Zarbi
Edition Rivages/Thriller - 422 pages
Présentation de l'éditeur :
En 1984, Corrine Woodrow, une adolescente marginale (une "zarbi") d'Ernemouth, petite ville du Norfolk, est condamné pour ce qui ressemble à un crime rituel sataniste. Vingt ans plus tard, les progrès dans l'analyse de l'ADN montrent qu'elle n'a pas agit seule. Engagé par une avocate militante, Sean Ward reprend l'enquête afin de comprendre qui a aidé ou manipulé Corrine, et surtout pourquoi. Mais les apparences sont souvent trompeuses à Ernemouth, où règne une atmosphère provinciale glauque et étouffante, et où chacun garde jalousement ses petits secrets
Mon avis :
Ce n’est pas parce que je n’ai pas aimé un livre qu’il n’est pas bon. Mais ce n’est pas parce que je n’ai pas aimé un livre que je vais faire semblant de l’avoir aimé dans une chronique. Je ne verrai alors pas vraiment l’intérêt d’écrire ces mots.
Quand je suis allée sur Babelio avant d’écrire, j’ai lu qu’il recommandait La fille mirage d’Elise Broarch au cas où l’on aurait aimé ce titre. Pas de bol, je n’ai aimé ni l’un ni l’autre.
Le sujet est intéressant, sauf qu’à force de lire des romans policiers, de regarder des séries télévisées, j’avais deviné non pas le dénouement – il ne faut pas exagérer- mais que les choses étaient nettement moins simples qu’elles en avaient l’air. J’avais même une nette idée de qui pouvait être sinon réellement coupable, du moins complique (voir à ce sujet le très bon Si je mens, tu vas en enfer).
L’héroïne, Corinne, est zarbi, et elle a commis un crime sataniste vingt ans plus tôt. Par le jeu de la construction du récit, il nous faudra attendre un très long moment avant que nous sachions de quel crime il s’agit. Oui, le temps m’a alors paru très long. Peut-être était-ce une manière pour l’auteure de nous faire découvrir Corinne, sa vie quotidienne, son abominable solitude, les jugements à l’emporte pièce à son sujet avant de nous montrer ce pour quoi elle a été condamnée.
Vint ans après, le combat de la passionnaria qui lui tient lieu d’avocate ne plaît à personne, pas même au psychiatre qui s’occupe de Corinne depuis vingt ans, est ravi de ses progrès, de l’efficacité de sa thérapie et des médicaments qu’elle prend. Corinne ne pourrait pas vivre dans le monde extérieur tel qu’il est, personne n’est près à l’accepter, ce en quoi Sean, l’enquêteur mandaté pour trouver le ou la complice de Corinne, ne peut lui donner tort. Il a vu à quel point les gens peuvent être vindicatifs, surtout dans une petite communauté largement bouleversée par la tragédie. Il a vu aussi dans quel état émotionnel est Corinne. Elle ne veut pas sortir. Pourquoi ?
Oui, rien n’est simple, tout est sombre, et nous avons eu des indices pour nous guider. Prenez par exemple ce charmant couple, Eric et Edna. Leur fille unique leur en a fait voir des vertes et des pas mûres à l’adolescence, mais ils sont prêts à rempiler pour Samantha, leur adorable et unique petite-fille, qui n’est pas responsable des errances de sa mère. Une enfant qui se doit de supporter un tout jeune beau-père, un père déficient, et une mère plus occupée par sa vie privée que par sa progéniture. Samantha traverse très vite une crise d’adolescence assez carabinée, que sa grand-mère, en dépit de ses incertitudes, tente de relativiser. Voir le mal partout, ce n’est pas bien. Ne pas la voir là où il est vraiment peut avoir des conséquences.
J’en ai déjà beaucoup dit sur ce roman qui nous fait naviguer entre les années 80 et les années 2000. Comme le disent ceux qui ont appuyé Sean, ce personnage atypique, dans son enquête, il fallait quelqu’un d’extérieur à la communauté pour voir enfin plus clair, pour oser voir ce que d’autres ne voulaient pas voir, ou avaient si bien cachés. Etre zarbi est une chose, être complètement tordu en est une autre.
Oui, je n’ai pas aimé ce roman glauque et noir. Cela n’ôte rien à la qualité de l’écriture, à la complexité de l’intrigue, à la manière dont sont construits les personnages, à l’empathie que l’on peut ressentir pour les victimes. C’est simplement une question de goût.