Titre : Les amants imparfaits.
Auteur: Pierrette Fleurtiaux.
Editeur : Babel.
Nombre de pages : 309.
Quatrième de couverture :
Paris, juin 2001 : trois jeunes gens comparaissent devant un juge d'instruction. Il s'agit des jumeaux Léo et Camille, dix-sept ans, issus d'une famille très fortunée et de Raphaël, vingt ans, fils d'une employée de mairie. Ils ont noué autrefois, dans la petite ville de leur enfance, une amitié complexe et passionnée.
Après la tourmente, le récit de Raphaël révélera le secret des jumeaux et l'histoire des amants imparfaits.
Variation superbe sur les thèmes du double et de la fascination, ce roman raconte les paradis perdus et les utopies, l'innocence et ses dangers, le vertige des origines et la difficulté de grandir. Il compose aussi une méditation sur l'inconscient social et les pouvoirs de l'écriture.
Mon avis :
Une voix s'élève dans ce roman : celle de Raphaël, le narrateur. Pas seulement une voix, une écriture aussi. Tout au long du livre, il va citer tous ceux qui se sont réappropriés son histoire : juge et avocats bien sûr, mais aussi son psy, qui en a fait une publication scientifique, Xavier, qui dirigeait un atelier d'écriture... Chacun a construit une histoire, qui se voulait vrai. Raphaël aujourd'hui donne la sienne, sans oublier de citer les interprétations d'autrui. Le point de départ de cette écriture fut la recontre avec une écrivain, Natacha, des années plus tôt. Véritable personnages extérieur au récit principal. Natacha ne connaît pas les jumeaux, n'a rien su du drame et du procès, elle est pour Raphaël un point de référence en dehors de la tourmente.
Peu de faits, peu d'événements : ils sont soigneusement exhumés de sa mémoire par Raphaël, et reconstitués afin d'en extraire le sens profond - celui qu'ils avaient au moment où ils se sont produits, non celui que les experts essaient de lui donner après coup.
Ce n'est pas un livre de procès, celui-ci n'occupe qu'une place infime dans le récit. D'ailleurs, le procès lui-même, essentiellement basé sur des manipulations, des dissimulations et des demandes de dédommagements financiers, n'est qu'une parodie de justice.
Pami les thèmes principaux du roman, je citerai a recherche des origines. La filiation est brisée pour Raphaël : sa mère est issue de la DDASS, sa grand-mère ne cherche qu'à exploiter son petit-fils comme elle a exploité sa fille adoptive auparavant, son père adoptif est décédé, son père naturel est un parfait inconnu, ce qui ouvre une brèche pour tous les fantasmes. A l'opposée, la filiation est complète et complexe pour Camille et Léo : demi-frères, demi-soeur, beau-frère, beau-père, grands-parents.Leur enfance fut cosmopolite, sans autre repère que les trois retrouvailles avec Raphaël.
Mais Les amants imparfaits est avant tout un livre sur la recherche de son double amoureux - pas de chance pour Raphaël, ce double est lui-même dédoublé. Pourquoi Raphaël fascine-t-il les jumeaux ? Parce qu'il comble un manque, dont vous découvrirez la cause en découvrant leur secret. Raphaël a aussi la chance d'avoir une mère qui est en tout point la mère idéale que les jumeaux auraient aimé avoir.
Pourquoi les jumeaux fascinent-ils Raphaël ? Le jeune homme, trois ans après le procès, tente de s'en expliquer, tout au long d'un récit analytique. Sa version de la réalité se heurte aux interprétations des adultes. Il est encore incapable de voir l'anormalité, pour ne pas dire la perversion de leurs actes, tant sa fascination pour les jumeaux demeurent, en dépit de la séparation imposée. Au risque de paraître excessive, je dirai que les jumeaux sont une drogue pour Raphaël, et que la moindre bribe d'information qui lui parvient à leurs sujets empêche son sevrage définitif et souhaité - mais pas par lui.
Grâce au style riche et limpide de Pierrette Fleurtiaux, ce qui aurait pu n'être qu'une histoire glauque parmi tant d'autres - écrite autrement, elle aurait fait un parfait roman noir - devient un roman d'une incroyable fluidité, que je n'ai pas eu envie de lâcher avant la fin.
Encore une belle découverte.
Auteur: Pierrette Fleurtiaux.
Editeur : Babel.
Nombre de pages : 309.
Quatrième de couverture :
Paris, juin 2001 : trois jeunes gens comparaissent devant un juge d'instruction. Il s'agit des jumeaux Léo et Camille, dix-sept ans, issus d'une famille très fortunée et de Raphaël, vingt ans, fils d'une employée de mairie. Ils ont noué autrefois, dans la petite ville de leur enfance, une amitié complexe et passionnée.
Après la tourmente, le récit de Raphaël révélera le secret des jumeaux et l'histoire des amants imparfaits.
Variation superbe sur les thèmes du double et de la fascination, ce roman raconte les paradis perdus et les utopies, l'innocence et ses dangers, le vertige des origines et la difficulté de grandir. Il compose aussi une méditation sur l'inconscient social et les pouvoirs de l'écriture.
Mon avis :
Une voix s'élève dans ce roman : celle de Raphaël, le narrateur. Pas seulement une voix, une écriture aussi. Tout au long du livre, il va citer tous ceux qui se sont réappropriés son histoire : juge et avocats bien sûr, mais aussi son psy, qui en a fait une publication scientifique, Xavier, qui dirigeait un atelier d'écriture... Chacun a construit une histoire, qui se voulait vrai. Raphaël aujourd'hui donne la sienne, sans oublier de citer les interprétations d'autrui. Le point de départ de cette écriture fut la recontre avec une écrivain, Natacha, des années plus tôt. Véritable personnages extérieur au récit principal. Natacha ne connaît pas les jumeaux, n'a rien su du drame et du procès, elle est pour Raphaël un point de référence en dehors de la tourmente.
Peu de faits, peu d'événements : ils sont soigneusement exhumés de sa mémoire par Raphaël, et reconstitués afin d'en extraire le sens profond - celui qu'ils avaient au moment où ils se sont produits, non celui que les experts essaient de lui donner après coup.
Ce n'est pas un livre de procès, celui-ci n'occupe qu'une place infime dans le récit. D'ailleurs, le procès lui-même, essentiellement basé sur des manipulations, des dissimulations et des demandes de dédommagements financiers, n'est qu'une parodie de justice.
Pami les thèmes principaux du roman, je citerai a recherche des origines. La filiation est brisée pour Raphaël : sa mère est issue de la DDASS, sa grand-mère ne cherche qu'à exploiter son petit-fils comme elle a exploité sa fille adoptive auparavant, son père adoptif est décédé, son père naturel est un parfait inconnu, ce qui ouvre une brèche pour tous les fantasmes. A l'opposée, la filiation est complète et complexe pour Camille et Léo : demi-frères, demi-soeur, beau-frère, beau-père, grands-parents.Leur enfance fut cosmopolite, sans autre repère que les trois retrouvailles avec Raphaël.
Mais Les amants imparfaits est avant tout un livre sur la recherche de son double amoureux - pas de chance pour Raphaël, ce double est lui-même dédoublé. Pourquoi Raphaël fascine-t-il les jumeaux ? Parce qu'il comble un manque, dont vous découvrirez la cause en découvrant leur secret. Raphaël a aussi la chance d'avoir une mère qui est en tout point la mère idéale que les jumeaux auraient aimé avoir.
Pourquoi les jumeaux fascinent-ils Raphaël ? Le jeune homme, trois ans après le procès, tente de s'en expliquer, tout au long d'un récit analytique. Sa version de la réalité se heurte aux interprétations des adultes. Il est encore incapable de voir l'anormalité, pour ne pas dire la perversion de leurs actes, tant sa fascination pour les jumeaux demeurent, en dépit de la séparation imposée. Au risque de paraître excessive, je dirai que les jumeaux sont une drogue pour Raphaël, et que la moindre bribe d'information qui lui parvient à leurs sujets empêche son sevrage définitif et souhaité - mais pas par lui.
Grâce au style riche et limpide de Pierrette Fleurtiaux, ce qui aurait pu n'être qu'une histoire glauque parmi tant d'autres - écrite autrement, elle aurait fait un parfait roman noir - devient un roman d'une incroyable fluidité, que je n'ai pas eu envie de lâcher avant la fin.
Encore une belle découverte.