Evidemment Martha
éditeur : le cherche-midi - 416 pages
Présentation de l’éditeur :
Quelque chose ne tourne pas rond chez Martha, et depuis longtemps. Lorsqu’elle avait dix-sept ans, une petite bombe a explosé dans son cerveau et elle n’a plus jamais été la même. Et malgré toutes les consultations, thérapies sans fin et traitements hasardeux, elle ne sait toujours pas ce qui ne va pas… Pourquoi passe-t-elle des journées entières au fond de son lit ? Et pourquoi continue-t-elle à se mettre à dos des inconnus, et des proches, avec ses remarques cruelles et désinvoltes ?
Aujourd’hui, son mari l’a quittée et elle n’a plus nulle part où aller, si ce n’est dans la maison de son enfance, une maison bohème (délabrée) dans un quartier romantique (délabré) de Londres. Et rien d’autre à faire que retrouver sa mère, une sculptrice au talent confidentiel – et très alcoolique – et son père, un poète célèbre – bien que jamais publié… Mais comment survivre là-bas sans sa sœur dévouée, grande gueule, qui rendait tout ce chaos supportable pendant leur enfance, et qui est maintenant trop occupée ou trop fatiguée pour prendre soin d’elle ?
Peut-être qu’en repartant de zéro, Martha pourra écrire un meilleur dénouement pour son histoire ratée – ou découvrir que cette histoire n’est pas encore tout à fait terminée.
Mon avis :
J’ai téléchargé et lu le livre dans la foulée. J’aimerai vous dire « je n’ai pas pu m’arrêter de le lire, je l’ai lu d’une traite », mais le fait de nourrir des chatons de trois semaines et de deux cents grammes chacun fait que … j’ai fait des pauses, mais j’ai terminé le livre dans la journée.
C’est un livre puissant, fort, un livre qui nous montre les errances d’une femme et, devrai-je dire, les errances d’une famille, parce que, quand une des membres est souffrant, c’est toute la famille qui souffre avec elle. J’ai littéralement été emportée par cette lecture. Alors qu’importe que la maladie dont souffre Martha n’est pas précisément nommée, qu’un tiret la remplace, qu’importe – il est bien des maladies qui ont changé de nom au fur et à mesure des découvertes médicales. L’important n’est pas le nom de la maladie, l’important est d’enfin pauser un nom sur elle, d’enfin pouvoir verbaliser, réellement, ce que fait cette maladie.
Le récit est rédigé à la première personne, nous voyons tout, passionnément, désespéramment aussi avec les yeux de Martha, elle qui a grandi dans une famille dysfonctionnelle. J’entends déjà des personnes qui s’insurgent, parce qu’il aurait peut-être fallu que quelqu’un fasse quelque chose pour elle, pour sa soeur – parce qu’elles n’ont pas eu tout l’amour et toute l’attention dont elles avaient besoin ? Elles sont nées dans un foyer artistique, entre un père poète qui ne publie plus depuis longtemps, et une mère qui se consacre toute entière à la sculpture et à l’alcool. Leur tante, mariée à un homme aisé, assure l’intendance, mais pas la tendresse. Elle ne semble pas non plus en manifester beaucoup à ses propres enfants, au point que moi, lectrice, je ne sais plus qui a commencé à faire preuve de cynisme envers qui – comme si la tante de Martha avait été obligée d’adopter parce qu’il fallait qu’elle ait un enfant (désir réel ? désir de son mari ? poids de la société ?) afin de finalement parvenir à en mettre au monde deux. De même, la dureté de son mari n’est peut-être, du moins c’est ce que j’ai pu penser en lisant la fin du roman, qu’une manière de cacher une certaine forme de sensibilité.
La narration à la première personne entraîne le fait que ce que nous voyons est biaisé. Nous sommes entraînés à penser ce que pense Martha, à croire ce qu’elle croit. Puis, quand enfin l’intrigue se dénoue, nous voyons, comme Martha, que nous nous sommes fourvoyés une partie du récit. L’important est de dire, de verbaliser, de ne pas penser que la personne souffrante est la seule à être en souffrance. Parce qu’il est un moment où ceux qui entourent, même s’ils aiment Martha, n’en peuvent plus – parce qu’eux aussi ont une vie, parce qu’ils ne perçoivent pas ce qui a été vécu de la même manière que Martha.
Je me suis interrogée aussi, comme en passant, sur le rôle des médecins, sur leur incapacité, à eux aussi, à mettre des mots, sur les interdits qu’ils font peser sur les femmes, sur les préjugés, aussi, qu’ils peuvent avoir, se contentant de poser leurs idées reçues sur les symptômes qui leur sont décrits, incapables de sortir de leur routine de soignants pour s’intéresser à l’être humain qui est devant eux. Le personnage de Martha est le reflet des difficultés non seulement de poser un diagnostique, mais aussi d’accepter que ceux qui souffrent de troubles mentaux aient une place à part entière dans la société – et non une place entièrement à part.
éditeur : le cherche-midi - 416 pages
Présentation de l’éditeur :
Quelque chose ne tourne pas rond chez Martha, et depuis longtemps. Lorsqu’elle avait dix-sept ans, une petite bombe a explosé dans son cerveau et elle n’a plus jamais été la même. Et malgré toutes les consultations, thérapies sans fin et traitements hasardeux, elle ne sait toujours pas ce qui ne va pas… Pourquoi passe-t-elle des journées entières au fond de son lit ? Et pourquoi continue-t-elle à se mettre à dos des inconnus, et des proches, avec ses remarques cruelles et désinvoltes ?
Aujourd’hui, son mari l’a quittée et elle n’a plus nulle part où aller, si ce n’est dans la maison de son enfance, une maison bohème (délabrée) dans un quartier romantique (délabré) de Londres. Et rien d’autre à faire que retrouver sa mère, une sculptrice au talent confidentiel – et très alcoolique – et son père, un poète célèbre – bien que jamais publié… Mais comment survivre là-bas sans sa sœur dévouée, grande gueule, qui rendait tout ce chaos supportable pendant leur enfance, et qui est maintenant trop occupée ou trop fatiguée pour prendre soin d’elle ?
Peut-être qu’en repartant de zéro, Martha pourra écrire un meilleur dénouement pour son histoire ratée – ou découvrir que cette histoire n’est pas encore tout à fait terminée.
Mon avis :
J’ai téléchargé et lu le livre dans la foulée. J’aimerai vous dire « je n’ai pas pu m’arrêter de le lire, je l’ai lu d’une traite », mais le fait de nourrir des chatons de trois semaines et de deux cents grammes chacun fait que … j’ai fait des pauses, mais j’ai terminé le livre dans la journée.
C’est un livre puissant, fort, un livre qui nous montre les errances d’une femme et, devrai-je dire, les errances d’une famille, parce que, quand une des membres est souffrant, c’est toute la famille qui souffre avec elle. J’ai littéralement été emportée par cette lecture. Alors qu’importe que la maladie dont souffre Martha n’est pas précisément nommée, qu’un tiret la remplace, qu’importe – il est bien des maladies qui ont changé de nom au fur et à mesure des découvertes médicales. L’important n’est pas le nom de la maladie, l’important est d’enfin pauser un nom sur elle, d’enfin pouvoir verbaliser, réellement, ce que fait cette maladie.
Le récit est rédigé à la première personne, nous voyons tout, passionnément, désespéramment aussi avec les yeux de Martha, elle qui a grandi dans une famille dysfonctionnelle. J’entends déjà des personnes qui s’insurgent, parce qu’il aurait peut-être fallu que quelqu’un fasse quelque chose pour elle, pour sa soeur – parce qu’elles n’ont pas eu tout l’amour et toute l’attention dont elles avaient besoin ? Elles sont nées dans un foyer artistique, entre un père poète qui ne publie plus depuis longtemps, et une mère qui se consacre toute entière à la sculpture et à l’alcool. Leur tante, mariée à un homme aisé, assure l’intendance, mais pas la tendresse. Elle ne semble pas non plus en manifester beaucoup à ses propres enfants, au point que moi, lectrice, je ne sais plus qui a commencé à faire preuve de cynisme envers qui – comme si la tante de Martha avait été obligée d’adopter parce qu’il fallait qu’elle ait un enfant (désir réel ? désir de son mari ? poids de la société ?) afin de finalement parvenir à en mettre au monde deux. De même, la dureté de son mari n’est peut-être, du moins c’est ce que j’ai pu penser en lisant la fin du roman, qu’une manière de cacher une certaine forme de sensibilité.
La narration à la première personne entraîne le fait que ce que nous voyons est biaisé. Nous sommes entraînés à penser ce que pense Martha, à croire ce qu’elle croit. Puis, quand enfin l’intrigue se dénoue, nous voyons, comme Martha, que nous nous sommes fourvoyés une partie du récit. L’important est de dire, de verbaliser, de ne pas penser que la personne souffrante est la seule à être en souffrance. Parce qu’il est un moment où ceux qui entourent, même s’ils aiment Martha, n’en peuvent plus – parce qu’eux aussi ont une vie, parce qu’ils ne perçoivent pas ce qui a été vécu de la même manière que Martha.
Je me suis interrogée aussi, comme en passant, sur le rôle des médecins, sur leur incapacité, à eux aussi, à mettre des mots, sur les interdits qu’ils font peser sur les femmes, sur les préjugés, aussi, qu’ils peuvent avoir, se contentant de poser leurs idées reçues sur les symptômes qui leur sont décrits, incapables de sortir de leur routine de soignants pour s’intéresser à l’être humain qui est devant eux. Le personnage de Martha est le reflet des difficultés non seulement de poser un diagnostique, mais aussi d’accepter que ceux qui souffrent de troubles mentaux aient une place à part entière dans la société – et non une place entièrement à part.