Le dixième vaisseau
édition scrinéo – 481 pages.
Présentation de l’éditeur : Sur la planète Brull, Livio Squirell, capitaine de vaisseau, purge sa peine à perpétuité pour meurtre et escroquerie. Jusqu’au jour où le gouvernement lui propose de prendre part, en échange de sa liberté, à une expédition dans la galaxie du Triangle : des signes d’une activité intelligente y ont été détectés. Mais les neuf vaisseaux ayant tenté d’y accéder ont tous disparu…
De son côté, Flogg, une jeune mécanospace, décide de prendre part à l’expédition. Mais très vite, l’ambiance se dégrade sur le vaisseau : sabotage, tentatives de meurtre…
Mon avis : Parfois, je n’ai pas envie de décortiquer ma lecture. J’ai simplement envie de rédiger mon avis en me laissant porter par mon ressenti. Je n’avais jamais lu de romans de Pierre Bordage jusqu’à présent, je ne suis pas fan de science-fiction, loin de là, et pourtant, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. J’ai ouvert le livre, et je me suis laissée porter tout au long des 481 pages qui composent ce roman.
Pourquoi le dixième vaisseau ? Parce que neuf vaisseaux ont déjà été envoyés dans la galaxie du Triangle et qu’ils n’ont donné aucune nouvelle. Pourquoi se rendre dans cette galaxie ? Des signes d’une activité intelligente y ont été détectées. Comme il n’est pas question de sacrifier un nouvel équipage, l’on fait appel à Livio Squirell, capitaine condamné à perpétuité pour cinq meurtres et escroqueries. Si je vous dis, sans ironie aucune, qu’il m’a été immédiatement sympathique, vous devez peut-être vous rappeler que j’aime les méchants, les « beaux » méchants, ce qui ont quelque chose à dire, à faire. Puis, méchant… il est surtout rebelle, n’ayant aucune envie de respecter les règles poussiéreuses. J’avais du mal à croire que quelqu’un aussi avide de liberté puisse tuer pour de l’argent. Scoop : lui non plus ne pense pas avoir commis les crimes dont on l’accuse, même s’il n’a eu aucun moyen de prouver son innocence. Oui, il accepte la mission, mais non, il n’est pas question pour lui d’accepter toutes les règles qui lui sont imposées – même si recruter un équipage n’est pas si facile que cela.
Parmi cet équipage, nous avons Flogg, une jeune mécanospace qui attendait de pouvoir à nouveau partir à l’aventure. Elle n’est pas douée, non, elle est extrêmement compétente, et n’a pas l’intention de se laisser dicter sa loi par ses subordonnés. Assoir son autorité est important : dans l’espace, la moindre panne peut prendre des proportions démesurées, surtout quand ces pannes sont en fait des sabotages. Elle a aussi une grande qualité : elle n’a aucun préjugé envers les membres d’équipage qui ne sont pas humains. Elle se lie même d’amitié avec l’un d’entre eux. Oui, nous avons beau être dans un roman de science-fiction, le racisme existe toujours, il s’exprime simplement autrement. Et les humains ont toujours cet irrésistible besoin de conquérir – peu importe à qui ils prennent, tant qu’ils s’imposent.
Ce voyage au coeur de l’espace est aussi un voyage au coeur des capacités humaines, celles de prendre soin d’autrui, celles aussi de trahir autrui. L’on voit aussi les liens entre l’homme et la machine – sa machine, pour parler du vaisseau auquel tient par-dessus tout Livio Squirell – et le fait que celle-ci puisse tenir bon, être réparée, faire face elle aussi – un personnage à part entière.