Kill List
Edition Albin Michel – 368 pages.
Présentation de l’éditeur :
La « Kill List » : le secret le mieux gardé du gouvernement américain. Les noms de tous ceux qui menacent la sécurité du monde.
Le Prédicateur : l’ennemi public nº1. Un fanatique islamiste qui incite les jeunes musulmans à tuer des personnalités occidentales de premier plan.
Le Traqueur : ex-US Marine, un des agents antiterroristes les plus redoutables des Etats-Unis.
Alors qu’une vague de massacres déferle sur l’Occident, ordre est donné d’éliminer le Prédicateur. Mais comment arrêter une ombre ?
Mon avis :
Si vous êtes fan de la série NCIS, ou si vous aimez les romans d’espionnage, ce livre est fait pour vous. Je ne connaissais pas du tout cet auteur (et c’est vraiment une phrase que j’écris très souvent en ce moment) qui, visiblement, a de nombreux fans, et je ne suis pas déçue par ce thriller américain écrit par un anglais.
Nous sommes dans un roman bien ancré dans le monde d’aujourd’hui, un monde où les crimes, les attentats prennent naissance dans le réseau internet et devraient y rester – mais ce serait beaucoup trop simple, tuer virtuellement quelqu’un n’est pas intéressant (encore que…). Je pense à Pandemia, que je viens de lire, et dans lequel les criminels de la vie réelle se sont d’abord connus sur la toile. Ici, pas de connaissance réelle, pas de recrutement direct ou de mode d’emploi pour fabriquer une bombe, non, mais une influence sur des hommes qui ne semblaient pas, aux yeux des autorités, des candidats idéals pour devenir des terroristes, mais le sont devenus. Plus dangereux encore puisque leur enrôlement était imprévisible. Est-ce crédible ? Oui – combien de personnes « inconnues des services de police » et/ou décrites par leurs voisins comme « polis, gentils » n’ont été interpelés, à l’étonnement général des enquêteurs et des médias ? Que ce soit en Angleterre ou aux Etats-Unis, la cyber-surveillance est de mise – la cyber-répression n’est pas toujours efficace.
De l’autre côté (je veux dire, celui des gentils, chargés de protéger les citoyens), nous avons des parcours très linéaires, pour ne pas dire très prévisible. Le héros est fils de militaire, il grandit au gré des mutations de son père, il suit le cursus pour devenir à son tour militaire, dans le corps d’armée qui lui convient (Semper fi ! Les marines sont omniprésents à la télé et au cinéma). Il mène, finalement, entre deux opérations dangereuses, une petite vie bien tranquille émaillée par des épreuves. D’ailleurs, on pourrait presque croire que le sort s’acharne sur lui après la mort de sa mère, de sa femme (il ne sera guère question de ses soeurs dans le récit – parce qu’elles ne sont pas militaires ?) et la disparition tragique de son père, qui pousse le traqueur (une fonction plus qu’un nom) à se lancer davantage dans… et bien dans la traque.
Bien sûr, on pourrait reprocher que les deux affaires (une intrigue secondaire vient se greffer à la première) soit avant tout des affaires personnelles – les enquêteurs ont des liens avec les victimes. Certains auraient sans doute préférer que l’on reste dans la traque du héros solitaire sans peur, sans reproche, ou du riche homme d’affaires qui n’a que ses employés à protéger. Certes. Mais c’est oublié que chaque affaire reste personnelle. Chaque victime, et c’est ce que ce roman tend à faire, a un nom, un visage, une famille, des proches, un passé à défaut d’être privé(e) d’avenir. Ce sont des êtres humains, et pas les symboles du capitalisme (je vous épargne des termes plus crus) que les terroristes veulent voir. Ne jamais oublier l’humain, pas même chez les tueurs, ne jamais être réducteurs, même si c’est difficile.
Kill list, un roman d’actualité.