Les Mohamed, Mémoires d' immigrés de Jérôme Ruillier
d' après Mémoires d' immigrés de Yamina Benguigui
Titre : Les Mohamed, Mémoires d' immigrés
Auteur: Jérôme Ruillier
Editeur: Sarbacane
Nombre de pages: 285
ISBN: 978-2-84865-385-3
Genre : Bande dessinée
Quatrième de couverture :
Dans ce roman graphique sensible et original, Jérôme Ruillier porte un regard d' auteur courageux sur l' histoire de l' immigration maghrébine, à travers les témoignages poignants (en trois parties: les pères, les mères, les enfants), recueillis à l' origine par Yamina Benguigui.
Il n' hésite pas à se mettre en scène avec ses propres doutes et interrogations...
Mon avis :
J' ai trouvé cette BD extrêmement intéressante, j' en suis surprise moi- même n' appréciant pas les BD, malgré quelques efforts pour venir à bout de certains préjugés concernant ce type de littérature. Le graphisme m' a paru trop simple, les dessins de personnages ne m' ont pas plu plus que ça, en particulier les visages censés représenter des maghrébins... mais le fond m' a captivé suffisamment pour que je m' accroche jusqu' à la fin. Je pense que c' est un thème qui n' est pas beaucoup abordé en littérature, encore moins en BD je suppose.
Cette Bd retrace les difficultés qu' a pu recontrer la communauté musulmane en immigrant en France, qu' on résume souvent à la difficulté de "s' intégrer". Venant de Tunisie, d' Algérie, du Maroc, ces hommes, ces femmes, et leurs progénitures pensaient trouver un eldorado en débarquant à Marseille après un pénible voyage qui leur promettait la liberté et la prospérité. Les choses se sont révélées bien plus compliquées en vérité, ils ont souffert, ils se sont battus pour une vie digne de ce nom et en cela ce livre pourrait illustrer l' immigration de façon générale. A la même époque, les portugais, les espagnols ou italiens par exemple fuyaient eux aussi la misère, et ont continué pendant longtemps de la cotoyer en France. Au fond ils ont tous été logés à la même enseigne.
La différence notable est que pour les maghrébins s' ajoutait la question du racisme et aussi le fait que l' histoire de leur propre pays était inextricablement liée à la France.
L' auteur illustre la misère sociale dans laquelle a baigné cette communauté pendant des décennies, l' exploitation subie dans leurs conditions de travail, la difficulté de gravir les marches de ce fameux ascenseur social, la difficulté de garder une tradition culturelle et religieuse dans l' environnement hostile de l' après guerre d' Algérie notamment.
Il met en perspective également le déchirement des aînés , partagés entre la volonté de rentrer au pays et celle de rester en France, pays qui leur apporte malgré tout un certain confort.
Les questionnements des nouvelles générations quand aux valeurs qu' ils ont reçu de leurs aînés et celles qu' ils ont acquis dans cette société occidentale si différente, montrent à quel point les enfants d' immigrés sont partagés entre la volonté de préserver leurs traditions, parfois par respect pour les parents à la façon d' un héritage symbolique, et la nécessité de s' adapter malgré eux à une conception différente de la vie familiale et sociale de façon générale.
C' est avant tout une histoire collective, où prime une certaine incompréhension, où règne un certain silence assourdissant, où chacun a ses propres souffrances, ses doutes, mais n' en parle que très peu, par honte avant tout.
Le regard extérieur de l' auteur jette la lumière sur une histoire bien souvent ignorée pour des motifs d' opportunité politique ou parce que les principaux intéressés ont encore aujourd' hui du mal à sortir de l' ombre. Par honte, par pudeur parfois, ou plus communément parce qu' il est bien souvent difficile de critiquer un système qui nous donne notre gagne-pain...
Une Bd très enrichissante à découvrir!
d' après Mémoires d' immigrés de Yamina Benguigui
Titre : Les Mohamed, Mémoires d' immigrés
Auteur: Jérôme Ruillier
Editeur: Sarbacane
Nombre de pages: 285
ISBN: 978-2-84865-385-3
Genre : Bande dessinée
Quatrième de couverture :
Dans ce roman graphique sensible et original, Jérôme Ruillier porte un regard d' auteur courageux sur l' histoire de l' immigration maghrébine, à travers les témoignages poignants (en trois parties: les pères, les mères, les enfants), recueillis à l' origine par Yamina Benguigui.
Il n' hésite pas à se mettre en scène avec ses propres doutes et interrogations...
Mon avis :
J' ai trouvé cette BD extrêmement intéressante, j' en suis surprise moi- même n' appréciant pas les BD, malgré quelques efforts pour venir à bout de certains préjugés concernant ce type de littérature. Le graphisme m' a paru trop simple, les dessins de personnages ne m' ont pas plu plus que ça, en particulier les visages censés représenter des maghrébins... mais le fond m' a captivé suffisamment pour que je m' accroche jusqu' à la fin. Je pense que c' est un thème qui n' est pas beaucoup abordé en littérature, encore moins en BD je suppose.
Cette Bd retrace les difficultés qu' a pu recontrer la communauté musulmane en immigrant en France, qu' on résume souvent à la difficulté de "s' intégrer". Venant de Tunisie, d' Algérie, du Maroc, ces hommes, ces femmes, et leurs progénitures pensaient trouver un eldorado en débarquant à Marseille après un pénible voyage qui leur promettait la liberté et la prospérité. Les choses se sont révélées bien plus compliquées en vérité, ils ont souffert, ils se sont battus pour une vie digne de ce nom et en cela ce livre pourrait illustrer l' immigration de façon générale. A la même époque, les portugais, les espagnols ou italiens par exemple fuyaient eux aussi la misère, et ont continué pendant longtemps de la cotoyer en France. Au fond ils ont tous été logés à la même enseigne.
La différence notable est que pour les maghrébins s' ajoutait la question du racisme et aussi le fait que l' histoire de leur propre pays était inextricablement liée à la France.
L' auteur illustre la misère sociale dans laquelle a baigné cette communauté pendant des décennies, l' exploitation subie dans leurs conditions de travail, la difficulté de gravir les marches de ce fameux ascenseur social, la difficulté de garder une tradition culturelle et religieuse dans l' environnement hostile de l' après guerre d' Algérie notamment.
Il met en perspective également le déchirement des aînés , partagés entre la volonté de rentrer au pays et celle de rester en France, pays qui leur apporte malgré tout un certain confort.
Les questionnements des nouvelles générations quand aux valeurs qu' ils ont reçu de leurs aînés et celles qu' ils ont acquis dans cette société occidentale si différente, montrent à quel point les enfants d' immigrés sont partagés entre la volonté de préserver leurs traditions, parfois par respect pour les parents à la façon d' un héritage symbolique, et la nécessité de s' adapter malgré eux à une conception différente de la vie familiale et sociale de façon générale.
C' est avant tout une histoire collective, où prime une certaine incompréhension, où règne un certain silence assourdissant, où chacun a ses propres souffrances, ses doutes, mais n' en parle que très peu, par honte avant tout.
Le regard extérieur de l' auteur jette la lumière sur une histoire bien souvent ignorée pour des motifs d' opportunité politique ou parce que les principaux intéressés ont encore aujourd' hui du mal à sortir de l' ombre. Par honte, par pudeur parfois, ou plus communément parce qu' il est bien souvent difficile de critiquer un système qui nous donne notre gagne-pain...
Une Bd très enrichissante à découvrir!