Rue du dragon couché
Edition Calmann-Lévy - 464 pages
Présentation de l’éditeur :
Que faire à Taipei quand on adore le roman policier, la philosophie et le Kung-fu sinon s’installer Rue du Dragon couché, au coeur du quartier des pompes funèbres, et y devenir détective privé ?
C’est ainsi que Wu-cheng, dramaturge raté qui en veut à tout le monde après que son couple s’est désagrégé, décide de tout envoyer valser : il quitte son poste à l’université, déménage et devient détective privé par amour des intrigues.
Mon avis :
Vous ne connaissez pas Taïwan ? Cela tombe bien, ou presque, moi non plus ! Partons donc ensemble à la découverte de ce pays, via Wu-Cheng, apprenti détective. Traditionnellement, dans la littérature policière, le détective est quelqu’un qui a été policier avant de se lancer dans la brillante (ou pas) carrière de détective. Ici, rien de tout cela : Wu est un quinquagénaire. Universitaire pas geek du tout, il démissionne, se sépare quasiment de sa femme, et se lance, sans que personne ne comprenne pourquoi, dans la belle et noble profession de détective. Avec lui, nous découvrons la ville de Tapei, quelques trafics par-ci, par-là, parce que, soyons honnête : Wu n’a pas beaucoup de client. A vrai dire, il en a même une seule, au début, et s’il réussit à boucler son affaire, il n’a pas grand chose à faire de ses journées. Il a même un emploi du temps réglé comme du papier à musique, solitaire, certes, mais régulier. Pendant ce temps, des crimes sont commis à Taïwan. De là à dire qu’un tueur en série sévit dans la ville, il n’y a qu’un pas que certains sont tout prêts à franchir, à condition, bien sûr de ne pas faire peur à la population locale. Wu, pendant ce temps, se renseigne sur les tueurs en série. En fait, Wu se renseigne sur à peu près tout – est-ce parce qu’il est universitaire ? Il est capable de disserter de tout et de rien, des parisiens, notamment, de l’art, de la musique – et de son corps de quinquagénaire qui n’apprécie pas ce nouveau métier.
Il se retrouve bien malgré lui, alors qu’il n’appréciait rien tant que sa petite vie de détective presque tranquille, plongé au cœur de cette enquête pour meurtres, mais pas de la manière dont il l’aurait voulu ! Heureusement, il peut compter sur les rares amis qu’il a – pour être détective ou universitaire, il faut parfois être imbuvable. Il faut dire aussi qu’avant de quitter l’université, il a piqué une crise assez conséquente, sur laquelle il revient de temps en temps. Oui, il n’est vraiment fier de ce qu’il a fait, bien conscient qu’il a eu, qu’il a encore des « problèmes », mais ce n’est pas une raison pour qu’on remette ça sur le tapis !
Sauf qu’on le remet, forcément, parce qu’il est au coeur de cette enquête. Qui pouvait en vouloir aux victimes, d’innocentes personnes âgées, pour de pas dire, dans le cas de la troisième victime, des personnes impotentes, qui ? Et qui aurait intérêt à impliquer cette universitaire démissionnaire, cet auteur de théâtre pas vraiment réussi, dans une affaire pareille ? *
Oui, cela fait beaucoup de question, pour Wu, pour la police, et pour le lecteur aussi. Ce n’est pas tant les méandres d’une enquête qu’il faut suivre qu’une organisation tellement bien huilée qu’elle est implacable. Les américains n’ont pas le monopole des tueurs en série. Les taïwanais n’ont pas vraiment envie d’en avoir un et d’examiner ses obsessions.
Rue du dragon couché, un roman pour lecteur qui aime être surpris.