La grange
édition Belfond - 464 pages
Présentation de l’éditeur :
Lauréat du Edgar Award du premier roman 2020.
Servi par une intrigue originale aux multiples tiroirs et au décor insolite, un roman d’atmosphère ingénieux et déroutant, qui nous rappelle que la vérité se loge dans un épais camaïeu de gris… Installés en Virginie, Young et Pak Yoo, couple d’immigrés modèles, ont investi toutes leurs économies pour transformer leur grange en centre de soins alternatifs. Depuis, une poignée de patients réguliers se pressent dans leur cabine pressurisée, réputée pour traiter diverses pathologies. Ici, chacun se connaît, s’apprécie. Et puis, un soir : une étincelle dans l’oxygène, une explosion mortelle. Henry, un petit garçon autiste, meurt sur le coup.
Acte de négligence ? Homicide volontaire ? L’effroi est total.
Un an plus tard, la dizaine de personnes présentes à la grange ce soir-là se retrouve à la barre dans un procès retentissant. La police, les médias ont choisi leur coupable. Mais qu’en est-il de la vérité ?
Mon avis :
Angie Kim est américaine mais elle est née à Séoul, en Corée du Sud. Comme Mary, la fille de Young et Pak Yoo, elle est arrivée aux Etats-Unis à l’adolescence. Elle et sa famille se sont installées à Baltimore puis elle a fait des études de droit à Stanford et Harvard. Il n’est donc pas étonnant qu’elle connaisse aussi bien le milieu du droit et tout ce qui peut se passer dans une famille qui a tout quitté pour donner un avenir meilleur à son enfant.
Oui, le roman s’ouvre sur un procès, qui devra clore le drame qui a eu lieu en Virginie. Young et Pak Yoo ont en effet transformé leur grande en centre de soin alternatif. Késako ? Il s’agit d’une nouvelle thérapie, pas totalement reconnue par la médecin, mais qui semble donner de bons résultats. Les parents se pressent d’amener leur enfant atypique pour tester cette thérapie, à laquelle d’autres s’opposent avec virulence, montrant les dangers de cette thérapie, et questionnant ces parents qui veulent que leurs enfants autistes changent. Pourquoi ne pas les accepter tels qu’ils sont ? Pour ma part, je serai claire, nette et précise : quand un de vos enfants est en souffrance, et que vous êtes parents, c’est insupportable. Alors oui, l’on peut vouloir tout tenter, parce que cette vie est douloureuse pour lui, pour ses parents, pour ses proches. Elizabeth s’est investie totalement, a tout tenté pour son fils, traquant dans l’alimentation les substances qui pourraient augmenter ses troubles. Aujourd’hui, c’est elle pourtant qui est sur le banc des accusés : ce serait elle qui aurait provoqué l’explosion de la grange, causant ainsi la mort d’Henry, son fils, et d’une de ses meilleures amies.
La tension est bien présente dans le récit, que ce soit pendant les scènes de procès, ou pendant les retours en arrière qui nous permettent de découvrir les personnages qui tous ou presque ont quelque chose à cacher. Parfois, ils estiment que les mensonges ne sont pas très graves, il est tellement facile de se dédouaner soi-même. Il est tellement difficile de vivre avec les accusations que l’on se porte soi-même.
Etre mère, ce n’est pas simple, ce n’est pas instinctif quoi que certain(e)s pensent encore. Ce n’est pas l’accomplissement absolu et rêvé pour une femme. C’est beaucoup de douleurs, ce sont des pensées que l’on a et qu’il faut taire, parce qu’elle tranche avec les idées communément admises sur la maternité, et répandue un peu partout. Ne parlons même pas d’avoir un enfant différent. C’est toujours à la mère de se sacrifier, de mettre tout sa vie entre parenthèses parce qu’il nécessite tout son temps, toute son énergie, tous ses soins. Se plaindre ? La société n’est pas prête à l’entendre. Prendre du temps pour soi ? Impensable. Etre mère, ce n’est pas tout rose, et ce n’est pas Young qui dira le contraire.
Young m’a fait penser à d’autres héroïnes de romans coréens. Oui, elle obéit à son mari – c’est lui qui a pris la décision du départ pour les Etats-Unis, lui qui a choisi de rester au pays, le temps qui était nécessaire pour qu’ils puissent tous les trois s’installer correctement. Oui, c’est elle qui a travaillé énormément, les parents qui les ont recueillis ne l’ont pas fait par charité, voyant finalement très peu sa fille Mary. Celle-ci n’est pas que ballotée entre deux cultures, elle reproche clairement à sa mère de ne pas s’être opposée à son père, bref, d’avoir respecté la tradition. Et je me suis demandé, au cours de ma lecture, si elles allaient prendre toutes deux leur destin en main – Mary est elle aussi une victime de l’explosion, elle a tenté de porter secours aux patients.
La grange est un premier roman. Il est avant tout pour moi un livre d’une très grande richesse, comportant véritablement plusieurs strates de lecture. Il peut intéresser les lecteurs qui apprécient les romans policiers, ceux qui aiment la littérature américaine, ou encore ceux qui veulent en savoir plus sur la Corée du Sud. Bref, La grange est un livre qui a de quoi intéresser un large public.
édition Belfond - 464 pages
Présentation de l’éditeur :
Lauréat du Edgar Award du premier roman 2020.
Servi par une intrigue originale aux multiples tiroirs et au décor insolite, un roman d’atmosphère ingénieux et déroutant, qui nous rappelle que la vérité se loge dans un épais camaïeu de gris… Installés en Virginie, Young et Pak Yoo, couple d’immigrés modèles, ont investi toutes leurs économies pour transformer leur grange en centre de soins alternatifs. Depuis, une poignée de patients réguliers se pressent dans leur cabine pressurisée, réputée pour traiter diverses pathologies. Ici, chacun se connaît, s’apprécie. Et puis, un soir : une étincelle dans l’oxygène, une explosion mortelle. Henry, un petit garçon autiste, meurt sur le coup.
Acte de négligence ? Homicide volontaire ? L’effroi est total.
Un an plus tard, la dizaine de personnes présentes à la grange ce soir-là se retrouve à la barre dans un procès retentissant. La police, les médias ont choisi leur coupable. Mais qu’en est-il de la vérité ?
Mon avis :
Angie Kim est américaine mais elle est née à Séoul, en Corée du Sud. Comme Mary, la fille de Young et Pak Yoo, elle est arrivée aux Etats-Unis à l’adolescence. Elle et sa famille se sont installées à Baltimore puis elle a fait des études de droit à Stanford et Harvard. Il n’est donc pas étonnant qu’elle connaisse aussi bien le milieu du droit et tout ce qui peut se passer dans une famille qui a tout quitté pour donner un avenir meilleur à son enfant.
Oui, le roman s’ouvre sur un procès, qui devra clore le drame qui a eu lieu en Virginie. Young et Pak Yoo ont en effet transformé leur grande en centre de soin alternatif. Késako ? Il s’agit d’une nouvelle thérapie, pas totalement reconnue par la médecin, mais qui semble donner de bons résultats. Les parents se pressent d’amener leur enfant atypique pour tester cette thérapie, à laquelle d’autres s’opposent avec virulence, montrant les dangers de cette thérapie, et questionnant ces parents qui veulent que leurs enfants autistes changent. Pourquoi ne pas les accepter tels qu’ils sont ? Pour ma part, je serai claire, nette et précise : quand un de vos enfants est en souffrance, et que vous êtes parents, c’est insupportable. Alors oui, l’on peut vouloir tout tenter, parce que cette vie est douloureuse pour lui, pour ses parents, pour ses proches. Elizabeth s’est investie totalement, a tout tenté pour son fils, traquant dans l’alimentation les substances qui pourraient augmenter ses troubles. Aujourd’hui, c’est elle pourtant qui est sur le banc des accusés : ce serait elle qui aurait provoqué l’explosion de la grange, causant ainsi la mort d’Henry, son fils, et d’une de ses meilleures amies.
La tension est bien présente dans le récit, que ce soit pendant les scènes de procès, ou pendant les retours en arrière qui nous permettent de découvrir les personnages qui tous ou presque ont quelque chose à cacher. Parfois, ils estiment que les mensonges ne sont pas très graves, il est tellement facile de se dédouaner soi-même. Il est tellement difficile de vivre avec les accusations que l’on se porte soi-même.
Etre mère, ce n’est pas simple, ce n’est pas instinctif quoi que certain(e)s pensent encore. Ce n’est pas l’accomplissement absolu et rêvé pour une femme. C’est beaucoup de douleurs, ce sont des pensées que l’on a et qu’il faut taire, parce qu’elle tranche avec les idées communément admises sur la maternité, et répandue un peu partout. Ne parlons même pas d’avoir un enfant différent. C’est toujours à la mère de se sacrifier, de mettre tout sa vie entre parenthèses parce qu’il nécessite tout son temps, toute son énergie, tous ses soins. Se plaindre ? La société n’est pas prête à l’entendre. Prendre du temps pour soi ? Impensable. Etre mère, ce n’est pas tout rose, et ce n’est pas Young qui dira le contraire.
Young m’a fait penser à d’autres héroïnes de romans coréens. Oui, elle obéit à son mari – c’est lui qui a pris la décision du départ pour les Etats-Unis, lui qui a choisi de rester au pays, le temps qui était nécessaire pour qu’ils puissent tous les trois s’installer correctement. Oui, c’est elle qui a travaillé énormément, les parents qui les ont recueillis ne l’ont pas fait par charité, voyant finalement très peu sa fille Mary. Celle-ci n’est pas que ballotée entre deux cultures, elle reproche clairement à sa mère de ne pas s’être opposée à son père, bref, d’avoir respecté la tradition. Et je me suis demandé, au cours de ma lecture, si elles allaient prendre toutes deux leur destin en main – Mary est elle aussi une victime de l’explosion, elle a tenté de porter secours aux patients.
La grange est un premier roman. Il est avant tout pour moi un livre d’une très grande richesse, comportant véritablement plusieurs strates de lecture. Il peut intéresser les lecteurs qui apprécient les romans policiers, ceux qui aiment la littérature américaine, ou encore ceux qui veulent en savoir plus sur la Corée du Sud. Bref, La grange est un livre qui a de quoi intéresser un large public.