Millenium blues
Edition Fayard - 234 pages
Présentation de l’éditeur :
Millénium Blues raconte une transition, de la fin des années 90 à nos jours, à travers le regard piquant et nostalgique de Zouzou. Dans une saga moderne, elle promène sur son époque son regard d’enfant, d’adolescente, puis de jeune femme, et enfin de mère, tout cela dans le désordre ou presque.
Le 11 septembre 2001, la coupe du monde 1998, le second tour de l’élection présidentielle de 2002 ou encore la Grippe A, sont autant d’évènements qui jalonnent le récit privé de la jeune femme.
Mon avis :
Ce qui m’a attiré, en plus du nom de l’auteur, c’est la couverture, d’un bleu apaisant, sur laquelle tranche les écouteurs blancs, symboles de ce nouveau millénaire, à la fois ouverture vers l’écoute illimitée de créations musicales et enfermement sur soi. La narratrice, c’est Zounia dite Zouzou. Elle nous raconte sa vie, de son enfance à maintenant, dans l’ordre des émotions sans jamais nous perdre dans la chronologie. Sa vie, et ce passage à l’an 2000 où l’on pensait que tout irait mieux, que l’on pourrait enfin se parler, comme si avant, c’était impossible. Rêve ? Oui.
Zouzou est fille de divorcée, née d’un mariage mixte. Elle est le lien entre deux parents qui n’ont rien à se dire. Mariage qui a déplu fortement à la grand-mère de Zounia, la mère de sa mère, qui a aligné les clichés sur les mariages mixtes avec constance.
Ce que nous montre ce livre ? L’isolement. La grand-mère, d’abord, abandonnée dans une maison de santé par ses trois filles, parce qu’aucune ne voulait ou ne pouvait la prendre en charge. Isolement de la mère de Zouzou, qui ne refera jamais sa vie. Isolement de Zouzou, fille unique, et de sa meilleure amie Carmen, dont le père semble venu tout droit, par sa mentalité, d’une autre époque, Simone, octogénaire, seule avec Zouzou son assistante de vie – ou comment s’ouvrir aux autres après avoir vu et vécu l’isolement.
Livre anti-glamour, il montre l’envers du décor d’une catégorie censée faire rêver : les acteurs. Ils jouent constamment, même sur papier glacé. C’est peu de dire que ce n’est pas glorieux, ce n’est même pas amusant.
Zouzou nous retrace une époque, la nôtre, la sienne, elle ne dresse pasun catalogue vide, elle raconte les faits qui ont véritablement fait partie de sa vie, qui l’ont accompagnée, comme la coupe du monde 98 (Youri Djorkaeff plutôt que Zinedine Zidane) ou le 11 septembre. Elle est une fille de notre époque, elle qui souhaite pour son enfant de ne plus vivre dans un monde où l’on a peur de tout le monde.
Les chapitres sont courts parce qu’ils disent l’essentiel, non le superflu. Le langage est simple, ce qui ne veut pas dire simpliste – être immédiatement compréhensible est plutôt bon signe.
Il est aussi question de résilience, du fait de parvenir à continuer sa vie en dépit des épreuves. Parce que, pour reprendre une expression de ces années-là, la vie n’est pas un long fleuve tranquille.