Fantazmë
édition Le livre de poche – 288 pages
Présentation de l’éditeur :
Janvier 2017. Dans une cave du XVIIIe arrondissement de Paris, un homme est retrouvé, battu à mort. Le commandant Tomar Khan pense à un règlement de compte. Le genre d’affaire qui restera en suspens des années, se dit-il. Mais voilà, l’ADN relevé sur les lieux a déjà été découvert sur le corps d’un dealer albanais, battu à mort dans une cave lui aussi. Et bientôt une rumeur court dans les quartiers chauds de Paris, celle d’un tueur insaisissable, un Fantazmë, un « spectre » en albanais, qui s’en prend à la pègre. Avec cette enquête troublante, Tomar Khan plonge dans des zones d’ombre où s’affronteront inévitablement son devoir de policier et ses sentiments d’être humain.
Mon avis :
Il est des livres dont on n’arrive pas à décrocher parce qu’on se demande jusqu’où l’auteur va aller. Il en est d’autres qu’on ne peut pas lâcher parce que l’on se demande si l’auteur ira au bout des choses. C’est le cas pour Fantazmë.
Tomar et Rhonda ne sont pas seulement co-équipiers, ils sont aussi en couple et restent discrets : être ensemble, oui, s’épancher, non. Les descriptions restent d’ailleurs sobres, il n’est pas question de s’étendre sur le physique avantageux ou pas de l’autre. L’important, c’est l’enquête, les enquêtes, dans ce 36 quai des Orfèvres bientôt abandonné – il serait intéressant de lister le nombre de romans policiers qui prennent pour cadre le 36 en cours de déménagement, et évoquent ce lieu avec, déjà, de la nostalgie.
Nous sommes à Paris, et les attentats ne sont pas loin. Par conséquent, la police fonctionne autrement, la priorité étant donnée, même au quai des Orfèvres, à la lutte contre le terrorisme : rares sont les groupes qui se consacrent uniquement aux crimes de droit commun. Il est difficile de faire la part entre le droit commun, et ce qui agite la capitale – ou plutôt devrait l’agiter. Les sans-domicile fixe, les réfugiés, ils sont nombreux, ils sont à la rue, ils se débrouillent – personne ne les voit, ou presque. Ara, la mère de Tomar, les voit, pourtant, elle voit cette jeune femme, seule, accusée de vol, elle se revoit elle, combattante, dans son pays, mais aussi en France, face à un mari violent qui a laissé des traces durables. Alors elle aide, elle accueille chez elle cette femme et ses deux enfants, et demande à son fils un coup de pouce pour eux. Ni l’un ni l’autre ne sont naïfs, ils savent ce qui attend cette famille si le dossier est rejeté. J’aimerai dire que l’on n’en parle pas assez, je dirai simplement que l’on n’en parle pas du tout. On parle peu aussi de ce qui est mis en œuvre pour déloger les SDF, des trafics dont sont victimes certain(e)s. J’ai l’impression que les auteurs de romans policiers – je pense aussi à Nicolas Lebel et à son Dans la brume écarlate – font le travail d’informations et de mise en garde contre l’inhumanité qui nous guettent que tant d’autres ne font pas.
Un homme a été retrouvé torturé à mort. Il n’est pas le premier, et un tueur est désigné, il donne même son nom au roman, il est un « spectre ».
Et nous, de nous questionner, sur les notions de justice, là où la justice peine à s’exercer. Tomar et Rhonda y croient encore, cependant, et savent ce qui attend Fantazmë s’il est arrêté – la France ne laisse pas les crimes impunis, du moins, elle essaie. Et pourtant, la violence est là, tellement là, au point qu’on ne la voit plus, peut-être parce qu’on ne nous la montre plus non plus. De même, l’auteur n’oublie pas à quel point les forces de l’ordre ne sont plus aimées, soutenues par la population. Il ne faut pas croire tout ce que disent les journalistes, dit un des personnages – surtout quand ceux-ci cherchent le sensationnel plutôt que la vérité (là, c’est moi qui l’ajoute).
Tomar est un personnage complexe, qui a déjà franchi la ligne rouge comme l’on dit. Pourtant, lui et ses bagages, fort lourds, restent nettement plus sympathiques que l’enquêteur de l’IGPN, pas du tout objectif. Certes, son enquête est justifiée, mais ses méthodes sont injustifiables.
Fantazmë – ou un roman noir contemporain.
édition Le livre de poche – 288 pages
Présentation de l’éditeur :
Janvier 2017. Dans une cave du XVIIIe arrondissement de Paris, un homme est retrouvé, battu à mort. Le commandant Tomar Khan pense à un règlement de compte. Le genre d’affaire qui restera en suspens des années, se dit-il. Mais voilà, l’ADN relevé sur les lieux a déjà été découvert sur le corps d’un dealer albanais, battu à mort dans une cave lui aussi. Et bientôt une rumeur court dans les quartiers chauds de Paris, celle d’un tueur insaisissable, un Fantazmë, un « spectre » en albanais, qui s’en prend à la pègre. Avec cette enquête troublante, Tomar Khan plonge dans des zones d’ombre où s’affronteront inévitablement son devoir de policier et ses sentiments d’être humain.
Mon avis :
Il est des livres dont on n’arrive pas à décrocher parce qu’on se demande jusqu’où l’auteur va aller. Il en est d’autres qu’on ne peut pas lâcher parce que l’on se demande si l’auteur ira au bout des choses. C’est le cas pour Fantazmë.
Tomar et Rhonda ne sont pas seulement co-équipiers, ils sont aussi en couple et restent discrets : être ensemble, oui, s’épancher, non. Les descriptions restent d’ailleurs sobres, il n’est pas question de s’étendre sur le physique avantageux ou pas de l’autre. L’important, c’est l’enquête, les enquêtes, dans ce 36 quai des Orfèvres bientôt abandonné – il serait intéressant de lister le nombre de romans policiers qui prennent pour cadre le 36 en cours de déménagement, et évoquent ce lieu avec, déjà, de la nostalgie.
Nous sommes à Paris, et les attentats ne sont pas loin. Par conséquent, la police fonctionne autrement, la priorité étant donnée, même au quai des Orfèvres, à la lutte contre le terrorisme : rares sont les groupes qui se consacrent uniquement aux crimes de droit commun. Il est difficile de faire la part entre le droit commun, et ce qui agite la capitale – ou plutôt devrait l’agiter. Les sans-domicile fixe, les réfugiés, ils sont nombreux, ils sont à la rue, ils se débrouillent – personne ne les voit, ou presque. Ara, la mère de Tomar, les voit, pourtant, elle voit cette jeune femme, seule, accusée de vol, elle se revoit elle, combattante, dans son pays, mais aussi en France, face à un mari violent qui a laissé des traces durables. Alors elle aide, elle accueille chez elle cette femme et ses deux enfants, et demande à son fils un coup de pouce pour eux. Ni l’un ni l’autre ne sont naïfs, ils savent ce qui attend cette famille si le dossier est rejeté. J’aimerai dire que l’on n’en parle pas assez, je dirai simplement que l’on n’en parle pas du tout. On parle peu aussi de ce qui est mis en œuvre pour déloger les SDF, des trafics dont sont victimes certain(e)s. J’ai l’impression que les auteurs de romans policiers – je pense aussi à Nicolas Lebel et à son Dans la brume écarlate – font le travail d’informations et de mise en garde contre l’inhumanité qui nous guettent que tant d’autres ne font pas.
Un homme a été retrouvé torturé à mort. Il n’est pas le premier, et un tueur est désigné, il donne même son nom au roman, il est un « spectre ».
Et nous, de nous questionner, sur les notions de justice, là où la justice peine à s’exercer. Tomar et Rhonda y croient encore, cependant, et savent ce qui attend Fantazmë s’il est arrêté – la France ne laisse pas les crimes impunis, du moins, elle essaie. Et pourtant, la violence est là, tellement là, au point qu’on ne la voit plus, peut-être parce qu’on ne nous la montre plus non plus. De même, l’auteur n’oublie pas à quel point les forces de l’ordre ne sont plus aimées, soutenues par la population. Il ne faut pas croire tout ce que disent les journalistes, dit un des personnages – surtout quand ceux-ci cherchent le sensationnel plutôt que la vérité (là, c’est moi qui l’ajoute).
Tomar est un personnage complexe, qui a déjà franchi la ligne rouge comme l’on dit. Pourtant, lui et ses bagages, fort lourds, restent nettement plus sympathiques que l’enquêteur de l’IGPN, pas du tout objectif. Certes, son enquête est justifiée, mais ses méthodes sont injustifiables.
Fantazmë – ou un roman noir contemporain.