A l’ouest rien de nouveauLe livre de poche – 254 pages
Quatrième de couverture« Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes ? » Témoignage d'un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918, À l'ouest rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant, connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant. Il reste l'un des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre.
Mon appréciationCe livre témoignage nous fait suivre la vie du soldat Paul Bäumer et de ses camarades de classe de l’armée allemande pendant la Grande Guerre.
Ils sont mobilisés quelque part en France. Ils n’ont qu’une vingtaine d’années pour la plupart et n’ont rien connu d’autres avant la guerre. Pourtant, ils vont vite devenir des vétérans du conflit, ayant une science du combat et de la survie autrement plus développée que celle des jeunes recrues qui suivront, simple chair à canon.
Le récit alterne entre les périodes de combats en première ligne et celles de repos à l’arrière du front. Sortis de l’horreur des combats, les soldats profitent de la vie le plus simplement du monde pendant ces périodes de creux. L’esprit de camaraderie règne ; ils flânent, mangent, boivent, fument, prennent du bon temps : profiter de chaque instant en oubliant tout le reste, tel est leur leitmotiv.
Outre ses faits et gestes, le narrateur évoque aussi largement l’aspect psychologique de la guerre. Cette métamorphose qui s’opère lors des phases de combats, faisant des soldats de véritables bêtes animées par leur instinct de survie, luttant non pas contre d’autres être humains mais contre la mort. Cette réflexion par rapport aux actes, aux raisons d’être de la guerre, est sans cesse refoulée pour tenir, s’accrocher à la vie… Sinon, l’abattement et la dépression prennent le dessus. Il sera d’autant plus dur pour Bäumer de tenir mentalement après sa permission qui lui a permis de rentrer dans sa famille en Allemagne.
Ce livre témoigne de l’histoire de gamins, d’une génération complète sacrifiée par la guerre. Leur vie d’adulte a débuté avec la guerre et pour la plupart, ils ne s’en remettront jamais, fauchés au combat ou psychologiquement et physiquement détruits par ce qu’ils ont vu et vécu.
Le lecteur a véritablement la sensation d’être au cœur du groupe, de souffrir comme eux du manque de nourriture, d’essuyer les tirs adverses nuit et jour, de partager les repas clandestins à l’arrière, de ressentir l’évolution du conflit. On se surprend à être complice de leurs aventures, à sourire de certaines situations, c’est un vrai partage. Pour cela, le livre est une vraie perle.
La vie au front ne tient qu’à un fil et la part du hasard dans le destin d’un soldat est prépondérante.
L’écriture à côté de cela est magnifique, légère et poignante à la fois, lyrique même par moments. Derrière le récit et les interrogations de la raison d’être de toute cette cruauté (des pistes de réponses apparaissent noir sur blanc), il y a bien sûr une dénonciation permanente de ce qui s’est passé : témoigner pour ne pas rééditer.
Malheureusement, les choses se répéteront une vingtaine d’années plus tard.
Ma note : 5 / 5.
Un livre incontournable pour ceux qui s’intéressent à la Grande Guerre, à la guerre en général ; aux limites de ce que peut endurer l’être humain et à son non-sens à certaines périodes de son Histoire.