Débarquement
Edition Gaia - 204 pages.
Mon résumé :
Julie, ancienne thésarde, est gui sur les plages du Débarquement. Son couple va mal, son mari Henri a pris ses distances. C’est à ce moment qu’elle découvre que sa fille Emma, huit ans, ne va pas bien. Le verdict tombe : leucémie. Les combats commencent.
Mon avis :
j’ai l’impression vraiment de poursuivre un cycle, celui du rapport des femmes à la maternité. Ici, la situation est tragique : la fille unique de Julie est atteinte de leucémie, et même si, de nos jours, elle a 80 % de chance de guérir, Julie n’oublie jamais, face à tous les protocoles, toutes les précautions à prendre, drastiques, afin d’éviter les complications et les rechutes. Pour paraphraser le médecin-chef qui suit Emma, nous sommes loin des années 70 et de son taux élevé de récidive.
Seulement, Julie a un autre combat à mener, d’ordre intime : son mari s’est éloigné d’elle, définitivement semble-t-il. le reconquérir ? Impossible, au vue de l’échec de ses tentatives, bien avant la maladie de sa fille. Divorcer ? Pas si simple quand il faut présenter un front uni face au cancer, même si la moitié des couples se sépare après la maladie de leur enfant, que l’issue soit heureuse ou non – une statistique que je ne connaissais pas.
Ce qui m’a frappé, à cette lecture, est l’échec du couple, et l’absurdité des concessions faites par l’un et l’autre pour que leur couple perdure. Julie n’est jamais allée au bout de sa thèse, Henri a renoncé à sa belle carrière de journaliste parisien parce que Julie voulait vivre en Normandie – pour être proche des plages du Débarquement. Elle n’a jamais vraiment eu son mot à dire pour l’aménagement de leur maison, signe de leur réussite sociale et amoureuse – il a toujours choisi tout ce qui était à bas prix. Elle vit désormais dans un appartement, comme beaucoup de femmes divorcées, loin de ce symbole de réussite qu’est la maison, ayant la garde partagée de sa fille, et ne pouvant avoir aucun contact avec elle quand elle est avec son père (Note : il est des couples qui se séparent en prenant davantage en compte les enfants).
Ce qui m’a frappé est la reproduction de l’unicité : Henri et Julie, dont les prénoms riment, semblent être enfant unique. Tous deux n’ont que peu de lien avec leurs mères qui, du moins dans un cas, ont choisi l’éloignement. Quant à la meilleure amie de Julie, elle n’a qu’une seule fille, Léa, parce que la deuxième, Anna, est décédée de la mort subite du nourrisson et qu’elle a refusé de suivre les conseils des médecins, en ayant un autre enfant. Des prénoms qui, ici encore, se ressemblent, sont « à la mode », pratiques, courts, féminins – et presque interchangeables.
Eux n’ont pas de prénoms, ce sont les soldats, ceux du Débarquement, ceux qui étaient déjà sur place – les Allemands – dont Julie évoque le parcours pour chacun des groupe qu’elle guide. Pas d’érudition abusive, dans aucune des parties du roman, le lecteur en apprend beaucoup plus sur ce qui s’est passé ce jour-là, sur la vie quotidienne en Normandie, sur les choix que certaines ont fait pour que les leurs vivent mieux. Julie se garde bien de juger, elle est historienne, elle est mère.
Et moi, en refermant ce livre, de me demander ce qui a pu attierr une auteur finlandaise à nous compter avec tant de force ce Débarquement.