Manikanetish
mémoires d'encrier - 136 pages
Présentation de l’éditeur :
Une enseignante de français en poste sur une réserve innée de la Côte-Nord raconte la vie de ses élèves qui cherchent à se prendre en main. Elle tentera tout pour les sortir de la détresse, même se lancer en théâtre avec eux. Dans ces voix, regards et paysages, se détachent la lutte et l’espoir.
Mon avis :
Une jeune femme, des chapitres courts. Surtout, une vie d’enseignante sur une réserve innée. Elle est elle-même innue, mais elle est partie depuis longtemps pusiqu’à sept ans, sa mère l’a emmené à Québec. Là, c’est son retour auprès de ceux qui sont les siens. Même si ce retour veut dire une séparation géographique avec son amoureux, qui ne comprend pas vraiment son choix. Note : d’ailleurs, pourquoi faut-il choisir ? Elle n’a pas choisi, elle exerce le métier qu’elle désirait exercer, travailler, pour une femme, et avoir une vie amoureuse ne devrait pas être incompatible. Note 2 : dans le cas contraire (et encore de nos jours), les hommes trouvent tout à fait normal que leurs femmes « suivent ».
Non, je ne m’égare, je prends parfois des chemins de traverse pour vous parler de ce très beau roman, dont j’ai rencontré l’auteur lors du Festival America. Si ce roman nous parle de cette jeune enseignante, il nous parle aussi de ses élèves. Dire que c’est un combat quotidien, ce ne serait pas juste. La vie n’est pas simple pour ces jeunes. Tous ou presque sont confrontés à des drames. La plupart des jeunes filles sont maman, ou en passe de l’être, quand elles n’ont pas déjà deux enfants. Certaines s’organisent, pour pouvoir continuer leurs études quand même, même si avoir un enfant malade est aussi une bonne excuse pour ne pas avoir rendu un devoir. Enseigner, c’est aussi un défi : monter une pièce de théâtre. Pas n’importe laquelle : le Cid ! Les répétitions, les problèmes rencontrés, nous seront racontés sans lourdeur, sans lyrisme. Yammie ne travaille pas que sur un texte littéraire, elle travaille avant tout avec des êtres humains.
La fin du roman est (presque) ouverte, comme les chemins sont ouverts aussi pour ces personnages auxquels nous nous sommes attachés. C’est un roman que l’on ne se voit pas lire, tant les chapitres, courts mais évocateurs, s’enchaînent et nous entraînent tout au long de cette année scolaire pas ordinaire.