Spada
édition Agullo – 311 pages.
Mon résumé :
La Roumanie, de nos jours. Un homme est retrouvé poignardé, puis un deuxième, encore un troisième. Le point commun entre les trois ? Ils ont tous un casier judiciaire et son tous d’origine tzigane. Qui peut bien être cet insaisissable tueur ?
Mon avis :
Bonjour à tous ! Je viens ici pour vous présenter un thriller roumain. En effet, un tueur en série sévit en Roumanie, il poignarde ses victimes, ne laisse pas de survivants, et toutes les forces de police vont jeter leur forces vives pour le mettre hors d’état de nuire.
Ah, on me souffle dans l’oreillette que ce n’est pas exactement ainsi que cela se passe. Comment ? La police ne fait pas d’efforts pour l’arrêter parce qu’elle n’a aucun indice, aucune piste mais une dizaine de cadavres ? C’est tout de même un peu embarrassant, non ?
Et bien, oui et non, parce que la recherche du tueur n’est pas l’élément le plus important de ce roman. Bodgan Teodorescu dresse un portrait corrosif de la société roumaine. La presse est totalement libre. Libre de se faire acheter, libre de se faire dicter ce qu’elle doit dire ou faire, libre de déprogrammer une émission, un film pour assurer une meilleure audience à de sympathiques hommes politiques qui ont des choses très importantes à dire – sur le Poignard, justement, le tueur qui occupe tout le monde et que personne n’arrête.
Les faits sont importants, la manière dont ils sont instrumentalisés l’est plus encore. Servir l’intérêt d’un parti, stigmatiser une communauté, se retrouver avec la communauté internationale sur le dos – voici ce qui nous attend. La plupart des événements nous sont présentés de manière brute, comme si le lecteur était un témoin, et après nous voyons le parti que certains en tirent, les tourments du malheureux président et de ses ministres. Oui, je le plaindrai presque, ce président, obsédé par son rival, le discours idéal, abreuvé de thé et nourri de biscuits. Quant au discours nationaliste, il n’est même pas besoin de changer un mot, il pourrait être reproduit par n’importe quel extrémiste de n’importe quel pays d’Europe. N’oublions pas non plus l’armée, qui se tient prête…. à remettre de l’ordre, à sa manière.
L’intrigue tient ses promesses jusqu’à la dernière page, avec un final surprenant, mais pas étonnant au vue de tout ce que l’on a découvert auparavant.
Après La ferme aux poupées de Wojciech Chmierlarz, la maison d’édition Agullo me semble vraiment présenter des auteurs hors des sentiers battus.