UN HOMME EST MORT
Kris et Etienne Davodeau
Edition Futuropolis - 73 pages - 2006
Résumé éditeur :
1950, la guerre est finie depuis cinq ans. De Brest il ne subsiste plus rien. Des bombardements massifs et des combats acharnés de presque un mois ont anéanti la ville, son port, son arsenal. Brest est un désert.
Il faut tout reconstruire.
195O, Brest est un immense chantier. De la ville fortifiée, aux ruelles étroites, une nouvelle ville va surgir, orthogonale, rectiligne, ordonnée, moderne, ce sera Brest-la-Blanche, qui deviendra très vite, Brest-la-grise.
Des milliers d'ouvriers travaillent sur les chantiers.
1950. C'est la grève. Les chantiers sont immobilisés, les ouvriers de l'Arsenal rejoignent le mouvement. De violents affrontements surviennent lors des manifestations.
Le 17 avril, le drame se produit. La police tire sur la foule, blessant plus de vingt personnes et tuant un homme. Édouard Mazé.
Le lendemain, appelé par la CGT pour tourner un film sur le mouvement, René Vautier débarque clandestinement à Brest (il est alors recherché par la police suite à un premier film documentaire, Afrique 50, témoignage sans concessions du système colonial français d'après guerre).
René arrive dans une ville en état de siège. Le lendemain, ont lieu les obsèques d'Édouard Mazé.
Une foule immense, un peuple entier accompagnera son cercueil.
En s’attachant à la véracité des évènements, en respectant la paroles des témoins, Kris et Étienne Davodeau nous redonnent de l’espoir en l’homme et à sa faculté de tenter de se faire maître de son destin.
Mon avis :
Au départ ce qui m'a plus dans ce livre c'est sa beauté, oui en le voyant, en vacances, chez des amis, j'ai été attiré par l'élégance de cette bande dessinée, son format inhabituel, la simplicité de la couverture, sa couleur rouge sang et son graphisme.
Il est difficile d'en dire plus que l'éditeur, ci-dessus, résumé complet s'il en est.
Néanmoins c'est l'histoire d'un film disparu aujourd'hui, film qui sera tourné par Vautier avec très peu de moyen, destiné à être vu par le plus grand nombre de sympathisants communistes et/ou syndicalistes CGT pendant les grèves lors de la reconstruction de la ville de Brest.
Au fur et à mesure qu'il sera montré le film s'étiolera et les compagnons seront obligés de trouver des subterfuges pour arriver, néanmoins, a ce qu'il soit visionné par le plus grand nombre. Ce film aura un impact énorme à l'époque amenant une union ouvrière de plus en plus soudée et importante.
Le dessin sobre est épatant, les couleurs tantôt sépia, tantôt rouge (sang) relèvent le scénario avec brio. Je suis étonné par la justesse des dessins de foule, si difficiles à réaliser (et je sais ce dont j'écris) ainsi que ceux décrivant la ville de Brest dévastée par la guerre. Certes je n'ai pas connu Brest après les bombardements mais je peux me l'imaginer d'après les vignettes et la force et le réalisme des dessins. Bravo à l'auteur et au dessinateur pour le travail (4 ans) historique accompli et à ceux qui ont reconstruit Brest.
4/5
B