Les filles ne mentent jamais
Edition Sarbacane - 202 pages.
Présentation de l’éditeur :
Banlieue-en-France, des années 70 à nos jours.
Elles sont quatre « moineaux de téci » : Fatou, Nadia, Marie-Jo et Katérina. Quatre filles racontant tour à tour leur histoire commune, des bancs de l’école à l’âge adulte. C’est la petite Marie-Jo qui espère que les mots peuvent guérir, « comme l’alcool à 90° ».
C’est la révolte adolescente de Nadia l’insoumise.
C’est Fatou, devenue maman, qui reprend la parole qu’on lui avait volée…
C’est l’exclusion de Katérina l’Ukrainienne.
Quatre portraits vivants, quatre voix qui s’écri(v)ent, dessinant des existences colorées, chahutées, lumineuses…
Mon avis :
Je me demande ce qui fait qu’un livre occupe une place prépondérante dans la littérature, ou qu’il sombre très vite dans l’oubli. Je n’ai trouvé qu’une critique de ce livre sur Babelio – contre 225 pour Sauveur et fils, tome 1. La première fois que ma route littéraire a croisé celle de Flo Jallier, c’était en 2011, à la parution de Les déchaînés, livre dont tout le monde, dans mon milieu professionnel, disait le plus grand bien, pour des raisons diverses et variées, raisons pour lesquelles je n’ai pas lu ce livre : si un livre ne m’attire pas, je ne me force pas, quel que soit le jugement donné sur lui.
Aujourd’hui, à la bibliothèque, je suis tombée sur Les filles ne mentent jamais. Le sujet est très intéressant : le destin de quatre jeunes filles issues d’horizons différents, qui ont toutes les quatre grandi en banlieue. Y sont évoqués le poids de la religion, des grands frères, mais aussi l’excision. Le lecteur peut voir comment Marie-Jo, Nadia, Fatou et Katérina s’en sortent – ou pas. Ce ne sont pas forcément celles qui ont tiré les meilleures cartes qui s’en sortent le mieux. Ces sujets, très forts, auraient-ils effrayé parents et professeurs – les premiers prescripteurs après tout ? Je ne crois pas. Je crois que, ce qui a dérangé, et a fait que j’ai failli très vite refermer le roman est le mode narratif choisi. L’auteure écrit comme l’on parle, apocope, aphérèse et élision comprises. Elle essaie de retranscrire le langage d’un enfant de huit ans, auquel s’ajoute celui d’une jeune immigrée ukrainienne. Ce n’est pas que c’est ardu à lire, c’est que c’est très pénible. Vous l’aurez compris, je n’ai pas vraiment apprécié ce parti pris, parce qu’il représente à mes yeux la manière dont l’auteur voit la transcription du langage d’un groupe d’enfants de huit ans. Je suis quasiment certaine que c’est ce parti-pris qui a écarté des lecteurs. A tort, à raison ? L’auteure a fait son choix, les lecteurs ont aussi le droit de faire le leur.
Du coup, à cause de la forme, on s’écarte du fond – le texte devient plus lisible quand les enfants sont devenus adultes, il redevient moins lisibles quand sont retranscrites les paroles de Katérina. Les autres enfants se moquaient de sa façon de parler, elle ne percevait pas vraiment leur ironie, et c’est avec sa voix que se conclut le roman. Elle aime les chevaux, elle est issue d’un autre milieu, elle qui partira dans une école d’équitation, que les filles de la « teci ». Que penseraient les actuelles jeunes filles, qui vivent en banlieue, de ce livre ? J’aimerai bien le savoir.