Mères.
Editions des Syrtes - 234 pages.
Présentation de l’éditeur :
Dans la Bulgarie postcommuniste, les destins de sept adolescents, élèves dans le même lycée, se croisent dans le chaos qui les entoure et les désarrois familiaux. En » mal de mère « , Andreia, Lia, Dana, Alexander, Nicola, Deyann et Kalina vivent, chacun à leur manière, les souffrances de l’enfance ou la démission des parents. Dans ce chaos, le rêve d’une vie meilleure est incarné par Yavora, leur nouveau professeur, qui sait écouter et panser toutes les plaies. Et surtout garder l’espoir, malgré tout. De cette rencontre, les adolescents sortiront transfigurés mais détruits.
Mon avis :
« Le corps des femmes est fait pour avoir des enfants ». Phrase entendue à la radio, prononcé par un obstétricien. S’il voulait dire par là que seules les femmes peuvent porter des enfants et pas les hommes, c’est une lapalissade. S’il voulait dire que le corps des femmes est fait uniquement pour porter des enfants, c’est très réducteur, pour ne pas dire machiste. Rares sont les médecins qui admettent qu’avoir un enfant n’est pas anodin et qu’une femme peut en garder des séquelles et je ne vous parle pas seulement des fameux « kilos en trop » dont nous rebattent les oreilles les magazines féminins.
Où veux-je en venir avec cette introduction ? Tout simplement au fait que, pour les sept mères qui donnent leur nom à ce roman, devenir mère ne fut pas facile dans leur corps, dans leur vie. Qu’est-ce qu’être mère ? Celle de Kalina est devenue invalide après la naissance de sa fille, entre diabète et ostéoporose. Celle d’Alexander souhaitait se conformer à la volonté de Dieu et ne pas avoir d’enfants, puisqu’elle était stérile. Nicola n’est né que parce que sa mère n’avait pas le courage de se faire avorter. Christina, la mère d’Andreia, est en pleine dépression, faisant subir à sa fille ce qu’elle-même a subi étant enfant. Ces huit enfants sont déjà, le plus souvent, les parents de leurs parents.
Ceux-ci appartiennent pourtant à une génération chanceuse, celle qui a vu la chute du communisme et devait permettre la réalisation de tous les espoirs. Si ce n’est qu’aucun d’entre eux ne savait ce que le mot « espoir » signifiait. Des rêves, oui, certains en avaient mais peu les ont accomplis, et plutôt que de chercher en soi les raisons de cet échec, il est plus facile d’accuser l’autre, que ce soit son conjoint, ou, en son absence, son enfant.
Dans ce livre, l’enfant est souvent unique – comme si un seul accident suffisait, et après, les précautions furent prises. Il doit faire face, seul, aux errances de ses parents. La solitude est encore plus accentuée pour Deyann, séparé de sa soeur jumelle depuis la séparation de ses parents, chacun d’entre eux voulant que l’autre prenne ses responsabilités. Mot souvent prononcé ou sous-entendu, alors que personne ne semble vraiment mesurer ce qu’elle recouvre. Ainsi, la mère de Dana, qui subvient aux besoins de sa famille en partant travailler deux ans à l’étranger, sans veiller aux besoins affectifs et psychologiques de sa fille adolescente.
Faut-il alors vraiment s’étonner que tous aient vu Yarova, leur professeur, comme une lumière dans la nuit ? Ne les écoute-t-elle pas, ce que personne ne fait ? N’est-elle pas venue en aide à certains d’entre eux ? Il n’est pas facile de connaître les motivations de cette femme. A-t-elle été dépassée par ce qu’elle a contribué à créer ? La fin du premier chapitre nous le montre assez.
Mères est un livre dur, âpre, au style très particulier, asphyxiant – de très longues phrases, avec de nombreuses pauses, mimant la colère et l’urgence, l’absence de signe permettant de distinguer le dialogue du récit, comme si parler ne servait à rien, les interlocuteurs n’écoutant qu’eux-mêmes. Un livre pas assez connu en France, qui donne une vision glaçante de la Bulgarie.
Dans la Bulgarie postcommuniste, les destins de sept adolescents, élèves dans le même lycée, se croisent dans le chaos qui les entoure et les désarrois familiaux. En » mal de mère « , Andreia, Lia, Dana, Alexander, Nicola, Deyann et Kalina vivent, chacun à leur manière, les souffrances de l’enfance ou la démission des parents. Dans ce chaos, le rêve d’une vie meilleure est incarné par Yavora, leur nouveau professeur, qui sait écouter et panser toutes les plaies. Et surtout garder l’espoir, malgré tout. De cette rencontre, les adolescents sortiront transfigurés mais détruits.
Mon avis :
« Le corps des femmes est fait pour avoir des enfants ». Phrase entendue à la radio, prononcé par un obstétricien. S’il voulait dire par là que seules les femmes peuvent porter des enfants et pas les hommes, c’est une lapalissade. S’il voulait dire que le corps des femmes est fait uniquement pour porter des enfants, c’est très réducteur, pour ne pas dire machiste. Rares sont les médecins qui admettent qu’avoir un enfant n’est pas anodin et qu’une femme peut en garder des séquelles et je ne vous parle pas seulement des fameux « kilos en trop » dont nous rebattent les oreilles les magazines féminins.
Où veux-je en venir avec cette introduction ? Tout simplement au fait que, pour les sept mères qui donnent leur nom à ce roman, devenir mère ne fut pas facile dans leur corps, dans leur vie. Qu’est-ce qu’être mère ? Celle de Kalina est devenue invalide après la naissance de sa fille, entre diabète et ostéoporose. Celle d’Alexander souhaitait se conformer à la volonté de Dieu et ne pas avoir d’enfants, puisqu’elle était stérile. Nicola n’est né que parce que sa mère n’avait pas le courage de se faire avorter. Christina, la mère d’Andreia, est en pleine dépression, faisant subir à sa fille ce qu’elle-même a subi étant enfant. Ces huit enfants sont déjà, le plus souvent, les parents de leurs parents.
Ceux-ci appartiennent pourtant à une génération chanceuse, celle qui a vu la chute du communisme et devait permettre la réalisation de tous les espoirs. Si ce n’est qu’aucun d’entre eux ne savait ce que le mot « espoir » signifiait. Des rêves, oui, certains en avaient mais peu les ont accomplis, et plutôt que de chercher en soi les raisons de cet échec, il est plus facile d’accuser l’autre, que ce soit son conjoint, ou, en son absence, son enfant.
Dans ce livre, l’enfant est souvent unique – comme si un seul accident suffisait, et après, les précautions furent prises. Il doit faire face, seul, aux errances de ses parents. La solitude est encore plus accentuée pour Deyann, séparé de sa soeur jumelle depuis la séparation de ses parents, chacun d’entre eux voulant que l’autre prenne ses responsabilités. Mot souvent prononcé ou sous-entendu, alors que personne ne semble vraiment mesurer ce qu’elle recouvre. Ainsi, la mère de Dana, qui subvient aux besoins de sa famille en partant travailler deux ans à l’étranger, sans veiller aux besoins affectifs et psychologiques de sa fille adolescente.
Faut-il alors vraiment s’étonner que tous aient vu Yarova, leur professeur, comme une lumière dans la nuit ? Ne les écoute-t-elle pas, ce que personne ne fait ? N’est-elle pas venue en aide à certains d’entre eux ? Il n’est pas facile de connaître les motivations de cette femme. A-t-elle été dépassée par ce qu’elle a contribué à créer ? La fin du premier chapitre nous le montre assez.
Mères est un livre dur, âpre, au style très particulier, asphyxiant – de très longues phrases, avec de nombreuses pauses, mimant la colère et l’urgence, l’absence de signe permettant de distinguer le dialogue du récit, comme si parler ne servait à rien, les interlocuteurs n’écoutant qu’eux-mêmes. Un livre pas assez connu en France, qui donne une vision glaçante de la Bulgarie.