La machine à brouillard
Edition Taurnada - 217 pages
Quatrième de couverture :
Mac Murphy est un soldat d'élite. Mac Murphy est fort. Mac Murphy est dur. Mac Murphy est fou. Mac Murphy trimbale dans sa tête une épouvantable machine à brouillard qui engloutit ses souvenirs, sa raison et l'essentiel de son âme, morceau après morceau.
Quand les habitants de Grosvenore-Mine, ce village perdu dans les profondeurs de l'Australie, se hasardent à enlever la fille de Mac Murphy, ils ne savent pas à quel point c'est une mauvaise idée.
Une époustouflante plongée dans l'amour d'un père pour sa fille et dans les tréfonds de la démence d'un homme. Inlâchable. Attention : cauchemar.
Mon avis :
Un livre dur et sans répit.
Oui, c’est un constat assez sec, sans appel, et pourtant.
Le lecteur sait, depuis le début, que quelque chose ne va pas. En effet, Mac Murphy a beau avoir été un soldat d’élite, il est aujourd’hui, en tout cas, dans la strate la plus récente du roman, interné dans un établissement psychiatrique. Nous lisons les entretiens, avec les docteurs qui le suivent, qui tentent de le soigner. Nous entendons leurs échanges, nous entendons surtout les questions pressentes de cet homme qui veut savoir ce qu’il est advenu de sa fille Louise.
Je parlais de temporalité, parce que la clef est à rechercher dans le passé de Mac Murphy. Il est à rechercher dans ce passé lointain, pendant la guerre, après son engagement, puis après toutes ses années à servir son pays, à voir des horreurs, à se laisser submerger par le pire que peut produire l’âme humaine. La seconde strate du passé, c’est le moment où tout a basculé – j’ai presque envie de dire à nouveau – et pourtant, tout allait bien, au début.
Oui, il était parti avec sa fille, pour un voyage au coeur de l’Australie. Et vraiment, tout allait bien, les paysages décrits sont absolument superbes. Puis, nous avons ce petit village, ce trou paumé comme on pourrait dire et là, sa fille disparaît.
Si vous avez vu l’un ou l’autre de ces films dans lequel une jeune fille est enlevée et où son père met tout en oeuvre pour la retrouver, alors vous avez une petit idée de ce qui attend les habitants de Grosvenore-Mine. Vous n’aurez pas le choc des images, vous aurez la bousculade des mots, les rebondissements du langage, pour suivre au plus près ce père en souffrance, ce père qui avait tenté d’expliquer à sa fille en quoi consistaient les troubles psychiatriques dont il souffrait, un père qui ne veut surtout pas que ces troubles, que ce brouillard qui envahit son esprit, l’empêche de retrouver sa fille, comme il pense qu’il l’a empêché de prendre soin d’elle. La culpabilité n’est pas le sentiment le plus facile à gérer quand l’urgence est là, quand l’isolement est évident.
Un roman sidérant – qui devrait plaire à tous ceux que le cinéma et la psychiatrie intéressent.