Un gentleman à Moscou
Edition Fayard - 571 pages.
Présentation de l’éditeur :
Au début des années 1920, le comte Alexandre Illitch Rostov, aristocrate impénitent, est condamné par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, où le comte a ses habitudes, à quelques encablures du Kremlin. Acceptant joyeusement son sort, le comte Rostov hante les couloirs, salons feutrés, restaurants et salles de réception de l’hôtel, et noue des liens avec le personnel de sa prison dorée – officiant bientôt comme serveur au prestigieux restaurant Boyarski –, des diplomates étrangers de passage – dont le comte sait obtenir les confidences à force de charme, d’esprit, et de vodka –, une belle actrice inaccessible – ou presque –, et côtoie les nouveaux maîtres de la Russie. Mais, plus que toute autre, c’est sa rencontre avec Nina, une fillette de neuf ans, qui bouleverse le cours de sa vie bien réglée au Metropol.
Trois décennies durant, le comte vit nombre d’aventures retranché derrière les grandes baies vitrées du Metropol, microcosme où se rejouent les bouleversements la Russie soviétique.
Mon avis :
La couverture est absolument superbe, et c’est ce superbe écrin qui m’a attiré en premier, pour ce roman de 571 pages. D’où l’importance des belles couvertures qui, si on l’examine de près, en disent beaucoup et laissent planer une part de mystère. Ce qui m’a intéressé aussi, bien sûr, c’est le sujet du livre : l’existence du comte Rostov, assigné à résidence pendant trente ans à l’hôtel Metropol. Libre de ses mouvements, oui, mais à l’intérieur de l’hôtel – et sa chambre ne sera pas la suite où il avait l’habitude de séjourner.
Philosophe, le comte ? Oui, à sa manière. Rentré dans son pays alors qu’il vivait à Paris, il accepte son sort, et l’on peut comprendre ce choix, à la lecture de son passé à la découverte de sa personnalité. A l’intérieur de l’hôtel, il noue des amitiés solides, au fur et à mesure que le temps passe, et même, gardien des traditions dans une société qui du passé semble avoir fait entièrement table rase, il devient serveur dans le restaurant Boyarski. Il assiste ainsi à des ascensions, à des chutes aussi suivies de disparition, ou d’éloignement. Lui qui est véritablement en résidence surveillée connaît le petit monde qui se retrouve à l’hôtel, mais aussi qui se rend au Bolchoi tout proche. Il s’interroge aussi, sur les particularités de l’âme russe, ce qui la différencie des manières d’être des autres nations – lui qui se retrouve à donner des cours de « culture »(devrai-je dire de savoir-vivre mondain ?) à un diplomate du nouveau régime.
Surtout, surtout, c’est l’amour qu’il rencontre dans cet hôtel. Je pourrai vous parler de l’amour dans le sens le plus traditionnel du terme, avec une belle actrice qui saura mener sa carrière devant la caméra comme en coulisse. Non, je vous parle de l’amour à mi-chemin entre le paternel et le fraternel qu’il éprouve pour Nina, et à qui il devra la découverte de maints secrets. Elle lui offrira la plus belle et la plus douloureuse des surprises : des vies n’ont pas fini d’être broyées en Russie.
Une oeuvre dense et intense.