Titre : Mort d'une héroïne rouge.
Auteur : Qiu Xialon.
Editeur : Points.
Nombre de pages : 502.
Quatrième de couverture :
Shanghaï, 1990. Le cadavre d'une jeune femme est retrouvé dans un canal. Pour l'inspecteur Chen et son adjoint Yu, l'enquête se transforme en affaire politique lorsqu'ils découvrent que la morte était une comuniste exemplaire. Qui a pu l'assassiner ? Chen et Yu vont l'apprendre à leurs dépens,car, à Shangaï, on peut être un camarade respecté et dissimuler des moeurs déroutantes.
Mon avis :
Je poursuis mon tour du monde des romans policiers, et après l'Australie, e m’arrête aujourd’hui en Chine, avec les inspecteurs Chen et Yu.
Autant commencer par le commencement : Meurtre d’une héroïne rouge est leur première enquête ensemble. Chen vient tout juste d’être nommé inspecteur principal. Il a eu beaucoup de chance, il a eu une promotion en dépit de sa jeunesse, il vient d’emménager dans un appartement alors qu’il est célibataire, là où tant de ces collègues mariés sont sur liste d’attente. Fils d’universitaire, il ne se destinait pas à entrer dans la police, les événements politiques en ont décidé autrement. Il en garde cependant un goût prononcé pour la littérature. Il traduit des romans policiers (ce qui lui a permis pendant longtemps de survivre) et écrit des poésies qui sont qualifiés de «moderne», ce qui est quasiment synonyme de «suspect, dangereux». Sa vie amoureuse est placée sous le signe du sacrifice (et non de la résignation). Tout long de l’enquête, il va se remémorer des vers classiques d’une grande beauté, qui apporte un peu de répit dans un univers agité.
Yu est son adjoint. Il vit avec sa femme Peiqin et son fils dans une petite chambre, son père, policier à la retraite, habite non loin. Ils ne vivent pas trop mal, parce que Peiqin est courageuse, débrouillarde, parce qu’ils s’aiment et savent se réjouir de leurs petits bonheurs quotidiens. Yu a cependant un défaut : il est impulsif. Etre incapable de cacher ses émotions peut être préjudiciable, face aux exigences du Parti. Yu et Chen vont tous les deux très bien s’entendre, car ils ont tous les deux la même exigence : trouver le coupable, quelles que soient les embûches sur leur chemin.
Cette enquête s’annonçait sous les meilleurs auspices, et les enquêteurs, pugnaces, vont trouver des indices, et une piste sérieuse. Enquêter en Chine est cependant très différent de ce que nous avons l’habitude de lire en Occident. Chen doit rendre des comptes au Parti, qui veut absolument voir dans cette affaire une affaire politique - et Chen, lucide, découvrira qu’il a été manipulé, que la recherche de la justice n’est pas ce qui va lui permettre de conclure son enquête. En effet, Guan est une héroïne rouge, sa vie devait servir de modèle pour les autres. Effectivement, Chen découvrira une travailleuse irréprochable, discrète, réservée, à la vie privée inexistante. Patiemment, il va interroger les collègues, les voisins, les marchands ambulants, et en apprendre un peu plus sur elle. Beaucoup plus. Des faits qui ne cadrent pas avec son portrait d’héroïne rouge. La solution que vont trouver les cadres pour châtier le meurtrier tout en servant leurs intérêts est pour le moins tortueuse.
Plus encore que l'enquête, c'est un voyage au cœur du Shangaï de 1990 que nous propose l'auteur. Rien ne nous est caché, des logements, vétustes, aux transports en commune, en passant par la nourriture. Les repas de Chen et Yu nous sont longuement racontés, chaque restaurant, ou chaque échoppe nous est décrit avec soin, non pas tant parce que la gastronomie occupe une place importante dans leur vie (Chen a aidé un de ses amis à ouvrir un restaurant) que parce que manger à sa faim n'a pas toujours été une évidence. Plus encore, espérer un peu d'intimité est illusoire.
Mort d'une héroïne rouge est un roman policier amer, aux héros attachants.
Auteur : Qiu Xialon.
Editeur : Points.
Nombre de pages : 502.
Quatrième de couverture :
Shanghaï, 1990. Le cadavre d'une jeune femme est retrouvé dans un canal. Pour l'inspecteur Chen et son adjoint Yu, l'enquête se transforme en affaire politique lorsqu'ils découvrent que la morte était une comuniste exemplaire. Qui a pu l'assassiner ? Chen et Yu vont l'apprendre à leurs dépens,car, à Shangaï, on peut être un camarade respecté et dissimuler des moeurs déroutantes.
Mon avis :
Je poursuis mon tour du monde des romans policiers, et après l'Australie, e m’arrête aujourd’hui en Chine, avec les inspecteurs Chen et Yu.
Autant commencer par le commencement : Meurtre d’une héroïne rouge est leur première enquête ensemble. Chen vient tout juste d’être nommé inspecteur principal. Il a eu beaucoup de chance, il a eu une promotion en dépit de sa jeunesse, il vient d’emménager dans un appartement alors qu’il est célibataire, là où tant de ces collègues mariés sont sur liste d’attente. Fils d’universitaire, il ne se destinait pas à entrer dans la police, les événements politiques en ont décidé autrement. Il en garde cependant un goût prononcé pour la littérature. Il traduit des romans policiers (ce qui lui a permis pendant longtemps de survivre) et écrit des poésies qui sont qualifiés de «moderne», ce qui est quasiment synonyme de «suspect, dangereux». Sa vie amoureuse est placée sous le signe du sacrifice (et non de la résignation). Tout long de l’enquête, il va se remémorer des vers classiques d’une grande beauté, qui apporte un peu de répit dans un univers agité.
Yu est son adjoint. Il vit avec sa femme Peiqin et son fils dans une petite chambre, son père, policier à la retraite, habite non loin. Ils ne vivent pas trop mal, parce que Peiqin est courageuse, débrouillarde, parce qu’ils s’aiment et savent se réjouir de leurs petits bonheurs quotidiens. Yu a cependant un défaut : il est impulsif. Etre incapable de cacher ses émotions peut être préjudiciable, face aux exigences du Parti. Yu et Chen vont tous les deux très bien s’entendre, car ils ont tous les deux la même exigence : trouver le coupable, quelles que soient les embûches sur leur chemin.
Cette enquête s’annonçait sous les meilleurs auspices, et les enquêteurs, pugnaces, vont trouver des indices, et une piste sérieuse. Enquêter en Chine est cependant très différent de ce que nous avons l’habitude de lire en Occident. Chen doit rendre des comptes au Parti, qui veut absolument voir dans cette affaire une affaire politique - et Chen, lucide, découvrira qu’il a été manipulé, que la recherche de la justice n’est pas ce qui va lui permettre de conclure son enquête. En effet, Guan est une héroïne rouge, sa vie devait servir de modèle pour les autres. Effectivement, Chen découvrira une travailleuse irréprochable, discrète, réservée, à la vie privée inexistante. Patiemment, il va interroger les collègues, les voisins, les marchands ambulants, et en apprendre un peu plus sur elle. Beaucoup plus. Des faits qui ne cadrent pas avec son portrait d’héroïne rouge. La solution que vont trouver les cadres pour châtier le meurtrier tout en servant leurs intérêts est pour le moins tortueuse.
Plus encore que l'enquête, c'est un voyage au cœur du Shangaï de 1990 que nous propose l'auteur. Rien ne nous est caché, des logements, vétustes, aux transports en commune, en passant par la nourriture. Les repas de Chen et Yu nous sont longuement racontés, chaque restaurant, ou chaque échoppe nous est décrit avec soin, non pas tant parce que la gastronomie occupe une place importante dans leur vie (Chen a aidé un de ses amis à ouvrir un restaurant) que parce que manger à sa faim n'a pas toujours été une évidence. Plus encore, espérer un peu d'intimité est illusoire.
Mort d'une héroïne rouge est un roman policier amer, aux héros attachants.