme l’obstination de son père l’y condamne, un temps. Pour lui comme pour ses frères, l’émancipation passe par les études, ce qui ne signifie pas trahir les siens, comme le lui serinent certains de ses camarades.
Pas de manichéisme dans ce roman. La bêtise et la violence ne sont pas l’apanage d’un seul camp. La barbarie n’est pas passée sous silence, elle est racontée de la même manière que l’on conte un événement tragique à un enfant : en lui synthétisant les informations, sans s’étendre dans de longs discours. Peu de mots peuvent avoir beaucoup de poids.
Son frère Elgoum prendra la parole à l’avant-dernier chapitre. Il offre un regard plus mûr. De deux ans plus âgé, il n’a pas la naïveté, l’idéalisme de son frère. Il sait, crument, certains faits, certaines trahisons, certains carnages. Il est d’une grande lucidité, et d’une grande tendresse pour son frère.
Une très belle oeuvre à découvrir.
Edition Elyzad - 336 pages.
Présentation de l’éditeur :
« Avant d’apprendre la profession de son père, j’étais prêt à me damner, à devenir daltonien. À inventer de l’iris vert dans le bleu de son regard ! J’étais prêt à tout accepter, tout admettre. Tout mais pas un militaire ! Pas un officier ennemi alors que les frères se battent, les mains presque nues, face à une puissance surarmée ! Au maquis ou en prison, ils meurent par dizaines depuis quatre ans, pour reconquérir notre dignité bafouée. »
Algérie, la guerre d’indépendance couve. Salim, un jeune garçon du douar, rentre à l’école et s’éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes et à ce déchirement qui le gagne inexorablement. Tel est le propos de ce roman d’apprentissage qui répond autant à l’exigence d’une mémoire personnelle qu’au souci de célébrer l’amour de vivre dans un pays en proie au fracas de l’histoire.
Mon avis :
"Je ne pense jamais comme ceux de mon clan. Les miens n’ont rien à m’apprendre. Je sais tout d’eux, ils savent tout de moi. Avec les étrangers, quelle que soit leur origine, je m’instruis en permanence, j’ai l’impression d’être en perpétuel voyage".
Ainsi parle Salim, le narrateur de ce roman, qui nous aura mené du tout début des "événements" à l’indépendance de l’Algérie. Presque huit ans se seront écoulées entre le début et la fin du récit, qui voit Salim passer de l’enfance à l’orée de l’âge adulte.
Choisir un enfant comme narrateur n’est pas chose aisée, mais Djilali Bencheikh sait les éviter. Déjà, il sait faire évoluer le langage de son héros, mais aussi son regard, son analyse sur ce qui l’entoure. Le petit garçon du douar devient un adolescent qui ne veut surtout pas devenir un berger, comme l’obstination de son père l’y condamne, un temps. Pour lui comme pour ses frères, l’émancipation passe par les études, ce qui ne signifie pas trahir les siens, comme le lui serinent certains de ses camarades.
Pas de manichéisme dans ce roman. La bêtise et la violence ne sont pas l’apanage d’un seul camp. La barbarie n’est pas passée sous silence, elle est racontée de la même manière que l’on conte un événement tragique à un enfant : en lui synthétisant les informations, sans s’étendre dans de longs discours. Peu de mots peuvent avoir beaucoup de poids.
Son frère Elgoum prendra la parole à l’avant-dernier chapitre. Il offre un regard plus mûr. De deux ans plus âgé, il n’a pas la naïveté, l’idéalisme de son frère. Il sait, crument, certains faits, certaines trahisons, certains carnages. Il est d’une grande lucidité, et d’une grande tendresse pour son frère.
Une très belle oeuvre à découvrir.