L'affaire Roukia ou les ombres de Mayotte
édition Presse de la cité - 224 pages
Présentation de l’éditeur :
15 janvier 2011. Le corps en partie dénudé d’une jeune femme est découvert sur une falaise à l’aplomb de la baie de Trévani, à Mayotte. C’est le début de l’affaire Roukia, cette lycéenne de dix-huit ans qui gagnait de l’argent en faisant la « soussou » – prostituée occasionnelle. Les analyses toxicologiques révèlent que Roukia est morte d’une overdose d’héroïne. D’où provenait la drogue qui l’a empoisonnée ? Son petit ami Mathias, métropolitain, toxicomane, avec qui elle a passé sa dernière soirée, Mansour, avocat et élu local, et Hakim, le juge qui instruit l’affaire – toujours en attente d’être jugée – en sont convaincus : la poudre blanche a été mise en circulation par le Groupe d’intervention régional, afin de rémunérer des indics. Formée de policiers et de gendarmes, cette unité est censée lutter contre l’économie parallèle. Entre jalousie, violence et manipulations, cette histoire raconte le destin d’une jeune fille perdue, mais aussi l’envers du décor d’une île de carte postale entrée trop rapidement dans la modernité, rongée par la pauvreté, aux frontières fermées mais poreuses, un territoire oublié de la République.
Mon avis :
Ce livre est un documentaire, et je dois dire que je ressors effarée de sa lecture. L’affaire Roukia, quelle est-elle ? Roukia est une tout jeune femme de 18 ans, et pourtant, elle a eu son lot d’épreuve. Mise à la porte à quinze ans par sa mère, cette lycéenne se prostituait occasionnellement. Elle se droguait aussi. Elle est morte d’une surdose de drogue. Son petit ami, bien plus âgé qu’elle, en consommait également. Il cherchera à faire disparaître le corps. S’il y était parvenu, il n’y aurait pas eu d’affaire Roukia. Le pire pour moi ? L’affaire a beau porter son nom, Roukia est la grande oubliée.
Le juge d’un côté, la police de l’autre, et au milieu, l’économie parallèle liée au commerce de la drogue. Pour y mettre fin, le groupe d’intervention régional utilise des indics. Ils oublient parfois de respecter la procédure parce que… je n’ai pas vraiment d’explication. Parce qu’ils sont entrés dans une certaine routine ? Peut-être. Cela aurait pu n’avoir aucune conséquence. Cela en a eu, parce que des doutes ont plané, et parce que l’on n’a pu trouver d’explications à la mort d’une toute jeune femme de dix-huit ans.
J’ai eu l’impression que cette enquête a été une suite de ratés, de procédures non respectées, comme si, loin de la France métropolitaine, l’on pouvait se passer des règles. Ou plutôt, comme si on n’avait pas les moyens – humains, financiers – de les suivre. Tout manque, tout. Médecin légiste ? Absents. Juge ? Débordés. Les dossiers traînent. Je me suis demandé aussi pourquoi ces gendarmes, ces policiers, ces juges avaient choisi de partir pour Mayotte, comment certains pouvaient supporter l’éloignement avec leurs proches, qui n’ont pas pu ou voulu venir. Comme si la guerre entre les différents services était plus importante que la Justice. Je ne parle même pas des hommes et des femmes, qui semblent passer véritablement au second plan.
Déprimant ? Oui. J’ai parlé de l’affaire, et je me rends compte que je n’ai pas véritablement parlé du livre, soigné, précis, sourcé. Il en est d’autant plus angoissant.