Présentation de l’éditeur :
L’Incandescente, c’est Marcelle, une adolescente vive, casse-cou, seize ans au début du roman, vingt-deux à la fin. Ce sont ses lettres écrites à Emma, la mère de la narratrice (la romancière Claudie Hunzinger), qui tissent la trame de ce roman d’amour. Autour de Marcelle et d’Emma, évoluent d’autres jeunes filles. Toute cette joyeuse bande est guettée par la maladie de ce temps, la tuberculose, ici vécue et racontée par une « enfant terrible », Marcelle, ce qui donne à l’histoire une hardiesse intrépide.
Il y a aussi dans ce roman un autre personnage clef, Marcel, le père de la narratrice, dont la face sombre et cachée se révélera soudain…
Mon avis :
Ce roman aurait pu être présentée uniquement sous une forme épistolaire : c’est à partir des lettres retrouvées, échangées entre Emma et Marcelle que la narratrice retrace l’histoire des deux jeunes filles. Ce n’est pas le cas, fort heureusement : il y a une vie entre les lettres, après les lettres. Il y a, surtout, toute la période où elles furent ensemble et n’eurent pas besoin de s’écrire, les périodes de retrouvailles, et la fin de leur correspondance.
Je vous rassure : la narratrice ne nous gâche pas la lecture en nous racontant comment leur histoire s’est terminée. Si elle anticipe certains événements, ce sont uniquement ceux qui la concernent directement, elle, ses parents et ses frères et soeurs. Ou comment Emma, sa mère, a aimé Marcelle, puis Marcel, troublante homonymie. En lisant ce livre, nous découvrons à la fois l’histoire des deux épistolières, mais aussi l’histoire de la narratrice en train de lire ces lettres, de s’interroger sur l’attitude d’Emma, de le rapprocher de la manière dont elle se comporta envers sa fille, comportement dont elle ne détient pas encore l’explication, juste des interprétations possibles. Emma ne se laisse pas deviner si facilement, contrairement à Marcelle ou à Thérèse, une autre jeune fille dont elle fut très proche.
Oui, ce livre nous montre un univers presque exclusivement féminin, ce qui ne signifie nullement qu’il est niais ou éthéré. Les jeunes filles que nous croisons sont toutes les aspirantes enseignantes, les toutes premières quasiment, hussardes noires qui allaient être envoyées aux quatre coins de France, si leurs résultats le leur permettaient. Leurs résultats, et leur santé. J’ai eu envie de rentrer sur la pointe des pieds dans cet établissement où étaient envoyées Marcelle, Marguerite,Hélène et toutes celles qui n’avaient pas de prénoms, pour soigner leurs poumons malades. Elles sont unies, parce que quasiment seules avec la maladie, le médecin qui autorise ou non telle ou telle traitement selon la gravité de leur état. C’est Marcelle, toujours (forcément) qui écrit, avec une lucidité parfois effrayante. Nous ne sommes pas à la douce époque où l’on parle de pensées positives, de la volonté qui permet de guérir, et autres discours fades. L’on est à une époque où il manque l’essentiel pour guérir : un traitement réellement efficace. Nous voyons ces jeunes filles profiter de la vie malgré tout, malgré l’avis des médecins parfois. Marcelle parvient à faire rentrer, à travers les défis qu’elle se lance, à travers la nature qu’elle observe, une énergie poétique.
Ouvrir les portes des établissements de soin, ouvrir son coeur, dire ce que l’on a à dire, même si c’est définitif, ouvrir les armoires, les lettres, et ouvrir la fin du roman pour dresser un pont vers un autre roman. Qui sait ? Marcelle, l’incandescente, invite à ne pas renoncer, à vivre plus fort.