Landfall
Edition Gallmeister - 304 pages.
Présentation de l'éditeur :
Un matin de septembre 2005, Rose, à peine âgée de dix-huit ans, s’apprête à rejoindre La Nouvelle-Orléans avec sa mère. Les deux femmes vont porter secours aux sinistrés de l’ouragan Katrina. Mais sur la route, leur voiture quitte la chaussée et percute une jeune fille. Cette inconnue, morte dans l’accident, seule et sans le moindre papier d’identité,, ne tarde pas à obséder la rescapée. D’autant que dans sa poche on retrouve une page d’annuaire avec les coordonnées de la famille de Rose. Celle-ci n’a alors d’autre choix que de retracer pas à pas le parcours de la victime, à travers une ville en ruine après le passage de l’ouragan.
Mon avis :
J’ai eu beaucoup de mal à rédiger cet avis. Cela aurait peut-être été plus facile si le roman n’avait pas été aussi réussi. Dire que ce livre est un premier roman me paraît presque superflu, tant celui-ci est maîtrisé, tant les mots utilisés sont forts, justes, tant la construction du roman ne laisse place à aucune mièvrerie, aucun épanchement. Aussi, je vais essayer de revenir sur ce qui m’a marqué, intéressé, plutôt que de rédiger une critique plus traditionnelle (et beaucoup d’autres excellentes critiques ont été écrites avant la mienne).
Bien sûr, il y a Katrina, Katrina et ses conséquences, telles qu’on ne les a pas soupçonnés de France, telles que je ne l’avais pas encore lu dans d’autres romans. Une autre vision de l’Amérique, où rien ne semble avoir véritablement changé en un siècle, en dépit de discours bienveillant. La stupeur que les faits qui sont racontés soient encore possibles de nos jours. « Laissons-les se noyer » ou encore « Pas le genre de personnes que l’on veut chez nous » : ces deux phrases, approuvées par les « bons » citoyens, trouvent des résonances très actuelles chez moi. La couleur de peau des héros est un détail sans importance, m’avait soutenu une blogueuse un jour. J’aimerai que cela soit vrai. Ce serait formidable si c’était vrai. A la lecture de Landfall, peut-on vraiment le croire ?
Cependant, le thème qui a le plus retenu mon attention est celui des relations mère/fille, et celui de la transmission – ou de l’absence de transmission. Comment transmettre ce qu’on n’a pas reçu ? Comment combler un manque en en créant d’autres ? Même si les systèmes éducatifs de Gertrude et de Cilla sont très différents, pour ne pas dire complètement opposés, les deux mères ont en commun leur amour pour leur fille. Bien sûr, la situation semble plus difficile pour Rosy, qui a dû devenir très tôt la mère de sa mère. Rosy, jeune femme morte dont nous entendons la voix, dont le chemin nous est retracé. Rosy n’est pas la seule morte dont nous entendons la voix. Gertrude aussi, apparaît, certes, assez peu en proportion du parcours de Rosy, mais suffisamment pour nous éclairer sur son propre cheminement, ce qui l’a conduit à éduquer sa fille comme elle l’a fait.
Rosy et Rose, prénoms jumeaux, pour destins croisées, l’une faisant à l’envers le chemin de l’autre, mettant ses pas dans les siens, avec les mêmes chaussures, Dorothy moderne avec son propre ouragan, qui rencontrera elle aussi des personnes (rares) prêtes à l’aider.
Enfin, je terminerai par la fin, l’ultime page du roman – que je ne dévoilerai pas. Il est difficile de trouver la première phrase d’un roman. Il est tout aussi difficile de trouver la dernière phrase d’un récit, celle avec laquelle nous disons au revoir aux personnages qui nous ont émus. Et cette dernière phrase ne fait pas exception à la tonalité du roman, juste et sensible.
Landfall – à lire, à faire découvrir autour de soi.